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COVID-19: le système de santé de la Montérégie a appris de la première vague

le vendredi 02 octobre 2020
Modifié à 15 h 50 min le 09 octobre 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Si, aux dires mêmes du président-directeur général du CISSS de la Montérégie-Centre, «on avait peut-être collectivement baissé la garde face aux pandémies», le système de santé a beaucoup appris depuis l’arrivée de la COVID-19 dans nos vies. Si bien qu’aujourd’hui, nos Centres intégrés de santé et de services sociaux se disent prêts à faire face à la deuxième vague. Le personnel de la santé a passé les derniers mois avec «un ennemi invisible qu’on a appris à combattre», affirme le PDG du CISSS de la Montérégie-Centre Richard Deschamps. «On a dû se réapproprier les mesures de prévention des infections, resserrer les règles et apprendre à être encore plus performants dans l’utilisation de l’équipement de protection individuelle (EPI)», explique-t-il.

«Dans nos cours de gestion, on ne nous apprend pas à gérer des pandémies.»

– Richard Deschamps, PDG du CISSS de la Montérégie-Centre

«On a également appris l’importance de limiter au maximum la mobilité du personnel, ajoute-t-il. C’est fort probablement notre plus grand enseignement de la première vague.» «Dès la fin mai, on a fait le bilan pour voir ce qui avait bien fonctionné pendant la première vague, ce qu’on n’avait pas prévu et ce qu’on devrait abandonner comme pratiques, explique la PDG du CISSS de la Montérégie-Est Louise Potvin. Dès début juillet, on a donc commencé à se préparer à la deuxième vague.» Hausse de la transmission communautaire Contrairement au printemps dernier, le virus est aujourd’hui plus présent dans la communauté. «Notre plus grand danger est ainsi que nos employés soient contaminés, et qu’ils propagent ensuite le virus à leurs collègues et aux usagers», explique le PDG de la Montérégie-Centre. [caption id="attachment_97741" align="alignleft" width="444"] Le PDG du CISSS de la Montérégie-Centre Richard Deschamps[/caption] Il note à cet effet une éclosion au CHSLD Champlain, à Brossard, où, en date du 30 septembre, on comptait 15 usagers et 7 membres du personnel infectés. «La COVID est bien revenue dans les installations depuis vendredi [25 septembre]», affirme-t-il. La direction du CISSS multiplie donc les communications et rencontres avec le personnel pour lui rappeler de respecter les consignes sanitaires, au travail et à la maison. «Si on ne le fait pas, on va échouer collectivement», laisse tomber Richard Deschamps. Équipes surchargées Lors de la première vague, la propagation du virus chez les employés a eu un impact important sur la main-d’œuvre. «Avec plusieurs centaines d’employés infectés, la pression était grande sur ceux qui restaient, souligne Richard Deschamps. Je remercie d’ailleurs tout le personnel qui a tenu le fort ces derniers mois.» Au CISSS de la Montérégie-Est, plus de 600 employés ont contracté le virus lors de la première vague. «Et on a toujours un groupe d’employés – soit 277 sur 14 786 – qui sont absents des lieux de travail, ayant une condition qui les met plus à risque face au coronavirus, explique Louise Potvin. Ça peut paraître petit comme chiffre, mais chaque employé est tellement important.» Protéger les aînés Alors que les autorités anticipaient une pression accrue sur les ressources hospitalières lors de la première vague, ce sont plutôt les CHSLD et les résidences pour personnes âgées (RPA) qui ont été les plus durement touchés. Une situation que les CISSS de la Montérégie ne veulent pas revivre. «On a de vieux CHSLD qui ne sont pas aux normes, entre autres en ce qui concerne la ventilation, rappelle le PDG de la Montérégie-Centre. Pendant la première vague, on isolait les gens infectés dans la même bâtisse mais cette fois-ci, on les isolera à l’extérieur du site, afin d’éviter une propagation élargie.» [caption id="attachment_97740" align="alignright" width="444"] La PDG du CISSS de la Montérégie-Est Louise Potvin[/caption] L’arrivée de nouveaux préposés aux bénéficiaires (PAB) a également permis aux équipes en place de souffler un peu. «Au printemps, il manquait 285 PAB dans l’ensemble de nos établissements, majoritairement en CHSLD, explique la PDG de la Montérégie-Est. Avec la graduation de la première cohorte en septembre, on en a ajouté 524 préposés et on est maintenant en surplus», se réjouit-elle. En Montérégie-Centre, on retrouve actuellement 372 étudiants ayant terminé leur formation dans les CHSLD. «Les préposés aux bénéficiaires sont des ressources précieuses et nous en avions grandement besoin, précise le CISSS. Ils étaient très attendus et ils sont sans contredit un soutien précieux et bénéfique pour nos équipes et auprès de nos résidents.» Louise Potvin souligne également la présence sur le terrain de 1000 «champions», des employés ayant suivi une formation plus poussée sur le contrôle des infections, ainsi que la nomination d’un gestionnaire responsable pour chaque centre d’hébergement et résidence. Meilleur gestion des équipements Si certains établissements de la province ont manqué de fournitures essentielles et d’EPI au cours de la première vague, la Montérégie s’en est un peu mieux sortie. «Pour les fournitures utilisées à très grand volume, on doit s’assurer que les stocks peuvent durer quelques jours, explique Louise Potvin. Pendant la première vague, on n’en a pas manqué, mais on n’avait pas ces quelques jours de réserve.» Une situation qui a causé du stress à certains employés, inquiets «de ne pas avoir des piles de masques» en stock, image Mme Potvin. «On a désormais centralisé la gestion des inventaires, afin de s’assurer que tout le monde ait accès à ce dont il a besoin», assure-t-elle. «On a toujours été à la limite des stocks d’EPI pendant la première vague, admet lui aussi Richard Deschamps. Mais actuellement, on a une belle réserve.» Des «équipes d’intervention tactique» à la rescousse À l’image de plusieurs corps policiers, nos deux CISSS ont désormais eux aussi leurs «équipes d’intervention tactique», ou SWAT Teams. «On a renforcé nos équipes de protection et de contrôle des infections (PCI), explique le PDG de la Montérégie-Centre. On a maintenant des SWAT Teams formées entre autres d’experts cadres, de médecins et de spécialistes PCI qui sont prêtes à intervenir en cas d’éclosion dans un établissement.» La PDG de la Montérégie-Est parle quant à elle de SWAT Teams en charge du dépistage. «Lorsqu’il y a plus de 15 personnes qui doivent subir un test de dépistage dans une école, on se déplace pour effectuer le tout sur place.» Autrement, les personnes sont dirigées vers les centres de dépistage mobiles ou sur rendez-vous, qui fonctionnent bien, selon la PDG. «Il y a eu des pointes d’achalandage récemment dans les cliniques mobiles, mais ça s’est résorbé», assure-t-elle, tout en rappelant que même s’il est sans rendez-vous, le dépistage mobile s’adresse aux personnes référées par la Santé publique parce qu’elles ont eu un contact direct avec une personne infecté ou parce qu’elles présentent un ou plusieurs symptômes.

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