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Campagne du Bloc Québécois: «un retour en arrière pour l’indépendance», selon Martine Ouellet

le jeudi 24 octobre 2019
Modifié à 9 h 25 min le 25 octobre 2019

Connue pour son franc-parler et son appui indéfectible à l’indépendance du Québec, Martine Ouellet critique la dernière campagne électorale du chef du Bloc Yves-François Blanchet, malgré son succès indéniable. «Avec Yves-François Blanchet, c’est le grand retour de Gilles Duceppe, affirme d’emblée Martine Ouellet au Courrier du Sud. Le retour de l’attentisme!» «Cette élection, c’est une belle occasion ratée pour le mouvement indépendantiste, estime celle qui a été députée péquiste de Vachon de 2010 à 2018 puis brièvement chef du Bloc. Le parti a pratiquement ignoré la question de l’indépendance au cours de la campagne. Yves-François Blanchet n’a rien fait pour préparer ou faire la promotion de la souveraineté. Même s’il envoie 32 députés à Ottawa, le Bloc se retrouve sans véritable pouvoir. C’est malheureux mais il est ni plus ni moins là que pour faire le jeu du fédéral. C’est un retour en arrière pour l’indépendance.» «Je pense quand même qu’ils ont fait une campagne raisonnable, une campagne prudente, collée sur les positions de la CAQ», concède-t-elle. «Justin Trudeau a les mains libres» «Les chiffres sur la Rive-Sud reflètent pas mal ce qui s’est passé ailleurs au Québec, estime Mme Ouellet. Mais le constat le plus flagrant, c’est que le Québec et le Canada sont vraiment deux mondes complètement différents. À part dans la région de la Capitale-Nationale, les conservateurs ne sont pas capables d’engranger des appuis notables et le NPD ­– qui représente la gauche religieuse – a tout simplement disparu de la carte au Québec. À Longueuil, une chose est certaine, les transfuges, ça ne passe pas!» Selon Mme Ouellet, le Bloc a bénéficié de la faiblesse des autres partis pour enregistrer des gains importants. Mais même s'il a progressé dans les suffrages, «le grand gagnant de ces élections, ce n’est pas le Bloc mais bien Justin Trudeau et les libéraux», avance-t-elle. «Même s’il est minoritaire, il peut compter sur le NPD, qui a la balance du pouvoir. C’est un parti qui sort affaibli des élections. Ils ne voudront pas de sitôt défaire le gouvernement et retourner en campagne. Justin Trudeau a les mains libres pour faire ce qu’il veut.» Laïcité Martine Ouellet estime que les autres partis fédéraux ont pratiquement laissé le champ libre au Bloc en négligeant les Québécois, notamment sur la question de la laïcité. «Au Québec, on a décidé que la religion et l’État devraient être séparés et la Loi 21 est un premier pas dans ce sens-là. Les trois autres principaux partis fédéraux ont dit qu’ils allaient s’objecter à cette loi. Le message des Québécois a été "Laissez-nous faire ce que l’on veut, ce n’est pas de vos affaires!" Encore une fois, ça prouve que le Québec et le Canada sont deux mondes différents.» «La Loi 21 sera contestée peu importe le gouvernement qu’il y aura à Ottawa. L’histoire se répète. Le Canada ne laissera jamais le Québec gérer sa propre barque. C’est pourquoi la seule option, c’est l’indépendance», conclut-elle.