Crise du logement : des organismes de Longueuil tirent la sonnette d’alarme
Quatre organismes communautaires de Longueuil dénoncent la précarité économique causée par un manque de logements abordables. (Photo : gracieuseté)
En cette période de déménagements, quatre organismes communautaires de Longueuil unissent leur voix pour dénoncer une crise du logement devenue permanente. Le Comité logement Rive-Sud (CLRS), le Centre des femmes de Longueuil, la Maison La Virevolte et la Coalition pour le droit au logement de l'agglomération de Longueuil (CDLAL) interpellent les autorités sur une situation qui ne cesse de s’aggraver, particulièrement pour les ménages locataires les plus vulnérables.
Depuis 2018, la flambée des loyers — combinée à une pénurie de logements disponibles — fait grimper l’insécurité résidentielle. À Longueuil, le loyer moyen a bondi de 58 % en six ans, pour atteindre 1177 $ en 2024, tandis que les revenus n’ont progressé que de 14 % au Québec. Selon la Santé publique de la Montérégie, plus du quart des ménages de l’agglomération consacrent une part excessive de leur revenu au logement.
L’augmentation fulgurante de l’itinérance sur la Rive-Sud dans les dernières années témoigne de l’ampleur de la présente crise du logement selon les intervenants concernés. (Photo : gracieuseté)
Les impacts sont concrets : hausse de l’itinérance, familles entassées dans des logements trop petits ou inadéquats, femmes forcées de rester dans des milieux violents faute d’alternatives. «La situation se détériore, surtout pour les familles nombreuses et les nouveaux arrivants», résume Tristan Lavoie-Kartner de la Maison La Virevolte. Du côté du Centre des femmes de Longueuil, Sophie Tétrault-Martel rappelle que «sans logements sociaux, il est illusoire de vouloir enrayer la violence faite aux femmes».
Le Comité logement Rive-Sud (CLRS) observe lui aussi une forte hausse des demandes d’aide, et la CDLAL dénonce l’inefficacité des programmes actuels pour répondre à l’urgence. «Le concept de logement abordable selon Québec ne tient pas compte des réalités des personnes en situation de pauvreté», soutient sa coordonnatrice, Soumeya Hida.
«Les logements sont rendus trop chers. Et ceux qui sont moins cher sont souvent insalubres», ajoute Mme Hida au Courrier du Sud. Elle estime qu’il faudrait au moins 500 logements sociaux de plus par année dans l’agglomération de Longueuil pour améliorer la situation.
«On travaille avec des statistiques datant d’avant la COVID. Il y a une foule de données que nous ignorons, comme le rôle des logements gardés pour la location à court terme sur Airbnb par exemple», souligne Mme Hida.
Selon le Portrait du logement locatif publié par la Santé publique de la Montérégie (2025), 26,5 % des ménages de l’agglomération vivent dans un logement inabordable. (Photo : gracieuseté)
Selon elle, ce 1er juillet est pire que les années passées. «Le stress locatif, la rareté et les hausses de loyers, la discrimination, l'itinérance cachée, etc., se reflètent au 1er juillet, qui est un moment où cette crise éclate au grand jour, si on veut, estime-t-elle.. Le 1er juillet rend la crise du logement particulièrement visible, en fait.»
Selon Caroline Vohl, organisatrice communautaire au CLRS, à longueur d’année, plus d’un appel sur dix concerne la recherche d’un logement. Selon elle, la part trop élevée de leurs revenus attribuée à leur loyer met beaucoup trop de locataires à risque de se retrouver dans l’incapacité de payer et éventuellement à la rue.
10 000 logements sociaux
Les quatre groupes réclament des mesures fortes : construction de 10 000 logements sociaux par an, contrôle obligatoire des loyers, transformation de logements privés en logements sociaux, et meilleure protection des locataires contre les reprises abusives. Un appel clair à cesser la marchandisation du logement et à reconnaître le droit de se loger dignement comme fondamental.