Communauté

«C’est la chorale qui me garde en santé», affirme Lucienne Bienvenu

le mercredi 09 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 09 mars 2016

AÎNÉS. Il y a de ces personnes qui semblent bénéficier d'une certaine immunité face à l'usure du temps. Lucienne Bienvenu en fait définitivement partie, alors qu'à 100 ans, elle amorce une 28e année au sein de la chorale les Myosotis, toujours munie de la volubilité et de l'émerveillement la caractérisant.

Passionnée de musique depuis son plus jeune âge, elle est la doyenne de la chorale pratiquant au centre communautaire Saint-Robert, qui fêtera ses 30 ans d'existence en 2017.

«Je crois que c'est la chorale qui me garde en santé, en partie avec les exercices de respiration et le chant, témoigne-t-elle. Ça me force à sortir et à ne pas rester dans une chaise berçante! Il m'arrive de partir de la maison amorphe, et, après la chorale, revenir remplie d'entrain.»

Chaque mardi, elle chante avec ses 59 compagnons de la chorale à raison de deux heures par séance. Enseignante durant 34 ans, elle affectionne particulièrement l'aspect éducatif de la chorale.

«Ce que j'aime, c'est venir apprendre. Il y a une certaine excitation qui vient avec un concert et on aime ça. Mais ça ne m'apporte pas le même plaisir que de venir ici chaque semaine et d'apprendre. J'aime la routine de travailler la musique», indique l'admiratrice du ténor Lucianno Pavarotti.

Depuis cinq ans, Mme Bienvenu réévalue chaque année sa présence à la chorale. Mais s'il n'en tient qu'à elle, le plaisir perdurera encore longtemps.

«Le chant et la vitamine B sont mes secrets! Peut-être que je n'ai plus la voix que j'avais et que je tiens mes notes moins longtemps, mais malgré cela, ils veulent encore de moi, donc j'imagine que je chante encore juste!»

Une première en 100 ans

Même après avoir atteint la centaine, Lucienne Bienvenu continue d'explorer. À l'occasion de son 100e anniversaire, elle est partie en croisière en Amérique centrale, elle qui n'avait jamais vécu une telle escapade.

Accompagnée de 18 de ses proches, elle s'est bien plu lors de son périple d'une semaine.

«Il y avait toutes les sortes de nourriture, c'était un régal! J'étais avec une bonne partie de ma descendance; il y avait toujours quelqu'un pour pousser mon fauteuil roulant!», raconte la dame au sens de l'humour toujours bien aiguisé.

«Hors du commun»

Son fils Léo-Paul Bienvenu rend un vibrant hommage à sa mère et «sa capacité d'émerveillement inspirante».

«Je ne me suis rendu compte qu'assez tard que ma mère était vraiment extraordinaire. Un peu comme Obélix, je suis tombé dedans quand j'étais petit, raconte M. Bienvenu. J'ai commencé à m'en rendre compte par le regard de mes amis qui, avec le temps, m'ont fait réaliser à quel point elle a une personnalité hors du commun. Ils la considéraient tous comme une deuxième mère.»

Un discours qui trouve écho chez la présidente du conseil d'administration de la chorale Les Myosotis, Jeannine Blouin, dont un seul mot vient à l'esprit pour décrire Lucienne Bienvenu: sagesse.

«Je ne trouve pas un autre mot pour la décrire. Son expérience de vie reflète la sagesse qu'elle incarne. Elle a toujours une réflexion à propos, estime Mme Blouin. Elle est toujours présente, avec une énergie contagieuse. Ça nous donne un bon coup de pied pour les matins où on a moins le goût!»

D'ailleurs, les Myosotis présenteront leur spectacle annuel au Collège Champlain – Saint-Lambert, le 29 avril.

Une vie bien remplie

Née le 28 janvier 1916 à Montréal, Lucienne Bienvenu a traversé les époques comme peu en sont capables. Cette longévité impressionnante lui a permis d'observer les nombreux changements sociétaux majeurs qu'ont amenés la radio, la télévision et la pénicilline, entre autres, en plus de vivre la Grande Dépression et la Deuxième Guerre mondiale, qui lui a enlevé deux amis.

Mais c'est aussi au cours de cette période sombre qu'elle a rencontré son futur époux, Léo, technicien dans une usine de canons. De cette union de 59 ans naîtront trois enfants, quatre petits-enfants et cinq arrière-petits-enfants.

«Durant la crise des années 30, j'étais rendu à l'âge d'avoir un cavalier. Cependant, plusieurs avaient de la difficulté à manger, alors il n'était pas question de se marier, se rappelle-t-elle. J'ai été chanceuse. Quand j'ai vu Léo, ça a été le coup de foudre et ce sentiment est resté jusqu'à la fin.»