Opinion

Choisir entre le lait et l’électricité ?

le mardi 06 septembre 2022
Modifié à 17 h 44 min le 02 septembre 2022
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

René Vézina (Photo gracieuseté)

Au printemps, Québec a augmenté les tarifs d’électricité de 2,6%. Bien des gens ont rouspété, et encore, le choc aurait pu être pire si la hausse avait reflété l’inflation, qui est devenue théoriquement la nouvelle base de calcul pour le gouvernement.

Reste que cette ponction vient affecter les finances des ménages.

Vers la même période, la hausse de 8,4% décrétée par la Commission canadienne du lait est entrée en vigueur sans faire trop de vagues.

Mais maintenant que la livre de beurre se détaille 8$ au supermarché –  un record –, on commence à se rendre compte de l’impact de cette autre décision.

Et ce n’est pas fini puisqu’une nouvelle augmentation est prévue pour bientôt. Dans le cas du beurre, la flambée est de 24%, bien plus que pour le lait lui-même!

Je sais, tout le monde a besoin d’électricité. Mais à part les véganes, rares sont quand même les gens qui ne consomment aucun produit laitier, fromages, yogourts, beurre ou autre. Il n’est pas exagéré de parler d’un aliment de première nécessité. Et si le beurre coûte plus cher, toute une gamme de produits qui en contiennent deviennent également plus dispendieux.

Difficile de s’en sortir indemne!

Mais pourquoi sommes-nous si prompts à gronder lorsque montent les tarifs d’électricité, et pourquoi nous résignons-nous lorsqu’on nous inflige à répétition des hausses du prix du lait?

Oui, il y a toujours cette image bucolique de la campagne et des fermes laitières, mais dans les faits, elles sont de moins en moins nombreuses. Le déclin est saisissant. Au Québec, on comptait 10 108 producteurs laitiers en 1999 contre 4 825 en 2020.

De toute évidence, les plus petits n’arrivent plus à suivre. Les installations qui restent sont de plus en plus grosses et les coûts augmentent. Les autorités réglementaires nous refilent une partie de la facture.

C’est vrai que tout coûte plus cher. Le plus récent relevé de l’indice de prix à la consommation, par Statistique Canada, signalait une hausse moyenne de 10% pour les aliments sur une base annuelle, en juillet.

Les produits de boulangerie? 13,6%. Les œufs? 15,8%. Quant au boeuf, on en perd la trace dans la stratosphère tellement il a grimpé.

Est-ce une fatalité? Pas nécessairement. Une bonne partie de ces augmentations sont conjoncturelles, c’est-à-dire qu’elles dépendent de la situation présente, notamment à cause de l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a resserré l’approvisionnement mondial en blé. Pendant ce temps, le coût du carburant recommence à baisser, lui qui pèse fort sur les dépenses globales. Comme dirait l’autre, ça va finir par finir.

Mais dans le contexte où 56% des Canadiens se disent incapables de faire face à l’inflation, selon un récent sondage Angus Reid, ne pourrait-on pas penser à des mesures transitoires et immédiates, comme quelque crédit que ce soit, pour aider à soulager cette angoisse? Quel bel engagement ce serait durant cette campagne électorale!