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Réactions à la série Fugueuse: l'équipe Mobilis informent les parents

le jeudi 22 mars 2018
Modifié à 12 h 43 min le 22 mars 2018
Par Sarah Laou

slaou@gravitemedia.com

PRÉVENTION. Consultée par l’auteure de la série télévisée Fugueuse au sujet de la réalité des gangs de rue, l’équipe Mobilis du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est a offert une première rencontre d’information à destination de parents d’adolescents le 15 mars, à Longueuil. Après la diffusion de Fugueuse sur TVA racontant la descente aux enfers de Fanny, 16 ans, les membres de Mobilis spécialisés dans l’intervention auprès de jeunes affiliés aux gangs de rue ont constaté une recrudescence de parents inquiets, mal informés et démunis face au phénomène. Voir aussi: Une spécialiste de la région conseillère pour la série télé Fugueuse En effet, comme l’illustre la série, l’engrenage de la prostitution juvénile peut aussi bien toucher des familles dites «sans histoires». Il s’agit donc, selon les agentes de développement et de planification de l’équipe Mobilis Carole Demers et Pascale Philibert, de sensibiliser les jeunes, mais aussi les parents à identifier et à prévenir les risques. «On a suivi de près la série qui dépeint bien la dynamique de l’exploitation sexuelle, souligne Pascale Philibert. C’est difficile à regarder, mais il faut se dire que la réalité est parfois pire. Ç’a aussi le mérite de mettre en lumière ce problème et de montrer que ça n’arrive pas qu’aux familles avec des problèmes.» [caption id="attachment_47440" align="alignnone" width="438"] En début de relation, Damien couvre Fanny de cadeaux et la complimente.[/caption] La spécialiste explique notamment que si la plupart des garçons rejoignent un gang pour se valoriser ou échapper à l’intimidation, les filles, en revanche, tombent dans la spirale de l’exploitation sexuelle par amour.
Le Centre de jeunesse de la Montérégie identifie ainsi chaque année près d’une centaine de jeunes filles, dont 20% ont moins de 14 ans, qui sont exploitées ou qui présentent des risques importants d’affiliation aux gangs de rue.
Le Centre de jeunesse de la Montérégie identifie ainsi chaque année près d’une centaine de jeunes filles, dont 20% ont moins de 14 ans, qui sont exploitées ou qui présentent des risques importants d’affiliation aux gangs de rue. Bien que ce phénomène reste préoccupant, l’équipe Mobilis tient cependant à rappeler que ce ne sont pas tous les jeunes qui seront pris au piège. «En suivant les réseaux sociaux, on s’est aperçu qu’il y avait des réactions extrêmes de parents qui, après avoir visionné la série, ne voulaient plus laisser sortir leur fille», commente Mme Philibert, en précisant qu’il ne s’agit en aucun cas d’une solution et conseille plutôt aux parents d’aborder le sujet avec les jeunes. «On s’est demandé ce qu’on pouvait faire en matière de prévention pour le grand public. C’est alors qu’on a décidé de lancer ces séances d’information à l’intention des parents.» Aborder le sujet avec le jeune La première réunion d’information de Mobilis, intitulée «Comment aborder le sujet de l’exploitation sexuelle avec vos jeunes?», s’est donc déroulée dans les locaux du CISSS de la Montérégie-Est, en présence d’une dizaine d’intervenants de la Rive-Sud spécialisés auprès des adolescents et d’une soixantaine de parents.
D’après la spécialiste, il est possible de sensibiliser les jeunes dès l’âge de 10 ans. Elle invite d’ailleurs les parents à utiliser des supports adaptés en fonction de la maturité de l’enfant, tels que des livres ou des vidéos pouvant servir de prétexte à la discussion.
En plus de fournir de la documentation, les deux membres de l’équipe Mobilis ont présenté statistiques et conseils tout en ponctuant leur présentation par des exemples de cas; ce qui a permis aux parents présents dans la salle de mieux comprendre, prévenir et intervenir auprès des adolescents. «Les jeunes sont souvent naïfs et il ne faut pas avoir peur d’aborder ces sujets-là avec eux, a répété à plusieurs reprises Pascale Philibert durant la soirée en s’adressant aux parents. Encouragez-les à parler de ce qu’ils vivent. Parlez de vos valeurs, de ce que vous acceptez et de ce que vous n’acceptez pas. Expliquez-leur les risques liés à la criminalité et répétez, souvent. L’idée est de leur donner des moyens de s’en sortir s’ils se retrouvent dans des situations délicates. C’est ce qui fera la différence.» D’après la spécialiste, il est possible de sensibiliser les jeunes dès l’âge de 10 ans. Elle invite d’ailleurs les parents à utiliser des supports adaptés en fonction de la maturité de l’enfant, tels que des livres ou des vidéos pouvant servir de prétexte à la discussion. «Croyez au potentiel de votre enfant et donnez-lui les outils nécessaires», ajoute Mme Philibert, qui précise qu’occuper les jeunes avec des activités culturelles, sportives et des sorties en famille font aussi partie des aspects préventifs. Prise de conscience Dans le cas où un jeune est déjà aux prises avec des gangs de rue, la spécialiste conseille de ne pas le confronter et de ne pas rompre le dialogue. «C’est un travail de longue haleine lorsqu’un jeune est affilié et qu’il y a de la délinquance, mais il ne faut jamais rompre la communication. N’attendez pas non plus d’aller chercher de l’aide.» «Invitez le jeune à douter sur son entourage et semez la confusion dans son esprit en lui faisant prendre conscience des risques de la criminalité », a lancé Pascale Philibert lors de la séance. Elle encourage les parents à expliquer aux jeunes les conséquences encourues s’il commet des délits, s’il consomme de l’alcool, des drogues ou s’il se retrouve dans des situations d’exploitation sexuelle. D'autres soirées d'information devraient avoir lieu dans les prochains mois. Rens.: http://www.centrejeunessemonteregie.qc.ca/mobilis