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Avec le rire de ma grand-mère : chronique d’un retour au temps de l’enfance

le jeudi 17 mars 2022
Modifié à 16 h 41 min le 18 mars 2022
Par Jean-Baptiste Hervé

redactionrf@gravitemedia.com

Véronique Bachand, (Photo : Gracieuseté - Maryse Boyce)

Avec la demande singulière de sa grand-mère Gilberte Beauregard d’enregistrer son rire, la poétesse et autrice Véronique Bachand est allée fabriquer un spectacle-documentaire qui s’intéresse à la conversation de deux femmes séparées par deux générations.

«Il y a vraiment un désir avec le spectacle de documenter des moments passés avec ma grand-maman», avoue en entrevue l’autrice.

À la base, le projet ne devait consister qu’en une simple conversation enregistrée, la poétesse voulant se souvenir de la voix de sa grand-mère. En cours de route la chose s’est arrimée à un spectacle, car ce qui s’enregistrait était important, non seulement à conserver, mais également à partager, estime l’artiste.

Il faut dire qu’elle travaille depuis plus de dix ans avec la parole de ses grands-parents. 

«Mon amour du conte et du poème est né sur les genoux de mon grand-père quand j’avais quatre ans», avoue-t-elle en cours d’entrevue.

C’est donc maintenant armé d’une enregistreuse qu’elle consigne, qu’elle collecte la parole de ceux qui lui ont appris à s’en servir. En commençant par la femme fière et à l’esprit moqueur qu’est Gilberte Beauregard.   

«Ce spectacle est l’histoire de notre rencontre, de notre dialogue, s’exclame, enthousiaste, l’autrice. Il est aussi question de sa résilience et de comment elle a utilisé le rire et l’humour dans sa vie pour passer par-dessus les épreuves.»

Un temps précieux

Sur scène, la conteuse est accompagnée par le contrebassiste Hugo Blouin qui a composé la musique de la pièce en s’inspirant des lignes rythmiques de la voix de l’aînée. Véronique Bachand récite une poésie entrecoupée d’extraits de conversation avec sa grand-maman.

«J’ai l’impression lorsqu’on passe du temps avec nos grands-parents que c’est très précieux, dit-elle. C’est le temps de l’enfance parce qu’il n’y a pas de productivité et qu’il n’y a pas de résultat attendu. Le rythme est vraiment celui du présent.»

Avec le rire de ma grand-mère arrive à un moment où le Québec tout entier se demande comment nous en sommes arrivés là dans notre rapport avec nos vieux. Comment peut-on reconstruire le lien avec les anciens ? Comment les mettre un peu plus à l’avant-plan socialement ? 

Avec les anecdotes joyeuses de madame Beauregard et les poèmes de Véronique Bachand, il y a peut-être ici un début d’élément de réponse. L’écoute et le dialogue sont souvent des vecteurs de changement.

Dimanche 20 mars, 15h00 au Théâtre de la Ville