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Centre intégré de cancérologie de la Montérégie : les retombées concrètes de la recherche

Il y a 15 heures
Modifié à 10 h 15 min le 22 mai 2025
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Léna Desjardins (Photo : Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

À la suite de son diagnostic de cancer du sein en 2013, Léna Desjardins a accepté de prendre part à un protocole de recherche grâce auquel ce combat est résolument derrière elle. Voilà deux ans qu’elle n’avait pas remis les pieds au Centre intégré de cancérologie de la Montérégie (CICM), à l’Hôpital Charles-Le Moyne.

Le 13 mai, elle y était alors que le Groupe McPeak-Sirois a reconnu l’engagement de l’Hôpital dans la recherche sur le traitement du cancer du sein. Le CISSS de la Montérégie-Centre Hôpital Charles-Le Moyne est l’un des 13 sites inclus dans ce consortium de recherche. 

«Ça ne fait plus autant partie de ma vie, affirme Mme Desjardins.  À l’époque, j’avais dit à ma chirurgienne : on dirait qu’il y a un éléphant dans ma maison. Et elle m’avait répondu : un jour ton éléphant va devenir tout petit et tu vas le mettre dans ton placard. Donc c’est un peu ça [maintenant].»

Cet éléphant, c’était un cancer du sein triple positif. Il a fallu un certain temps avant que son diagnostic tombe, alors que les mammographies ne décelaient rien. «Avant qu’elle m’opère, la chirurgienne pensait que je n’avais rien. C’est sur la table, ils ont fait : wow! [en voyant la masse cancéreuse]. Et ç’a été ultrarapide. J’ai eu le diagnostic le 11 octobre, et le 1er novembre j’étais en traitement.» 

Bien entourée

La chimiothérapie a permis de réduire la masse à retirer par chirurgie. Lors de l’opération, ils ont constaté qu’il restait 1 mm dans un ganglion, ce qui lui a donné accès au protocole de recherche.

Le cancer de Léna Desjardins était entre autres un HER2 positif, ce qui le rend plus agressif. En 2013, il existait déjà le traitement Herceptin, qui réduisait de 50% le taux de récidive. On lui a proposé un «Herceptin 2.0» nommé TDM1. Mme Desjardins a suivi 14 traitements, répartis aux 3 semaines. 

«C’est un anticorps qui va se loger sur les protéines de la cellule et va insérer de la chimio vraiment ciblée, explique-t-elle. Maintenant, c’est devenu un traitement standard, tellement il est efficace.»

Entamer un protocole de recherche n’avait rien d’un saut dans le vide. «L’équipe derrière nous, on lui fait confiance… mais eux aussi nous font confiance, soulève Mme Desjardins. Je me suis sentie comme si je faisais partie de l’équipe, du début à la fin.»

Élargir l’accès

«Toutes les femmes ont droit à ce mode de recherche, la recherche qui soigne.»

La voix de Suzanne McPeak, extraite d’une vidéo du Groupe McPeak Sirois diffusée lors de la cérémonie de reconnaissance, résonne tout particulièrement bien entre les murs du CICM. 

Diagnostiquée d’un cancer du sein en 2001, Mme McPeak a eu accès à un essai clinique en provenance de la France. «J’y crois fermement que c’est grâce à lui que je suis ici avec vous aujourd’hui», a-t-elle lancé, alors qu’elle est encore une «patiente active» malgré les 24 ans qui la séparent du diagnostic.

Mme McPeak souhaite que toutes les femmes (et hommes) qui reçoivent ce diagnostic aient cette même chance. De cette idée est née le consortium qu’elle a mis sur pied avec son mari Richard Sirois.

«Pourquoi ne pas créer un centre de recherche pour tous les sponsors de recherche ? Leur offrir le Québec… On est rendu là, on couvre 80% de la population», relève M. Sirois.

(Photo : gracieuseté)

Les médecins des hôpitaux affiliés au Groupe McPeak Sirois, comme Charles-Le Moyne, ont ainsi accès à un inventaire d’essais cliniques et études.

«Ce que vous avez vécu nous a profondément atteints, et notre tour, vous nous galvanisez», a exprimé Cloé Rodrigue, directrice de la recherche.

Selon le Dr Samuel Martel, oncologue et chercheur responsable de site, pour atteindre les plus hauts standards de pratique, un hôpital doit être en mesure d’offrir des protocoles pour faciliter l’accès à des traitements innovants, puis améliorer la survie des patients et leur qualité de vie durant les traitements. 

Intégrer le groupe McPeak-Sirois «nous a permis de voir ce qui se faisait ailleurs, de référer nos patientes au besoin dans un autre centre et de sélectionner des protocoles adaptés à notre population», soulève le Dr Martel.

Installations

Cet appareil, un accélérateur linéaire, est en fonction depuis peu. (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Lors de la visite du Centre intégré de cancérologie, Richard Sirois et Suzanne McPeak ont été impressionnés par la modernité des installations. Un accélérateur linéaire était en fonction depuis à peine une semaine. 

Ils ont souligné aussi la belle luminosité de la salle où les patients se rendent régulièrement pour y recevoir leur traitement. De 60 à 70 traitements par jour y administrés. 

La salle où les patients reçoivent leur traitement. (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

En un an, le CICM a réalisé 794 mises en traitement de radiothérapie pour le cancer du sein, sans compter le service de curiethérapie (un type de radiothérapie interne), l’un des plus gros au Québec.

Toutes les patientes traitées pour un cancer du sein passent à travers des traitements de radiothérapie, qui réduisent de 80% les risques de récidive.

Depuis 2018, le nombre de traitements contre le cancer à l’Hôpital Charles-Le Moyne augmente de 10% chaque année. Le vieillissement de la population explique en partie cette hausse : d’ici 2040, le nombre de citoyens de 65 ans et plus aura doublé en Montérégie.