Benoît Drouin-Germain : sur scène, à la maison

Benoît Drouin-Germain (Photo : gracieuseté - Andréanne Gauthier)
L’acteur longueuillois Benoît Drouin-Germain aura deux fois plutôt qu’une l’occasion de jouer dans sa ville, alors qu’il est de la distribution de la pièce Le prénom et de l’adaptation scénique des Boys; des spectacles à l’affiche du Théâtre de la Ville respectivement les 19 septembre et 24 janvier. Des projets qui, en plus de ses rôles dans des séries telles qu’Avant le crash et Le dernier des monstres, comblent le passionné de jeu.
Commençons par Le prénom, pièce française de Matthieu Delaporte et d'Alexandre de La Patellière qui a connu un fort succès, et une adaptation au grand écran.
«Je pense que je n’ai jamais joué une pièce où il y a d’aussi longs rires, où on doit arrêter de jouer, relate Benoit Drouin-Germain. C’est une très bonne pièce. Quand on parle de comédie, c’est très bien écrit, et c’est fin. C’est quand même un humour assez recherché.»
«Quand Serge Denoncourt [le metteur en scène] m’a approché, je n’ai pas réfléchi ben ben longtemps, ajoute-t-il. Il est tellement un bon directeur d’acteur en plus.»
La pièce a été jouée l’été dernier, puis s’est arrêtée chez Duceppe en décembre. Une vingtaine de dates sont au calendrier cet automne. Rappelons l’histoire : Vincent aura son premier enfant. Lors d’une soirée avec sa sœur et son beau-frère, il leur dévoile le prénom choisi; une proposition qui déplaira au plus haut point. Benoit Drouin-Germain y incarne Claude, un ami de la famille qui réserve aussi une révélation fracassante durant cette soirée où le ton monte rapidement.
Est-ce que des amis ou membres d’une famille survivraient réellement à une telle soirée où les arguments s’entremêlent de reproches? L’acteur croit que oui : ils en sortent certes transformés, mais survivront, car ces gens s’aiment profondément.
Si l’adaptation de Maryse Warda remplace quelques expressions et référents pour camper l’histoire de ce côté de l’Atlantique, il y a peut-être aussi une approche québécoise dans le niveau de jeu.
«J’ai plus l’impression que de passer une soirée à argumenter, de façon un peu piquante, c’est très européen. Ici, on est moins habitué à passer une soirée à ne pas être d’accord et à faire valoir chacun son point de vue. On est rapidement fâchés! soutient-il. Alors on l’aborde peut-être d’un point de vue plus émotif ici.»
Les Boys : entraide et adversité
Benoît Drouin-Germain n’a pas non plus boudé son plaisir lorsqu’on lui a proposé d’intégrer l’équipe des Boys et de chausser les patins de Ti-Guy (joué par Patrick Huard dans les films). L’adaptation théâtrale (Marc St-Martin, metteur en scène; Guillaume Corbeil, auteur de l’adaptation) reprend l’histoire du tout premier opus. Mais après cinq films suivant les aléas de ces personnages que l’on connait si bien, la question semble légitime : pourquoi un nouveau projet sur les Boys?
«C’est la question que j’avais au départ, avoue Benoit Drouin Germain. Je pense que c’est important de se raconter des histoires de fraternité, d’entraide… de s’aider même si on ne pense pas tous pareil. Et en tant qu’acteurs, mais aussi les spectateurs, tout le monde se rassemble pour que les Boys gagnent la game! Je pense qu’on pourra toujours se raconter cette histoire!»
(Photo : Andréanne Gauthier)
Il fait remarquer que les drames sportifs sont plutôt rares au théâtre. Pour mémoire, toute la deuxième partie de l’histoire consiste en une partie de hockey à gagner afin que Stan conserve sa brasserie. Comment les comédiens patinent-ils sur scène? Il faut voir la pièce pour le découvrir, répond le comédien.
Reprendre l’histoire de ce film sorti en 1997 permet aussi une «mise à jour» de certaines situations. Les personnages féminins sont plus forts, et ne sont plus que des faire-valoir.
«On s’entend que ça reste une gang de gars un peu machos, un peu mésadaptés sociaux. Ils ne sont pas des exemples de masculinité positive, mais on a travaillé à quelque chose de plus actuel, évoque Benoît Drouin-Germain. Quand ils font de gros calls misogynes, il y a souvent quelqu’un pour les remettre à leur place!»
Et, il ne faut pas se leurrer, on refait les Boys aussi pour le plaisir d’entendre ses répliques cultes : le monologue de la dureté du mental, les toasts à la moutarde, les patois de Méo. S’attaquer à un tel classique de la cinématographie québécoise ne vient pas sans stress, ni défis.
«On était dans une drôle de situation : on ne voulait pas imiter ce que Marc Messier, Pierre Lebeau, Patrick Huard avaient fait, mais on n’a pas le choix à quelque part de respecter les personnages qu’ils ont créés, car ce sont des répliques qu’on connait par cœur.»
«On ne peut pas dénaturer ces répliques-là, il y a une façon très musicale de les sortir, ajoute-t-il. On plonge là-dedans tout en… pas en réinventant, mais… c’est moi qui le joue.»
Après le crash
Benoît Drouin-Germain cumule cette année 20 ans de carrière derrière la cravate, alignant les projets télé et productions théâtrales qui lui ont offert de très beaux rôles. Néanmoins, une part du public ne l’a que récemment découvert.
«Avec Avant le crash, c’est la première fois que j’avais un rôle de plus grande envergure à défendre dans une série populaire, qui a autant d’impact, constate-t-il. Est-ce grâce à ça qu’on m’a convoqué aux auditions pour Le dernier des monstres [dans laquelle il a un premier rôle]? Peut-être. On a vu que j’étais prêt à défendre des rôles plus importants à la télévision. Et c’est tant mieux : je les veux, ces défis-là!»
La reconnaissance du public qui vient avec sa participation à un tel succès télé fait certes plaisir, mais il demeure que la passion du jeu l’emporte.
«Mon but n’est pas d’être nécessairement une vedette de premier plan. Je ne suis pas bon sur les réseaux sociaux. Cette idée d’être une personnalité, je suis un peu gauche là-dedans. Mais jouer, c’est ce qui me passionne le plus. Plus on va me donner des personnages complexes et chargés, plus je serai content.»
Tout comme les amateurs de la série signée Kim Lévesque-Lizotte et Éric Bruneau, l’acteur est impatient de voir la saison 3, en ondes dès le 8 septembre. «J’ai hâte moi-même en tant que spectateur de voir le résultat de ce qui a été fait pour tous les personnages, et je serai toujours bien fier d’avoir participé à ça.»