Éducation
Actualités

Cégep Édouard-Montpetit: le sport électronique entre en jeu pour soutenir les étudiants

le mardi 18 mai 2021
Modifié à 16 h 54 min le 25 juin 2021
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Au même titre que le Cégep rivalise avec les autres institutions sur le terrain de football, on retrouve maintenant cinq équipes de sport électronique à Édouard-Montpetit. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Le cégep Édouard-Montpetit veut contribuer à la réussite éducative et au bien-être de ses étudiants, une manette à la fois. C’est ainsi que la Fondation du Cégep organise un tournoi de sport électronique, connu sous le nom anglais de esport. Ce rassemblement de cyberathlètes prévu la fin de semaine du 29 mai sera aussi une belle vitrine pour cette discipline méconnue, mais très répandue à travers le monde.

À défaut de pouvoir organiser des collectes de fonds traditionnelles – un autre aléa de la pandémie –, la Fondation du cégep Édouard-Montpetit a eu l’idée de lancer cet événement de sport électronique, qui est d’ailleurs pratiqué dans ses murs.

Les participants joueront dans le confort de leur chez-soi à Rocket League, un «mélange détonnant de soccer d'arcade et de chaos motorisé», selon le site Web du jeu. Le Cégep s’est d’ailleurs associé à Rocket League Québec, qui diffusera l’événement en direct sur sa page Twitch.

«On cherchait surtout à créer une expérience rassembleuse pour la fin de l’année scolaire, explique Marie-Krystine Longpré, directrice générale de la Fondation du cégep Édouard-Montpetit. L’année a été très difficile pour nos étudiants.»

Les organisateurs aimeraient attirer 500 étudiants du Cégep et le plus possible de gens de l’extérieur, alors qu’il n’y a pas de coût d’entrée pour participer. Les fonds seront recueillis grâce à des commandites. Comme il s’agit d’un premier événement du genre pour la Fondation, aucun objectif précis en termes de sommes à récolter n’a été fixé. Avec les retombées générées par le tournoi, la Fondation entend prioriser l’octroi de bourses d’excellence et persévérance et bonifier le soutien financier accordé aux étudiants, alors que les demandes d’aide financière ont triplé au cours de la dernière année.

«Oui, il y a un aspect financier à une bourse, mais ça va plus loin, renchérit Mme Longpré. Les jeunes sont vraiment émus de recevoir un soutien de la Fondation.»

Une santé mentale fragilisée

Selon la Direction de santé publique de la Montérégie, 60% des 18 à 25 ans ont rapporté ressentir des symptômes suggérant un trouble d’anxiété ou une dépression. Des données qui inquiètent fortement le directeur général du Cégep Sylvain Lambert.

«Ça nous préoccupe beaucoup, affirme-t-il. Nos étudiants sont à l’âge de la socialisation, l’âge de la création de l’identité et ils sont privés d’une partie de ça en ce moment.»

M. Lambert dit aussi constater qu’une énorme majorité d’étudiants souhaite revenir en classe. En attendant l’aval de la Santé publique, il se réjouit de la tenue du tournoi-bénéfice. L’événement est pour lui une façon de maintenir une activité plaisante, tout en mettant la lumière sur une discipline de plus en plus mise de l’avant par le cégep.

Démocratiser la discipline 

Au même titre que le Cégep rivalise avec les autres institutions sur le terrain de football, on retrouve maintenant cinq équipes de sport électronique à Édouard-Montpetit. Elles ont d’ailleurs remporté les finales des jeux Overwatch et Rocket League de la Ligue collégiale de sports électroniques (LCSÉ), en avril. Elles sont encadrées de la même façon, avec pratiques, entraînements physiques et standards académiques à respecter. Une partie des retombées du tournoi servira par ailleurs à financer les équipements de ces équipes.

«C’est important de comprendre la façon dont on encadre ce milieu, qui est dans une perspective de réussite éducative et de saine perspective de vie, poursuit M. Lambert. C'est un phénomène mondial, mais il y a parfois un choc de culture quand on parle de cette discipline.»

Un choc que connaît très bien la porte-parole du tournoi et joueuse professionnelle Stéphanie Harvey, alias missharvey. Pour elle, la pratique du sport électronique offre une panoplie de possibilités professionnelles.

«Au hockey, ce n’est pas tout le monde qui devient Sidney Crosby, mais ton expérience dans le milieu peut faire en sorte que tu travailles avec Sidney Crosby, compare-t-elle. C’est la même chose avec le esport. Ce n’est pas parce que tu joues que tu vas devenir professionnel, mais être dans ce milieu peut t’ouvrir les portes à une multitude de métiers.»

  «C’était important pour moi de sensibiliser les gens à la cause. La pandémie a fait super mal à cette génération de jeunes-là. Je ne peux même pas m’imaginer à quel point j’aurais trouvé ça difficile à leur âge.»

Stéphanie Harvey, porte-parole de l’événement et cinq fois championne du monde du jeu Counter Strike

   

 

Une discipline en constante expansion

Selon Insider Intelligence, il y aura environ 646 millions de spectateurs de sport électronique dans le monde en 2023. Une fulgurante ascension pour un sport qui commence à faire sa place dans les milieux institutionnels. Stéphanie Harvey associe l’émergence de sa discipline à deux phénomènes.

Le premier est l’arrivée du jeu League of Legends, sorti en 2009. «Le fait que c’est un jeu gratuit, accessible et de bonne qualité a amené une marée de joueurs», précise-t-elle. Encore aujourd’hui, ce jeu maintient sa popularité et on retrouve deux équipes du cégep Édouard-Montpetit qui y jouent.

L’arrivée de la plateforme Twitch en 2011 a aussi changé la donne. Celle-ci offre un service de diffusion en direct, qui a permis aux amateurs de regarder les différentes compétitions. Le nombre de visiteurs par jour se compte par millions.