Bilan de la guerre tarifaire : l’incertitude, pire que les tarifs

Le secteur manufacturier a connu une perte de 15 000 emplois. (Photo : Le Courrier du Sud – archives)
Les impacts de l’incertitude économique créée par les multiples voltefaces du président américain Trump se font durement ressentir, et cette incertitude nuit davantage à l’économie que les tarifs eux-mêmes. La Chambre de commerce et industrie de la Rive-Sud (CCIRS) réclame des «actions urgentes» pour mettre un frein à ces répercussions.
Tout comme la Fédération des chambres de commerces du Québec (FCCQ), la CCIRS juge particulièrement inquiétante la situation actuelle, qui pourrait engendrer des impacts à long terme sur l’économie québécoise.
Les deux instances notent une chute «préoccupante» de l’emploi dans des secteurs clés. De janvier à juin, 15 000 emplois ont été perdus dans le secteur manufacturier. Les pertes se chiffrent à 25 000 dans la construction, pour la même période.
En matière d’investissements, on compte une baisse de 318 M$ entre 2024 et 2025. Les produits du bois et l’alimentaire ont connu une baisse respective de 220 M$ et 25 M$ d’investissements.
Les exportations du Québec vers les États-Unis, entre janvier et mai, ont quant à elles chuté d’un total de 2,2 G$.
La fuite des capitaux vers les États-Unis est un autre impact majeur observé.
Ces impacts sont surtout dû à l’incertitude plutôt qu’aux tarifs, fait-on valoir, alors que 91 % des produits traversant la frontière ne sont pas affectés par les tarifs, grâce à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique.
Dans ce contexte, les entreprises accélèrent leurs investissements au États-Unis afin de ne plus avoir à subir cette incertitude, ce qui fait dire à la CCIRS et à la FCCQ que «la stratégie protectionniste semble fonctionner».
Actions
La FCCQ et la CCIRS demandent aux gouvernements la mise en place d'un moratoire sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires, ainsi que l'instauration d'une préférence québécoise et canadienne dans l'attribution des contrats publics.
L'accélération des projets miniers et énergétiques, tout comme la réduction significative des charges réglementaires et fiscales sont d’autres leviers sur lesquels il faut agir, croient-elles.
«La Rive-Sud dispose déjà des atouts nécessaires pour attirer et retenir les investissements : une main-d’œuvre qualifiée, des entreprises innovantes et une position stratégique unique. En agissant dès maintenant sur les leviers que nous contrôlons — fiscalité, réglementation, accès à la main-d’œuvre — nous pouvons transformer ce contexte incertain en véritable moteur de croissance», signifie Jean-François Lévesque, président-directeur général de la CCIRS.