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Autobus express : un modèle en évolution pour le RTL

le lundi 27 mai 2024
Modifié à 11 h 42 min le 27 mai 2024
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

La performance des lignes 410/417 est vue comme un succès par le Réseau de transport de Longueuil. (Photo: Gracieuseté)

Il y a un peu plus de 10 ans, le Réseau de transport de Longueuil (RTL) inaugurait ses premières lignes express, la 410 et la 417, sur le boul. Roland-Therrien. Une mesure qui a porté ses fruits, alors que le corridor attire aujourd’hui entre 45 000 et 60 000 usagers par mois. Mais si le souhait était initialement d’étendre le modèle, on ne retrouve aujourd’hui que trois autres lignes express circulant à l’intérieur de l’agglomération.

Dans un article du Courrier du Sud de 2016, on expliquait que ce corridor se voulait une première phase d’un Réseau rapide d’agglomération (RRA), qui à terme, s’étendrait sur 125 km de voies réservées, notamment sur des artères comme les boulevards Taschereau, Jacques-Cartier et Grande-Allée.

Si la notion de RRA n’est plus vraiment dans le vocabulaire du RTL, le principe d’un service rapide est encore bien au centre de l’évolution du réseau.

«Le RRA, c’est un concept qui a évolué énormément. Ça n’empêche pas qu’on a fait du chemin avec nos différents corridors d’importance dans l’agglomération», soutient Nicolas Tanguay, directeur principal Stratégie, planification et innovation au RTL, au cours d’un entretien avec Le Courrier du Sud.

On le voit d’ailleurs sur le boul. Taschereau, où une seule ligne express y circule, mais de nombreuses lignes «régulières» comme les 4, 54 et 77 profitent de larges portions de voies réservées.

 

Les lignes 410/417 sont parmi les plus performantes du RTL. Le corridor Roland-Therrien est d'ailleurs l'un ceux qui a bien fonctionné tout au long de la pandémie. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)

 

Roland-Therrien, un contexte idéal

Le boul. Roland-Therrien et sa grande emprise au sol représentaient un idéal pour implanter un corridor express. «On avait à peu près toutes les composantes d’un SRB (service rapide par bus). Fréquence, service en tout temps, voie réservée, abribus distinctif, la place pour le faire. C’est génial quand on est capable de le faire», indique M. Tanguay.

Ce ne sont toutefois pas tous les axes qui présentent ces conditions. Par exemple, si le corridor de Roland-Therrien devait initialement se poursuivre vers le chemin de Chambly et le boul. Cousineau, les conditions étaient bien différentes sur ces voies, en particulier sur la portion près de la 116.

«C’était très difficile de reproduire le concept sans faire du dommage partout», évoque le directeur.

 

Les lignes express projetées par le RTL dans son rapport annuel de 2015. La plupart de ces axes ont aujourd'hui une ligne express ou des voies réservées. (Photo: Rapport annuel du RTL, 2015)

 

Un segment de voie réservée a tout de même été aménagé du côté du boul. Cousineau. Et un autre le sera du côté du chemin de Chambly, avec les travaux dans le secteur. «Mais d’aller faire ça mur à mur, on l’a étudié, et ça avait des impacts sur la circulation.»

Une ligne express a tout de même a été mise en place sur le boul. Cousineau – la 442 –, qui offre quelques départs en semaine et qui rejoint les résidents de Saint-Hubert à la frontière de Carignan. «On passe par la 116 pour aller au métro. Avec ça, les gens gagnent 18 à 20 minutes. C’est significatif», note M. Tanguay

Grande-Allée, Jacques-Cartier et liens internes

Le boul. Grande-Allée était l’une de ces voies ciblées pour une ligne express. La ligne 421 a ainsi vu le jour avec la refonte du réseau en 2023. Quelques bouts de voies réservées ont déjà été aménagés et d’autres le seront à la suite de la réfection de la voie. L’achalandage sur cette ligne devrait en outre permettre une grande fréquence.

La ligne 21, qui circule encore sur cet axe, a quant à elle été allongée vers le boul. du Quartier.

Nicolas Tanguay explique qu’en plus de services rapides et fiables, beaucoup de gens ont indiqué chercher des liens internes au cours des consultations publiques en marge de la refonte de réseau. Il évoque notamment le cas du boul. Jacques-Cartier.

«On a eu beaucoup d’opposition au départ pour mettre des voies réservées parce qu’on n’avait même pas de service en continu sur cet axe-là», affirme-t-il.

La ligne 161 a donc été mise en place pour combler ce besoin. Elle circule aujourd’hui jusqu’au boul. de Mortagne et au centre-ville de Boucherville. Un principe similaire a été appliqué avec la 160, qui emprunte les boul. Milan et Gaétan-Boucher. Celle-ci circule maintenant jusqu’au centre-ville de Saint-Bruno-de-Montarville.

«La notion de RRA existe moins, ce sont plus des services rapides ou des services fréquents. L’idée n’est pas d’arriver avec des solutions qu’on fait juste dérouler. On a une approche adaptée aux besoins, au milieu», assure M. Tanguay.

 

Le secteur de l’aéroport étant en pleine expansion, l’express 428 a été inauguré en 2022. En passant par la 116 au lieu du chemin de Chambly, le chemin prend une vingtaine de minutes en moins. (Photo: Gracieuseté)

 

Pression financière

Si les organismes de transport en commun subissent une forte pression financière des suites de la pandémie, certains projets et programmes de financement du gouvernement sont toujours en place. Notamment ceux concernant les infrastructures.

«Construire des voies réservées, des mesures préférentielles aux feux, on est encore en mesure d’avoir une bonne part de financement pour ça. Ça nous freine pas de ce côté-là, au contraire, on va vouloir accélérer les projet de voies réservées, plus performants. […] C’est des super projets, c’est gagnant dans toutes les cases», indique Nicolas Tanguay.