Coop Aide chez soi Rive-Sud : les enjeux de l’aide à domicile
Les nouvelles installations de la rue Leblanc (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)
Il était presque incongru que Coop Aide chez soi Rive-Sud ne soit pas dotée d’installations accessibles, considérant que la majorité de ses clients sont des aînés à mobilité réduite. Cet enjeu est résorbé depuis son récent déménagement sur la rue Leblanc, dans l’arr. du Vieux-Longueuil.
Ce changement d’espace était un «rêve», n’hésite pas à dire le président du CA Jean Bergeron, d’autant plus que la coopérative est maintenant propriétaire des lieux.
Les installations sont davantage adéquates pour accueillir l’équipe, grandissante au fil des ans, passant d’une trentaine d’employés en 2009 à quelque 200 aujourd’hui. Par la nature même de la mission de la coopérative, qui offre de l’aide à domicile, seulement une quinzaine d’employés fréquentent le bureau.
Un employé à temps plein et deux à temps partiel se consacrent à l’ouverture de dossiers. Si la Coopérative a réussi à diminuer la liste d’attente, la demande demeure forte : plus de 4400 membres actifs, répartis sur le vaste territoire desservi, passant de Varennes jusqu’à Saint-Amable et Sainte-Julie. L’agglomération de Longueuil représente 60% des heures travaillées.
Les services d’aide à la vie domestique (AVD) tels entretien léger et lourd, courses et repas, ainsi que les services d’aide à la personne (soins d’hygiène, référés par le CLSC) sont les plus sollicités au sein de cette coopérative affiliée au Réseau de coopération des entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD).
Le répit aux proches aidants, les services alimentaires dans les résidences pour aînés ou encore la coiffure complètent l’offre. «Les gens commencent souvent par un service, puis au fil du temps, d’autres besoins se manifestent», décrit Ihsane El Bakkal, directrice générale.
Pierrette Lacasse, membre utilisateur, est entourée du président du CA Jean Bergeron et de la directrice générale Ihsane El Bakkal. (Photo: Gracieuseté)
Métier exigeant, rétention difficile
La pénurie de main-d’œuvre n’épargne pas la Coop. Mais au-delà de l’embauche, c’est la rétention du personnel le véritable enjeu.
Car le métier est plus ardu qu’il n’y paraît. Durant l’entrevue, la directrice générale tient à exposer les enjeux du métier.
«Certains croient que parce qu’ils font le ménage chez eux, ils peuvent le faire ailleurs. Mais faire de l’entretien ménager pendant six heures, c’est autre chose. C’est très exigeant physiquement et les tâches sont répétitives, évoque Mme El Bakkal. Un travailleur peut déneiger trois à quatre fois sa voiture dans une journée de tempête.»
Le travail exige aussi de se déplacer sur le territoire.
Et, «il faut dire qu’il y a parfois des clients difficiles : ce sont des personnes âgées, des personnes en perte cognitives et il y a des personnes qui sont moins habituées de côtoyer des gens issus de minorités, alors que ceux-ci sont nombreux à exercer le métier», relève-t-elle.
Les immigrants et réfugiés comptent pour une grande partie des AVD et la Coop Aide chez soi Rive-Sud mise aussi sur le recrutement à l’international.
En contrepartie de ces embûches, la flexibilité d’horaire est très attrayante. Et la coopérative se fait un devoir de «réinvestir beaucoup dans les conditions de travail», avec entre autres un salaire horaire de base de 19,38$.
La Coop donne sur place des formations aux préposés. Les recrues sont accompagnées lors de leurs premières visites chez des clients.
Financement
Les services d’aide à la vie domestique sont partiellement financés par la Régie d’assurance-maladie du Québec (RAMQ). Cette dernière offre une aide financière de l’ordre de 4$ à 24$/heure, selon la situation de l’utilisateur.
«Certains ont un service par semaine, mais ils en auraient besoin de deux ou trois, illustre Mme El Bakkal. Parfois, on se demande comment ils y arrivent.»
Les 15 M$ accordés par Québec pour bonifier le Programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique (PEFSAD) permettront peut-être de rendre ce deuxième ou troisième service plus accessible.
L’aide à la personne, toutefois, ne reçoit pas cet appui de la RAMQ. «Monsieur et madame Tout-le-Monde qui n’a pas accès à ce service doit passer par le CLSC pour avoir un bain, déplore Ihsane El Bakkal. C’est un combat de longue date de faire entrer les services d’aide à la personne dans le PEFSAD.»