Sports

Autour d'un café : Martine Vallières-Bisson, la femme derrière la boxeuse

le jeudi 25 mai 2023
Modifié à 17 h 01 min le 25 mai 2023
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Martine Vallières-Bisson se définit comme une boxeuse et une femme qui n’a pas peur de la défaite. (Photo: Gracieuseté - Vincent Éthier)

Victorieuse d’un 6e combat, le 5 mai au Mexique, depuis son passage chez les professionnelles en boxe en 2019, Martine Vallières-Bisson ne se définit pas que par ses performances sur le ring. Autour d’un café à La Prairie, l’athlète de Longueuil au débit de parole aussi rapide que son jeu de pieds en combat s’est confiée sur son parcours de boxeuse, mais surtout de femme au caractère forgé par les coups durs. 

Se relever 

Mme Vallières-Bisson se relevait d’une défaite et de sa première fracture au nez en carrière lorsqu’elle s’est envolée pour le Mexique au début du mois.

«Ce n’était pas une défaite où j'ai été dominée et j’ai appris de ça, mais avec la blessure en plus, il y a une fébrilité augmentée qui est de l’ordre de l’inconscient. Je suis contente d’avoir bien géré après et d’être retournée dans le bon état d’esprit», explique-t-elle. 

D’un point de vue plus personnel, Mme Vallières-Bisson a notamment dû se relever d’une rupture éprouvante et du deuil de sa grande amie Chantal Lippé dans les dernières années. Sa meilleure amie a également fait face à un cancer, un combat qui l’a grandement inspiré.  

«La vie, c’est comme la boxe. Pas seulement parce que tu manges des coups et que tu dois te relever, mais plutôt parce que tu ne dois pas agir comme une victime sur la défensive, en mode survie. Ce que j’ai appris dans la boxe, je l’ai aussi transposé dans ma vie, comme ma confiance en moi», expose-t-elle.     

«Dans le ring comme dans la vie, il faut reculer de l’action pour observer, prendre des décisions en étant conscient de son environnement et se défendre.»   
-Martine Vallières-Bisson

Après la boxe 

Boxeuse depuis 22 ans, Mme Vallières-Bisson arrive à vivre de sa passion en étant entraîneure de boxe à Chambly.

Elle s’épanouit d’autant plus depuis qu’elle offre des activités de boxe parascolaires et des conférences sur son parcours atypique et sur la persévérance aux jeunes de la Rive-Sud.

L’athlète de 38 ans se dit consciente qu’il ne lui reste que quelques années à boxer et son plan B est bien établi pour la suite.

«Je vis de mon sport autrement. Dans la vie, j’ai toujours voulu aider les autres à développer leur plein potentiel et à rayonner. Ça n’a rien à voir avec les aptitudes physiques, tout est dans le vouloir. J’aime voir la transformation mentale de ceux que j’entraîne, je n’ai pas l’ambition de former des athlètes de haut niveau», dit-elle. 

Façon de penser 

De nature anxieuse, l’athlète raconte plusieurs anecdotes pour lesquelles les solutions sont étroitement liées à ses techniques de boxe. 

«Quand j’ai mal quelque part et que je m’entraîne, je me fâche parce que je me concentre juste sur ma douleur. Je veux tout comprendre. Je dois me recentrer pour ne pas tout analyser, parce que si je me suis entraînée toute la journée, c’est normal d’avoir mal, c’est tout. Ce sont des automatismes et j’essaie d’appliquer la même façon de penser dans ma vie», confie-t-elle. 

L’athlète admet que ce n’est pas toujours chose facile, mais elle arrive à faire des parallèles entre la boxe et sa vie à l’extérieur du sport. 

«En boxe, je suis capable d’avoir une stratégie claire, de penser deux ou trois coups d’avance, alors que dans d’autres contextes, j’ai tendance à prendre les chemins les plus compliqués pour me rendre à mon but. Mon parcours est exactement comme ça, j’ai pris mille et un détours pour me rendre où je suis», reconnaît-elle.  

Objectif

Martine Vallières-Bisson vise à monter sur le ring environ trois fois par année. 

«L’objectif, maintenant que je suis de retour sur la route de la victoire, c’est de choisir les combats qui ont de l’importance en termes de visibilité ou de classement, avec des adversaires qui vont me faire monter pour me rapprocher d’un top 15 ou 10. C’est une question de stratégie», détaille-t-elle. 

Depuis son passage chez les professionnelles, la boxeuse se pince d’avoir tant d’opportunités, comme d’avoir gagné son premier combat au Centre Bell, d’être allée au Mexique à deux reprises, et d’avoir une équipe «qui ne compte pas son temps» pour l’appuyer.

Ultimement, elle souhaite se rendre le plus loin possible pour avoir une chance en championnat du monde. L’athlète poids plume est présentement classée «non officiellement» 10e en Amérique du Nord et 3e au Canada dans sa division.