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Après 11 ans d’études sur le vélo aquatique, Mauricio Garzon dévoile ses résultats
le mercredi 16 janvier 2019
Modifié à 7 h 30 min le 16 janvier 2019

RECHERCHES. Depuis son arrivée au Québec il y a 11 ans, le stagiaire postdoctoral au Département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Mauricio Garzon compare les réponses physiologiques lors de l’exercice de vélo aquatique à celles obtenues lors de l’exercice de vélo sur terrain sec.
Mauricio Garzon a travaillé comme préparateur physique pour une équipe de cyclisme en Colombie. À son arrivée en sol québécois en 2006, il souhaitait poursuivre ses études de 2e et 3e cycle. À l’UQAM, on lui a proposé le vélo aquatique comme sujet de maîtrise.
«C’était juste une idée. Personne ne s’était encore approprié le sujet, explique l’homme de 50 ans. On m’a demandé si je voulais en prendre en charge le développement.»
Il réalise présentement son postdoctorat, sous la supervision du professeur Alain Steve Comtois. Et après tant d’années de recherches menées sur des gens en bonne et en moins bonne condition physique, les résultats sont manifestes; le vélo aquatique entraîne toutes sortes de bienfaits sur le corps.
Démarche et résultats
Mauricio Garzon a d’abord dû «trouver l’équivalence de la puissance dans l’eau versus sur terrain sec», et ce, afin de «mieux prescrire l’intensité de l’exercice dans l’eau».
«Avant, il n’y avait pas de moyen de définir l’intensité du travail dans l’eau, note-t-il. Tu allais au rythme du moniteur. Maintenant, on propose des équations qui permettent de bien gérer la charge dans l’eau en fonction de ton objectif. Ça fonctionne comme ça aujourd’hui à l’Institut de cardiologie de Montréal.»
Les résultats du vélo aquatique sur la santé cardiovasculaire sont épatants.
«On remarque que dans l’eau, la fréquence cardiaque et la consommation d’oxygène sont plus basses que sur terrain sec, à la même puissance. Ça indique que ton corps travaille de façon plus économique dans l’eau.»
Selon Mauricio Garzon, les personnes souffrant de problèmes fonctionnels, par exemple d’obésité, peuvent, sous l’eau, atteindre une intensité élevée avec une grande économie du cœur. L’impact sur leurs articulations serait également moindre, étant donné que le poids corporel est considérablement réduit sous l’eau.
Le Brossardois mentionne d’ailleurs qu’en cardiologie, le vélo aquatique commence à être utilisé comme un outil de réhabilitation.
«À cause de la pression de l’eau sur les jambes, le sang retombe plus facilement vers le cœur et celui-ci éjecte plus de sang par battement. Ça facilite le travail à des intensités modérées chez les personnes qui ont des problèmes cardiaques.»
C’est sans parler des effets positifs sur la pression artérielle, qui diminue après un entraînement dans l’eau.
Le postdoctorant affirme aussi que la perception de l’effort est plus basse, c’est-à-dire qu’une personne qui fait du vélo aquatique est moins fatiguée que si elle donne le même effort sur terrain sec. Cette découverte est née d’expériences que Mauricio Garzon a réalisées sur des cyclistes colombiens.
«C’est un peu empirique, précise-t-il. Les cyclistes ont trouvé très intéressant d’utiliser la même intensité dans l’eau, mais de se sentir moins fatigués. Ils pensent qu’ils sont plus performants.»
Le chercheur a une hypothèse pour expliquer cette situation.
«Ce serait la thermorégulation; dans l’eau, tu es réfrigéré tout le temps et ça donne un avantage par rapport à l’effort ressenti», soutient-il.
D’autres recherches
Mauricio Garzon travaille présentement sur de nouvelles recherches toujours liées au vélo aquatique, plus précisément à l’oxygénation musculaire sur vélo aquatique.
«On est en train de mesurer la consommation musculaire d’oxygène dans les jambes avec un appareil qui s’appelle MOXI. Ça va nous donner des informations sur l’utilisation de l’oxygène par le corps.»
Dans une prochaine étude, il devrait se concentrer sur l’oxygénation cérébrale.
«Des études démontrent que les problèmes de perte de mémoire sont en lien avec une diminution de l’oxygénation du cerveau. On regarde si l’exercice sur vélo aquatique pourrait avoir un impact sur l’oxygénation cérébrale, mais ce sera une troisième ou quatrième étude à faire», conclut-il.
Parallèlement, Mauricio Garzon est un expert en gestion de la performance de haut niveau des organisations sportives. Il fait aussi partie des personnes ressources de Sport Québec pour le programme national de certification d'entraîneurs (PNCE) et il travaille à son compte dans la prescription de l'exercice avec des fins de santé.