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Cinq pompiers sauvent un collègue d'un incendie

le mardi 01 novembre 2022
Modifié à
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Mathieu Brisebois explique que les constructions récentes sont moins solides que les bâtiments datant de plusieurs décennies: les risques d’effondrement sont plus élevés. (Photo: Le Courrier du Sud − Archives)

Cinq pompiers de l’unité 22-2 du Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil ont reçu une médaille pour acte méritoire de la part du gouvernement du Québec, le 13 octobre, à la suite du sauvetage d’un collègue digne d’une scène de film. Entrevue avec les récipiendaires qui reviennent sur l’événement. 

Ils se trouvaient sur une intervention, chemin du Coteau Rouge à Longueuil, lorsqu’ils ont été appelés pour un incendie majeur dans une résidence de la rue Lugano à Brossard, le 21 avril 2021.

«À notre arrivée, le feu s’était propagé aux étages supérieurs. Les flammes sortaient par les fenêtres», décrit le lieutenant Mathieu Brisebois.

Son équipe a eu pour mandat de s’attaquer aux flammes en se rendant dans la cuisine, endroit névralgique de l’incendie. La visibilité était pratiquement nulle à cause de la fumée dense. 

«C’est très difficile de se situer», commente Dominic Malette.

Dominic Malette, Marc-André Roy, Mathieu Brisebois, Marc Montpetit et Xavier Lambert. (Photo gracieuseté)

En plus, les pompiers devaient faire attention de ne pas tomber dans un grand trou qui s’était formé au centre du plancher de la cuisine. 

Marc-André Roy se souvient des flammes qui sortaient du sous-sol.  «Ça nous lichait un peu. C’était très chaud et la chaleur du plafond nous descendait dessus. J’ai refroidi notre espace de travail parce que ça devenait pas mal insoutenable», relate-t-il.

Mayday

À un moment, les pompiers ont entendu un appel de détresse: un effondrement a agrandi le trou, entraînant le chef Martin Girard, coincé au sous-sol. 

Marc-André Roy a donné la lance au pompier afin qu’il éteigne les flammes l’entourant. Pour sa part, son collègue Xavier Lambert s’est approché à plat ventre, pour éviter un nouvel effondrement. 

«On a tiré sur la lance pour le tirer hors du trou, mais ça n’a pas marché. Martin s’est accroché au plancher du rez-de-chaussée», explique M. Roy. 

Le lieutenant Mathieu Brisebois a retrouvé ses deux collègues et avec le pompier Lambert, il a agrippé Martin Girard. Puis, Dominic Malette et Marc Montpetit se sont joints aux efforts. 

«On a essayé de l’accrocher avec un tuyau et une gaffe, un bâton qu’on utilise pour arracher des choses. Il était vraiment coincé», détaille M. Malette qui, parmi les pompiers impliqués, cumule le moins d’années d’expérience.

Point tournant

Xavier Lambert a alors l’idée d’utiliser sa sangle multiusage. 

«J’avais le contact visuel avec Martin et je voyais qu’il avait hâte de sortir, se souvient-il. En sachant qu’on était tous en sécurité, j’ai sorti la sangle pour bien tirer Martin.»

«Ç’a été le point tournant de l’intervention», juge Mathieu Brisebois.

«On a réussi en allant chercher, avec la sangle, le bas de la bouteille [d’oxygène], et en tirant, renchérit-il. Nos autres pompiers nous retenaient par les pieds, car on avait la tête en bas, dans le trou.»

En peu de temps, les pompiers sont sortis par la porte-patio. Dominic Malette a mené le chef Martin Girard à l’extérieur.

«J’ai constaté que c’était vraiment une situation d’urgence quand je l’ai couché dehors. Quand j’ai enlevé son masque, il avait les yeux tout rouges», se remémore-t-il.
Personne n’a été blessé.

Communiquer

Les combattants des flammes soulignent que c’est le travail d’équipe qui a fait de ce sauvetage un succès.
«Chacun a tenu un rôle important, partage Xavier Lambert. [À un moment], pour que je ne glisse pas, Mathieu tenait le chef, Marc nous tenait, et Marc-André nous tenait et arrosait!»

«L’intervention s’est bien passée parce qu’on a communiqué beaucoup», ajoute Dominic Malette.

Le lieutenant Mathieu Brisebois n’hésite pas à dire que c’est grâce à la présence des cinq pompiers qu’ils ont accompli leur mission. «Si on avait été quatre ou trois, je ne pense pas qu’on aurait réussi», estime-t-il. 
 

 

Marc Montpetit (Photo: Le Courrier du Sud − Archives)

 

Fierté et risques calculés

«On a mis notre vie un peu en danger, mais ça fait partie du travail. On prend toujours des risques, mais ce sont des risques calculés, expose le lieutenant Mathieu Brisebois. Ils ont fait un travail exceptionnel. Je leur en suis reconnaissant, et je pense que M. Girard aussi.»

«C’est le type d’intervention qu’on aime parce qu’il n’y a pas de victime, renchérit Dominic Malette. C’est pour ça aussi qu’on a bien vécu l’intervention.»

Marc-André Roy voit cette médaille comme une source de fierté. 

Quant à Marc Montpetit, c’est la deuxième fois en deux ans qu’il reçoit un tel honneur. En 2021, une intervention avec son frère Martin dans un immeuble à logements avait été récompensée.

Marc Montpetit, sur les lieux. (Photo: Le Courrier du Sud - Archives)

«La première fois, mon frère et moi, on l’avait décrochée, mais il y avait plusieurs personnes aussi sur l’intervention. Pourquoi moi et Martin avons reçu la médaille? Je ne sais pas, dit-il humblement. Celle-là, je pense qu’on la mérite tous.»