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Chez Lise : les immeubles mis en vente, 130 résidents menacés

Il y a 12 heures
Modifié à 16 h 51 min le 21 mai 2025
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Les sept immeubles de Chez Lise sont à vendre au coût de 9,5 M$. (Photo : Le Courrier du Sud : Sylvain Daignault)

Le complexe d’hébergement communautaire Chez Lise, une ressource unique et bien ancrée dans le paysage social de Longueuil, est à vendre. Cette décision soulève de vives inquiétudes quant à l’avenir des quelque 130 résidents qui y vivent, certains depuis plus d’une décennie.

Selon des informations obtenues par Le Courrier du Sud, les sept immeubles qui composent Chez Lise — totalisant plus de 131 unités — ont été mis en vente pour la somme de 9,5 M$. Ce lieu d’hébergement, fondé dans les années 1970, s’est imposé au fil des décennies comme une alternative aux établissements psychiatriques et centres d’hébergement traditionnels, en accueillant une clientèle souvent marginalisée.

Les immeubles sont situés sur le chemin de Chambly, la rue Caroline, la rue Gentilly Est et la rue Saint-Alexandre, tous dans l’arr. du Vieux-Longueuil.

En 2020, l’infirmière clinicienne Sophie Noreau et la comptable Marie-Claude Lapointe ont repris les rênes d’un organisme à vocation sociale, devenant copropriétaires dans l’espoir d’en préserver la mission. Leur engagement reposait sur un accord verbal incluant un prêt à faible taux, le maintien à domicile de la fondatrice aujourd’hui âgée et presque aveugle, ainsi que la continuité du modèle communautaire.

Quelque 130 personnes habitent dans les immeubles concernés. (Photo : gracieuseté) 

Mais depuis deux ans, un différend oppose les deux actionnaires. Un litige judiciaire est en cours et malgré plusieurs offres de rachat soumises par l’une et l'autre des parties, aucun terrain d’entente n’a été trouvé. Aucune explication claire n’a été donnée pour justifier le refus des propositions.

Devant l’impasse, la vente du complexe est désormais envisagée comme seule solution. Une perspective qui plonge les résidents et la douzaine d’employés dans l’incertitude, aucun plan de relocalisation ni de sauvegarde de la mission sociale n’ayant été annoncé.

Marie Julie Sauvé et Frank Hoytink, deux membres du CA de l'organisme Le Rucher de Longueuil, déplorent grandement cette situation dans un communiqué envoyé au journal. 

Dans ce même communiqué, des employés s’inquiètent du sort de Chez Lise et demandent donc une intervention urgente de la part des autorités publiques afin de ne pas laisser s'écrouler ce service essentiel à plusieurs personnes.

Droit de préemption

En réponse aux questions du Courrier du Sud, la Ville se dit préoccupée par la préservation de la mission de Chez Lise et par la mise en vente sur le marché privé des immeubles. 

«Pour cette raison, le conseil de la Ville de Longueuil a décidé d’assujettir les immeubles de Maison Chez Lise au droit de préemption le 15 avril dernier. Il s’agit d’un assujettissement et non pas d’une application immédiate du droit de préemption. L’usage du droit de préemption sera évalué par la Ville si une offre d’achat est acceptée sur les immeubles», nuance la Ville, en ajoutant que ce mécanisme est l’un des rares leviers à sa disposition pour s'assurer que la vocation communautaire soit maintenue. 

Advenant que la Ville exerce son droit et devient propriétaire, «un OBNL serait désigné pour en assurer la gestion à long terme», précise-t-on. 

La Ville mène actuellement une étude afin de brosser un portrait précis des maisons de chambres sur son territoire et d’identifier les meilleures pratiques pour en assurer la pérennité. Dans la foulée de cette étude, et à l'approche de la refonte réglementaire prévue en juillet, de nouvelles mesures seront mises en place pour favoriser tant la conservation des maisons existantes que la création de nouvelles unités.