Longueuil : fin d’une époque, début d’une autre pour la Brasserie Tremblay
Alain Boutin, au centre, en compagnie de son fils Michael à sa droite et de Steve Scattolin. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)
C’est une page d’histoire qui s’apprête à se tourner dans le Vieux-Longueuil. La Brasserie Tremblay, véritable institution du quartier, sera démolie après la période des Fêtes 2025 pour faire place à un complexe de treize appartements. Mais bonne nouvelle : l’exploitation de la brasserie se poursuivra, dans un nouveau décor et une toute nouvelle ambiance. Entrevue avec l’ancien propriétaire Alain Boutin et les nouveaux propriétaires, son fils Michael Boutin et l’entrepreneur Steve Scattolin.
Il n’y a pas foule en ce mercredi après-midi à la Brasserie Tremblay. Une vingtaine de clients sont dispersés dans l’établissement qui compte 161 places. Derrière le bar, tout sourire, Alain Boutin verse une Molson Export bien froide à un habitué.
Embauché comme bus boy en 1974, c’est en 1989 qu’Alain achète l’établissement qui s’appelle alors Brassie 88.
«Quand j’ai commencé, le petit verre de bière coûtait vingt cennes. Longtemps j’ai travaillé entre 50 et 60 heures par semaine. Je me suis beaucoup amusé, raconte Alain. Dans les belles années, on servait entre 1000 et 1300 lunchs par semaine. Sur l’heure du dîner, on pouvait faire 300 lunchs avec deux personnes derrière le bar, trois serveuses en salle et trois personnes à la cuisine.»
Le hamburger steak avec frites? Le plat vedette hier comme aujourd’hui.
M. Boutin poursuit : «Les employés de la Pratt & Whitney et Héroux venaient dîner ici, les uns après les autres. Les gars ne poinçonnaient pas dans le temps. Mais les choses ont bien changé.»
L’ancien propriétaire se souvient du moment où l’établissement est devenue une brasserie au sens de la loi, c’est-à-dire que les dames y étaient désormais les bienvenues. Il y a ensuite eu l’interdiction progressive de fumer dans les lieux publics.
«Ça c’était une vraie joke ! lance-t-il en riant. On avait une zone fumeurs où se trouve la table de pool. Comme si la fumée pouvait s’arrêter comme par magie au milieu de la pièce!»
Puis il y a eu l’interdiction complète de fumer : «Certains clients n’étaient vraiment pas contents et m’ont dit qu’ils étaient pour aller boire ailleurs. Mais c’était partout pareil ! Ils se sont habitués à aller fumer dehors !»
L’ancien propriétaire fait un lien entre les belles années de fréquentation et la performance du Canadien de Montréal. «Quand le Canadien était en série, c’était toujours plein ici ! Mais depuis des années, le Canadien en arrache. Mais j’ai eu des belles soirées ce printemps quand le Canadien a participé aux séries.»
L’ancien numéro 11 du Canadien, Yvon Lambert, est même passé la semaine dernière.
La Brasserie Tremblay a survécu à la fermeture de ses voisines : Taverne du Sud, Bar Chez Chico, Zone 132, Brasserie du Parc... «Peut-être que si je n’avais pas ramassé leurs clients, j’aurais fermé moi aussi», admet-il.
La relève
C’est son fils Michael Boutin, qui a grandi dans la brasserie, et son ami de longue date, l’entrepreneur Steve Scattolin, qui prennent maintenant la relève. Avec optimisme, ils planifient la construction du nouvel établissement, prévue pour le printemps 2026.
La Brasserie Tremblay fermera après la période des Fêtes 2025 pour rouvrir sous une autre forme à l’automne 2026. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)
«Le plus dur est fait!» lance Steve, soulagé d’avoir enfin obtenu le permis de démolition après plus de deux ans de démarches.
Densification oblige, la Ville de Longueuil a exigé qu’il y ait des logements intégrés au projet. On retrouvera donc treize logements, des 3 ½ et des 4 ½, aux étages. Il y aura aussi un ascenseur et un stationnement souterrain. «On a travaillé en collaboration avec l’urbaniste de la Ville», indique M. Scattolin.
S’il est encore trop tôt pour parler des changements internes qui seront apportés, Michael est catégorique : la brasserie n’est plus viable dans le contexte actuel. «Des changements seront apportés au menu. On souhaite aussi garder tous les employés.»
«Nos équipes de construction vont se concentrer sur la brasserie d’abord et ensuite sur les logements», renchérit Steve.
Deux grandes portes-fenêtres avec vue sur le parc Isidore-Hurteau voisin seront installées. L’endroit sera plus clair, plus aéré. «On ne veut pas imiter personne. On veut une brasserie de quartier sympathique capable d’attirer une nouvelle clientèle tout en conservant les habitués», indique Michael.
Preuve de cet attachement : une carte fidélité sera bientôt remise aux clients réguliers, leur permettant de consommer à l’ancien tarif pendant un certain temps après la réouverture prévue à l’automne 2026.
La Brasserie Tremblay fermera ses portes après la période des Fêtes 2025 pour rouvrir à l’automne 2026. Michael et Steve promettent déjà un grand party pour souligner la réouverture.
D’ici là, Alain profitera enfin d’une retraite bien méritée, à 71 ans. Mais il promet d’être là pour célébrer la grande réouverture. «Ça va être encore plus beau!» lance-t-il avec enthousiasme.