Caroline Dawson : un héritage d’humanisme à perpétuer

Caroline Dawson était une personne «tellement lumineuse», et l’est restée jusqu’à la fin. Avec son départ, Valérie Blanc a perdu une «soeur de cœur». Cette professeure d’histoire au cégep Édouard-Montpetit – où l’écrivaine enseignait la sociologie jusqu’à son diagnostic d’ostéosarcome en 2021 –, a créé le Fonds commémoratif Caroline Dawson. Sa façon de ne pas laisser le deuil l’écraser et de perpétuer les valeurs chères à sa grande amie. 

La professeure dit avoir «eu cette chance» de visiter son amie et partager des derniers moments, après que celle-ci ait pris la décision d’opter pour les soins palliatifs. 

«Caroline aimait la vie. Elle est toujours restée du côté de la vie. Même après son diagnostic, elle écrivait, lisait énormément, elle faisait sa chronique à la radio…» relate Valérie Blanc.

Cette dernière a aussi eu le temps de lui annoncer la création de la bourse à son nom; une attention qui l’a grandement touchée. L’autrice de Là où je me terre est décédée le 19 mai.

Le fonds vise à offrir annuellement une bourse à une étudiante migrante de première génération, qui étudie à Édouard-Montpetit.

Aux yeux de Valérie Blanc, qu’un fonds au nom de son amie poursuive une telle mission a tout son sens. «C’est l’histoire de Caroline. Elle était d’une intelligence exceptionnelle, mais a vécu tellement d’embûches. Ça lui a pris une persévérance incroyable», soutient Mme Blanc.

«Je serai toujours du côté des opprimés, des oppressés, là où je me terre», ajoute-t-elle, citant l’œuvre de Caroline Dawson.

La Fondation du Cégep Édouard-Montpetit s’est engagée à doubler les fonds amassés, jusqu’à concurrence de 5 000$. La somme de 10 000$ a ainsi déjà été récoltée, mais Mme Blanc rêverait que ça ne s’arrête pas là.

La professeure a soumis l’idée de la création de ce fonds à Emmanuelle Roy, directrice des études. Geneviève Déry, à la Fondation du Cégep, a accepté «avec grand enthousiasme», précise avec reconnaissance Valérie Blanc.

Par ailleurs, la direction générale Équité, Diversité et Mobilisation de Radio-Canada a récemment créé un prix littéraire en l’honneur de Caroline Dawson. Il récompensera un roman ou un essai publié par une écrivaine ou un écrivain émergent, issu de la diversité.

Un sens de la justice sociale

Caroline Dawson et Valérie Blanc se sont connues à l’Université de Montréal, lorsqu’elles étaient toutes deux étudiantes. Elles se sont toutefois liées d’amitié lorsque Mme Blanc est entrée en poste à Édouard-Montpetit en 2007, un an après Mme Dawson.

Leurs valeurs communes, leurs convictions féministes et leur intérêt pour le théâtre – entre autres – les ont unies. 
«On avait des façons de travailler similaires, fait valoir Mme Blanc. On s’intéresse aux opprimés, aux questions d’identité, aux luttes de classes et rapports de genre. On a connecté sur le plan intellectuel et émotif.»

«C’est une personne qui avait un très grand sens de justice sociale. Elle était authentique, mais aussi capable d’un regard critique bienveillant, observe-t-elle. Elle pouvait être indignée, mais dans la beauté créatrice du monde.» 

Des propos qui trouvent résonance pour quiconque ayant lu Là où je me terre, son roman qui raconte l’histoire d’une jeune réfugiée chilienne de sept ans qui, avec sa famille, fuit la dictature de Pinochet et arrive au Canada. Fort d’un succès populaire, l’œuvre a aussi valu à Caroline Dawson le Prix littéraire des collégiens. Elle a aussi été finaliste au Prix des libraires du Québec.

«La première fois que j’ai lu son roman, j’ai retrouvé mes valeurs, raconte Valérie Blanc. Elle mettait en lumière sa mère, les difficultés vécues et les façons dont on trouve le chemin à travers le parcours migratoire. Il y a un regard de sociologue, qui continue de s’indigner.»

Des valeurs qui transparaissent aussi dans son recueil de poésie Ce qui es tu et son album jeunesse Partir de loin.

Pour faire un don au Fonds commémoratif Caroline-Dawson: fondationcegepmontpetit.ca/2024/05/21/fonds-commemoratif-caroline-dawson/