Crise du logement : l'itinérance en hausse, s’alarment les intervenants
Caroline Derome aurait volontairement été renversée par un automobiliste alors qu’elle était en situation d’itinérance. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)
La récente montée de l’itinérance à Brossard inquiète les acteurs communautaires, qui dénoncent un manque criant de ressources pour les personnes en situation de précarité.
Pour Sylvie St-Amant, coordonnatrice du Centre de femmes Com’Femme et membre active de la Table de concertation de Brossard, ce geste survenu récemment vient souligner une réalité souvent occultée : celle des sans-abris dans une ville perçue comme prospère.
«Le manque de logements sociaux à Brossard est immense. On considère la ville comme aisée, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde», affirme Mme St-Amant.
Comme plusieurs de ses collègues du milieu communautaire, elle redoute les conséquences de la possible fermeture de la Maison Chez Lise à Longueuil, un refuge important pour les personnes vulnérables. Une telle décision pourrait, selon elle, précipiter plusieurs résidents dans la rue. «Cette histoire met en lumière le manque de financement des organismes communautaires», déplore-t-elle.
Mme St-Amant appelle à un changement de regard envers les personnes en situation d’itinérance. «Le pire qu’on peut faire, c’est de les ignorer. On peut les saluer, leur dire bonjour, leur demander s’ils ont besoin d’aide. Ce sont des êtres humains à part entière.»
@ST:Stupéfaction
Directeur de la Halte du coin à Longueuil, un refuge qui accueille quotidiennement une quarantaine de personnes, Pierre Rousseau était présent lors du point de presse de Caroline Derome, le 4 juin. «Ma première réaction a été la stupéfaction. Je ne peux pas croire qu’on en soit rendu là comme société. Que des gens s’en prennent délibérément à des personnes sans-abris.»
Pour lui, la cohésion sociale est un enjeu quotidien. «On demande aux citoyens de faire preuve d’ouverture. Et de notre côté, nous demandons aux personnes en situation d’itinérance de gérer leur comportement. L’itinérance n’est pas un droit de faire ce qui nous plait», souligne-t-il.
Le directeur de la Halte du Coin souligne la grande collaboration du Service de police de l’agglomération de Longueuil et des policiers RÉSO qui interviennent directement auprès de cette clientèle parfois difficile.
Ouverte à l’année, la Halte du coin compte 35 intervenants.
2000 personnes en attente d’un logement
Selon l’Office d’Habitation de Longueuil (OHL), le nombre de requérants en attente de logement HLM ou logement subventionné s’élève à 1370 alors que le nombre de requérants en attente d’un logement abordable est de 727.
Conseillère à la direction générale et ressources humaines à l’OHL, Nathalie Lacelle précise que 66% des requérants sont personnes seules, 15% sont composés de familles monoparentales, 10% de familles biparentales et 9% de couples sans enfants.