Actualités

Compétition annulée pour la patineuse Julianne Séguin

le lundi 16 novembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 16 novembre 2015

SÉCURITÉ. Être un athlète élite internationale signifie souvent avoir un horaire chargé et être dans sa bulle au point de ne plus suivre l'actualité. Pourtant, la réalité a rattrapé la patineuse Julianne Séguin et son partenaire Charlie Bilodeau lors des attentats de Paris vendredi, eux qui étaient à Bordeaux pour une compétition.

Même si la Longueuilloise était en France pour le Grand Prix de l'Union internationale de patinage (ISU), appelé le Trophée Éric Bompard, elle n'a su qu'au milieu de la matinée samedi qu'un événement tragique s'était passé à Paris. Celle qui venait d'obtenir la 3e place du programme court derrière des couples russe et français a toutefois rapidement compris qu'il y aurait des conséquences sur la compétition, qui a finalement été annulée.

Sommeil profond, réveil brutal

«J'étais encore dans l'enceinte sportive vendredi soir lorsque la tuerie a débuté, mais je ne me doutais de rien, raconte Julianne au Courrier du Sud. J'ai quitté pour l'hôtel vers 21h30 et arrivée sur place, pas de télévision ou d'internet. J'étais fatiguée et nous avions une grosse journée le lendemain alors, j'ai pris ma douche et suis allée au lit immédiatement. Ce n'est qu'après mon réveil, en consultant Facebook, que j'ai su qu'il s'était passé quelque chose de grave à Paris. Quand j'ai rejoint Charlie et l'entraîneuse Josée Picard, j'ai appris plus de détails. Je ne réalisais pas encore toute l'ampleur de la catastrophe jusqu'à une réunion d'urgence des athlètes, convoquée par l'organisation.»

Les rumeurs voulaient d'abord que la compétition se poursuive sans public, pour des raisons de sécurité.

«Mais un décret gouvernemental nous est parvenu avec l'interdiction de toute compétition sportive officielle en France. L'ambiance était émotive, du jamais vu pour moi. Il y a eu une minute de silence et des chants ont suivi. Nous avons su que l'annulation était surtout due à une forme de respect pour tous les disparus et les gens endeuillés. Comme athlètes, nous étions déçus mais comme êtres humains, c'était le gros bon sens et nous comprenions la situation.»

Elle n'a pu voir les réactions des athlètes français. «Ils étaient très en demande par les médias, surtout que certains compétiteurs étaient des Parisiens et qu’ils ont quitté très rapidement l'enceinte.»

Charlie et Julianne ont donc passé une journée de tourisme improvisée comme ils s'en permettent rarement. «Nous avons été surpris de voir à quel point la ville était calme et que presque rien n'y paraissait. À l'aéroport de Paris, c'était la même chose. Il y avait de la sécurité, mais rien d'extrême comme nous nous y attendions. Il y avait un calme presque désarmant dans les circonstances.»

Annulation historique

L'annulation d'un Grand-Prix déjà débuté était une première dans l'histoire du patinage artistique international. Mais le retour précipité de Julianne et Charlie, décidé par le Canada, n'a pas surpris la patineuse.

«Dans la vie des athlète, les temps morts sont toujours évités. Nous avons des entraînements stricts et des horaires chargés. Les journées de compétition à l'étranger sont très dispendieuses. C'était mieux pour tout le monde de revenir le plus tôt possible.»

Côté sportif, elle est satisfaite de sa courte sortie française. «Nous avions terminé 3es au Grand Prix Skate America une semaine plus tôt et nous avons obtenu le même nombre de points pour notre programme court à Bordeaux, malgré certaines erreurs. C'est rassurant, car nous allons maintenant corriger ces erreurs d'ici notre prochaine compétition à Edmonton. C'est une qualification pour les Championnats canadiens de janvier. Nous sommes déjà qualifiés, mais nous y serons pour tester les ajustements dans nos routines et garder la forme», conclut-elle.