Centre jeunesse de la Montérégie: les cas de fugues grimpent de 14 %

FUGUES. Alors que les trois centres de réadaptation du Centre jeunesse de Laval font l’actualité ces jours-ci pour le nombre de fugues qui s’y produisent, Le Courrier du Sud a pu confirmer que le Centre jeunesse de la Montérégie en enregistre deux fois plus depuis trois ans.
Selon les chiffres fournis par le Direction des jeunes et des familles du ministère de la Santé et des Services sociaux, un total de 4098 fugues se sont produites au cours des trois dernières années chez les adolescents qui séjournent dans l’un des quatre centres de réadaptation de la Montérégie, situés à Longueuil, Chambly, Saint-Hyacinthe et Valleyfield, alors que seulement 2221 ont été enregistrées à Laval au cours de cette même période.
Il faut préciser qu’environ 730 jeunes sont admis chaque année au Centre jeunesse de Laval, pour une région de 500 000 personnes desservie, alors qu’au Centre jeunesse de la Montérégie, qui dessert une région de 1,4 million de personnes, près de 1500 jeunes ont été accueillis l’an dernier.
4 fugues par jour
Seulement l’an dernier, les centres de réadaptation de la Montérégie ont dû composer avec 1480 fugues, soit une moyenne de 4 fugues par jour. Comparativement à l’année précédente (2013-2014), il s’agit d’une augmentation de 14%.
À noter cependant que ces 1480 fugues ont été réalisées par seulement 261 jeunes, soit 114 filles (44%) et 147 garçons (56%), sur les 1490 admissions dans les centres de la Montérégie en 2014-2015.
«On remarque que la majorité des fugues [81%] durent moins de 24h, précise le porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est, Daniel Vincent. Ces fugues sont généralement causées par des retards [non-respect du couvre-feu.»
On note également que 104 adolescents se sont enfuis plus de 72 heures l’an dernier, comptant pour 7% des fugues. Il s’agit d’une diminution par rapport à 2013-2014 (118) et à 2012-2013 (152).
2e au Québec
Les chiffres obtenus indiquent que le quart des fugues d’un Centre jeunesse au Québec se produisent en Montérégie. Au cours des trois dernières années, le Centre jeunesse de la Montérégie se situe 2e derrière celui de Montréal au chapitre du plus grand nombre de fugues.
Par ailleurs, le phénomène des «gangs de rue» préoccupe aussi le Centre jeunesse de la Montérégie.
«Pour le moment, nous n’avons pas de preuve qu’il y ait infiltration des gangs de rue ou de proxénètes à l’intérieur de nos centres, précise Daniel Vincent, mais c’est possible qu’à l’extérieur, via les médias sociaux, il y ait recrutement qui se fasse. C’est un phénomène connu et nous demeurons vigilants.»
Milieu ouvert
Le CISSS Montérégie-Est rappelle que les centres de réadaptation sont des milieux de vie où les jeunes sont libres de circuler.
L'idée n'est pas d'embarrer tous les jeunes mais d'offrir le niveau d'encadrement adapté à la situation de chacun.
Ainsi, depuis 2007, un règlement sur les conditions du recours à l’hébergement en unité d’encadrement intensif vient baliser certaines mesures ou interventions à poser lorsque la sécurité d’un enfant peut être en cause. Ce type d’hébergement est autorisé lorsque le jeune présente un risque sérieux pour sa sécurité ou celle d'autrui, notamment au chapitre de la fugue.
La majorité des jeunes hébergés en centres jeunesse, bien que nécessitant des services de réadaptation, ne présente pas un degré de dangerosité tel qu'il est nécessaire de recourir à un milieu de vie comme une unité d’encadrement intensif pour les protéger. À titre indicatif, ces jeunes continuent d'aller à l'école du quartier et de visiter leurs parents, etc.
Cela dit, un haut risque de fugue, associé à des motifs laissant croire qu'un jeune est sous l'emprise d'un gang de rue ou d'un proxénète, sont des éléments qui sont considérés dans la décision du type d'encadrement nécessaire.