Ça sent la coupe, un succès bleu blanc rouge

Louis-José Houde m'a fait pleurer. Pas de rire, mais d'humanité. Parce que Ça sent la coupe ancre sur écran géant la banalité du quotidien, les difficultés de vieillir et les obligations que l'on se crée dans un scénario qui évite le mélo pour n'y laisser qu'un sentiment de vérité et de simplicité.
Louis-José Houde incarne cette véracité. Une authenticité. Autant dans son personnage public et humoristique que dans celui du film de Patrick Sauvé. On y croit même si on a de la difficulté à oublier le nom de Louis-José derrière celui de Max.
Rares d'ailleurs sont les acteurs qui réussissent à être crédibles dans cette situation. Dans un petit marché comme le Québec où le star-système est pluridisciplinaire, il est bon que le public accepte de jouer le jeu. D'où l'importance d'un bon casting.
Ça sent la coupe pige d'ailleurs une belle force dans le jeu de ses acteurs. On sent une belle collégialité et une complicité dans ce petit noyau tissé serré. Maxime Mailloux, Louis-Philippe Dandenault, Julianne Côté, Émilie Bibeau et Marilyn Castonguay semblent être au diapason et chacun joue un rôle qui s'entrecroise parfaitement dans le récit.
Histoire
On suit l'histoire de Max (Louis-José Houde), 35 ans, qui verra sa vie de couple être anéantie par un soir de décembre alors que sa conjointe Julie (Émilie Bibeau) quitte l'appartement. On est en 2009, en plein milieu d'une partie de hockey des Canadiens de Montréal.
Celui qui partage sa vie entre son salon et sa boutique de cartes de hockey au rez-de-chaussée se demandera qui il est dans tout ça. Pris dans cette spirale à la suite du décès de ses parents, Max qui a repris le commerce de son père en quittant son poste d'ingénieur devra décider s'il garde ou non le magasin.
Max multipliera les tentatives pour reconquérir Julie tandis que sa sœur, revenue de Vancouver après sept ans d'absence, tentera de reprendre sa vie en main.
Il pourra compter sur ses fidèles amis en Richard (Louis-Philippe Dandenault), Phil (Maxime Mailloux) et François (Patrick Drolet) pour reprendre tranquillement son erre d'aller.
Hockey
Non, Ça sent la coupe n'est pas un film de hockey. On se sert de la saison 2009-2010 comme marqueur de temps dans l'histoire qui se déroule du 1er octobre au 24 mai alors que les Canadiens de Montréal perdent en finale d'association contre Philadelphie.
Toute l'enveloppe du film est bâtie en bleu blanc rouge. Autant le décor de la boutique de cartes de hockey que l'action qui se déroule souvent durant leur visionnement d'une partie de hockey dans le salon de Max ou au Centre Bell.
Les amalgames entre la vie et la Sainte-Flanelle font parfois sourire et on plonge avec joie dans ce folklore typiquement québécois de nombreux papas.
Texte
Le dosage du mélodrame dans le jeu respectif des acteurs appuie le texte de Matthieu Simard qui ne tombe jamais dans le larmoyant. En découle une belle douceur qui à la fin prend tout son sens. C'est exactement là l'impact du film adapté du roman du même nom dont l'auteur signe aussi le scénario.
Ça sent la coupe n'est pas une comédie, ni un documentaire sur les fans du CH. C'est une étude sur la vie des trentenaires qui transitent vers la vie de parents. Il y a ceux qui quittent définitivement l'enfance par le deuil, d'autres qui deviennent parents, ceux qui voient leur rêve brisé par la séparation et ceux qui retombent un peu en enfance.
La banalité porte en elle une belle poésie. Le sujet est d'ailleurs magnifiquement appuyé par l'image du directeur photo Ronald Plante et la direction artistique de Jean Babin. La réalisation de Patrick Sauvé glisse doucement, à l'image du scénario, et l'usage des ralentis donne parfois lieu à de beaux clins d'œil et quelques fous rires.
Au final, on assiste à un bon feel good movie qui permet un petit temps d'arrêt, ou un regard en arrière, sur cette portion de la ligne de vie. Espérons maintenant que le film ait une belle vie en salle.