Coupe d'arbres sur King-Edward: Longueuil adoptera une nouvelle politique de l'arbre

ENVIRONNEMENT. La Ville de Longueuil tirera une leçon du tollé suscité par l'abattage d'arbres matures par l'entrepreneur Vivesco pour un projet de construction de maisons de ville sur la rue King-Edward. En plus d'avoir adopté des avis de motion pour geler toute demande d'abattage d'arbres d'un diamètre de 30 cm et plus, une nouvelle politique de l'arbre verra le jour.
Rappelons que de nombreux citoyens et résidents se sont indignés d'apprendre que le promoteur immobilier Vivesco avait obtenu un permis de construction lui permettant d'abattre six arbres centenaires sur un terrain de la rue King-Edward. Le permis de construction inclut toutefois la condition de replanter six autres arbres.
Depuis, des avis de motion ont été adoptés lors des séances de conseil d'arrondissement de septembre afin de geler toute demande d'abattage d'arbres de plus de 30 centimètre de diamètre. «Nous souhaitons bonifier la protection des arbres matures et/ou de grandes dimensions, sans restreindre le droit à la propriété», a fait part la conseillère Josée Latendresse, à la séance du 20 septembre.
Éventuellement, toute construction ou aménagement de terrain nécessitant un certificat d'autorisation pour abattre un arbre de 30 cm et plus sera soumis à la procédure d'un Plan d'implantation et intégration architecturale (PIIA).
«Ce sont désormais les constructions qui devront s'ajuster et s'adapter aux arbres et non l'inverse, a formulé Mme Latendresse. C'est très important, c'est au cœur de notre politique. Cette nouvelle façon de faire changera la façon dont nous ménagerons le territoire.»
Cette mesure permettra notamment d'harmoniser la réglementation d'un arrondissement à l'autre. Le cas survenu sur la rue King-Edward a mis en lumière certaines incongruités, alors qu'une portion de la rue est soumis à la réglementation du secteur Le Moyne, et l'autre, de l'arr. de Greenfield Park.
Le résident de la rue King Edward Patrick Hivon a d'ailleurs soulevé le problème lors de de la période de question. «Dans le secteur Le Moyne, on nous dit qu'on n'a pas besoin de PIIA, parce que le développement immobilier s'est toujours fait de façon aléatoire. D'après l'urbaniste, à quoi bon en exiger un puisque tout est disparate. Le quartier est peut-être disparate, mais cela ne nous dispense pas de protéger les arbres.»
Une politique de l'arbre avant 2017
La Ville travaille à l'élaboration d'une nouvelle politique de l'arbre afin de se doter d'un «outil qui encadrera et assurera la pérennité des arbres de notre territoire», a expliqué Josée Latendresse. Des consultations publiques se tiendront au cours des prochains mois.
Pour sa part, la mairesse Caroline St-Hilaire a renchérit en affirmant que «l'on veut que nos promoteurs et toutes nouvelles constructions soit en phase avec cette politique de l'arbre que nous attendons impatiemment.» Mme St-Hilaire a pris l'engagement, en jetant un regard au directeur général, que cette politique soit déposée avant la fin de 2016.
531 appuis et plus
Tout comme à la séance du conseil du 23 août, de nombreux citoyens et résidents de la rue King-Edward ont exprimé leurs inquiétudes à l'égard de la coupe d'arbres matures et sains effectuées par l'entrepreneur Vivesco.
Une pétition de 531 noms décriant la situation a d'ailleurs été déposée.
Le résident Jean-François Couture, qui affirme avoir choisi l'arr. de Greenfield Park il y a cinq ans pour cette conjugaison de «l'effet de campagne et le milieu urbain» voyait en «Vivesco et son fiasco d'intégration arboricole et architecturale» la «transition ratée » vers le virage vert qu'entendait prendre la Ville depuis l'adoption du Plan stratégique de développement durable en 2013.
Tout comme d'autres citoyens, M. Couture a aussi «signifié notre intérêt de faire partie du changement que nous voulons voir dans le monde.»
Ce que dit le règlement
Le règlement que la Ville entend bonifier stipule actuellement que, pour abattre un arbre, le requérant doit prouver que ce dernier est atteint d'une maladie incurable, qu'il est mort, devenu dangereux, constitue une nuisance majeure ou cause des dommages à la propriété publique ou privée.
En ce qui concerne les projets de construction conformes à la réglementation, la coupe d'arbres était autorisée sous certaines conditions, par exemple lorsque les arbres se trouvent sur l'emplacement du futur bâtiment ou 5 mètres de chaque côté.