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Ateliers et témoignage pour sensibiliser sur l'abus et la traite humaine

le vendredi 03 juin 2016
Modifié à 0 h 00 min le 03 juin 2016

SENSIBILISATION. La compagnie théâtrale Le Zèbre Jaune invite la population de la Rive-Sud à assister à un forum sur l'abus et la traite humaine présenté le 4 juin, au Centre culturel de l’église St.Mark. Cette journée se déroulera sous le thème de La puissance de nos voix, dans le cadre de la Semaine de sensibilisation aux victimes et survivants d’actes criminels.

Le forum offrira notamment des ateliers artistiques d'engagement social, de percussions vocales, de chants gospels et de Haka (danse Maori). Les interprètes de la compagnie théâtrale seront accompagnés de plusieurs artistes invités.  

Pour cette journée bien spéciale, les gens sont invités à porter une pièce de vêtement colorée.

Témoignage poignant

La journée sera présentée par l’écrivaine Arielle Desabysses, auteure du poignant récit 14 ans et portée disparue, basée sur ses propres expériences de vie. La jeune femme fera quelques brèves allocutions et participera à une marche de sensibilisation qui viendra clôturer l'évènement.

Alors qu'elle avait tout juste 14 ans, Arielle a connu une véritable descente aux enfers qui l'entraînera malgré elle dans un réseau de trafic humain, comme esclave sexuelle. La jeune femme a heureusement réussi à se sortir de cet enfer grâce à sa force de caractère, mais cette horrible expérience a laissé des traces; trouble obsessif compulsif (TOC), anxiété sociale, pensée ssuicidaires, dépression. C'est justement pour se sortir de cet état qu'Arielle a commencé à écrire son histoire et à dénoncer l'exploitation sexuelle et le trafic d'êtres humains.

Un véritable fléau

Chaque année, des milliers d'enfants, d'adolescentes et de femmes sont l'objet de trafic et le Canada en est une des plaques tournantes. Le plus souvent, les victimes sont des jeunes filles en fugue, vulnérables, qui se retrouvent prises au piège par des réseaux organisés.

Pour citer l'auteure: «La prostitution juvénile n'existe pas. C'est un leurre, une dénomination qui nous donne bonne conscience, puisqu'elle a une connotation de choix, et qui nous déresponsabilise en tant que société. Seule l'exploitation de jeunes personnes existe. C'est un marché rentable, un commerce connu et reconnu qui profite… mais à qui? Sûrement pas à ses victimes! Je me tiendrai debout, droite et avec aplomb, et je répondrai à quiconque osera dire le contraire.»

Tournée vers l'avenir

Arielle est aujourd'hui âgée de 27 ans et mène une vie normale. Elle écrit et possède sa petite compagnie de services linguistiques et bureaucratiques. La jeune femme regarde maintenant l'avenir avec optimisme.

Une maison d'édition française vient de faire l'acquisition des droits de son premier livre afin d'en faire la distribution en France. Arielle travaille présentement à l'écriture d'un premier roman.

«C'est une fiction, mais je m'inspire encore de mes expériences personnelles, précise-t-elle. C'est un livre sur la santé mentale, plus particulièrement sur le TDA (trouble déficitaire de l'attention), un trouble que je connais bien.»

La jeune femme a aussi récemment signé une entente avec le Centre d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de Lanaudière pour présenter une série d'ateliers en éducation sexuelle. Une tâche qu'elle a à cœur, mais qui demande parfois beaucoup d’énergie.

«Quand j'ai commencé cette démarche, je ne pensais pas devenir une sorte de porte-parole de la cause, confie-t-elle. J'ai reçu énormément de courriels de jeunes filles qui me demandaient de l'aide ou qui ont vécu des situations semblables à la mienne. Ce n'est pas toujours évident à faire, ça peut devenir très difficile psychologiquement. Je suis parfois obligé de prendre des breaks, de m'imposer des limites. Par contre, j'en retire beaucoup de satisfaction. C'est important de le faire!»

Arielle apprend maintenant à partager son vécu à travers ces témoignages de vie, affirmant la force de vivre d'une femme libre, digne et en paix avec son passé.

«Les premières fois que j'ai fait des entrevues sur mon livre, c'était très personnel. Je replongeais à chaque fois dans des souvenirs dont je n'ai pas nécessairement envie de me rappeler. Maintenant, je me dissocie un peu malgré moi, mais c'est pour le mieux.»