Culture

Au pied du lit de mon père: des silences et des non-dits naissent l’essentiel et les rires

le samedi 28 juillet 2018
Modifié à 9 h 26 min le 28 juillet 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

THÉÂTRE. Sur scène, un huis clos entre un fils et son père. Entre les conversations banales, les allusions au dernier match des Expos, à la litanie des Canadiens, les deux hommes tentent d’aborder ce qui importe vraiment. Le Théâtre du 450 accueille cet été pour une dizaine de représentations la pièce Au pied du lit de mon père, signée par Jocelyn Blanchard, auteur, comédien et directeur de sa compagnie Théâtre La Première Fois. Le père, qui vit une période difficile dans sa vie, emménage dans un petit appartement. Son fils vient donc aider. Le public assiste à la rencontre entre ces deux hommes qui «essaient de communiquer. Ils essaient, mais ce n’est pas toujours évident. Ils y arrivent dans un univers plus sportif – le hockey, le baseball. C’est l’univers qui leur parle», explique l’auteur longueuillois. L’incommunicabilité – entre hommes de surcroît – est un thème riche et récurrent dans les univers dramatiques. Avec les silences, les non-dits et les sentiments refoulés, «on arrive à dire l’essentiel, résume Jocelyn Blanchard. L’essentiel est entre les lignes. C’est souvent ça au théâtre, et encore plus avec ce type de relations. Le nombre d’hommes qui ont eu ce type de relation… de pas arriver à parler vraiment.» Mais ce n’est pas forcément qu’affaire d’une génération, croit-il. «Je suis père d’ados, de jeunes adultes. Ça évolue, mais des patterns se répètent.» Si la prémisse de base de sa dernière création Ceci n’est pas un fusil était très personnelle, il y a aussi un peu de Jocelyn Blanchard dans cette pièce qu’il a écrite quelques années avant. «Et ce qui a été un plaisir au moment d’écrire, c’est de pouvoir me mettre autant dans le rôle du fils que du père», relate-t-il. «Il y a  de l’humour, dans leur façon de non communiquer, ajoute-t-il. Mais aussi un côté dramatique: ils ont des choses importantes à se dire. Est-ce qu’ils vont y arriver? C’est leur défi», résume celui qui décrit l’œuvre comme une comédie dramatique. Un ton qui colle parfaitement à la peau de l’acteur André Lacoste, avec qui Jocelyn Blanchard partage la scène et collabore pour la première fois. Après des heures de répétition et quelques représentations au Bocal en février, l’auteur est bien satisfait du duo qu’il forme avec son acolyte. En demandant à André Lacoste de se joindre à son projet, c’est sa sensibilité qu’il est allé chercher. «J’ai toujours ressenti que c’était un comédien touchant, et ça m’a été encore plus révélé dans le travail, décrit-il. En faisant peu de choses, en étant tout simple, vrai, il devient hyper touchant.  Et il est très drôle en même temps, dans la naïveté du personnage.» Chapeauter ses projets Au pied du lit de mon père, qui a reçu l’appui de deux bourses du Conseil des arts de Longueuil, compte une petite équipe. Benoît Archambault a créé la musique, l’auteur et acteur assure également la mise en scène avec Charles Gaudreau. «Charles est là pour me challenger. Je suis souvent sur scène, son regard est hyper important», souligne Jocelyn Blanchard. L’acteur est particulièrement à l’aise dans ce contexte plus modeste. C’est ce qu’il a aussi fait avec Ceci n’est pas un fusil destiné à un public adolescent de 14 ans et plus, pour lequel il a signé le texte et assuré le jeu, dans une mise en scène de Caroline Dardenne. Il a aussi relevé le défi de porter plus d’un chapeau – tous en fait – avec la pièce pour jeune public Romain Premier à cheval sur le monde. «Mon objectif, c’était que tout rentre dans ma vanne. Être autonome, partir seul. Ma console d’éclairage était sur scène. Je faisais mes cue de son sur un petit clavier.» «Il y a un plaisir d’avoir le contrôle, d’être libre dans ses projets, relève-t-il, parlant de la fondation de sa propre compagnie théâtrale.  Jouer dans d’autres théâtres, le trip de groupe est un grand plaisir, mais parallèlement, avoir son bébé à soi, c’est l’funLa pièce est présentée à la chapelle de la Maison Gisèle-Auprix, les 10, 11, 16, 17, 18, 23, 24 et 25 août. Rens. : www.theatredu450.ca

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