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Daimler refait une beauté au premier camion de l’histoire de l’automobile

Il y a 3 heures
Modifié à
Par Luc Gagné

Cet ancêtre à quatre roues va bientôt se refaire une beauté. Daimler Truck AG en a fait l’annonce par voie de communiqué le 6 août dernier. Pour ce constructeur qui est le plus grand fabricant de camions poids léger, moyen et lourd, d’autobus et d’autocars, cette annonce revêt une importance capitale. Car, Daimler affirme que ce véhicule, qui fêtera son 130e anniversaire en 2026, serait le premier camion de l’histoire.

Au cours des prochaines semaines, ce véhicule sera restauré et remis en état de marche par des apprentis techniciens de l'école Philipp-Matthäus-Hahn de Nürtingen sous la direction d'instructeurs expérimentés. Ce projet servira de qualifications complémentaires pour leur formation sur la restauration de voitures classiques et modernes. « Ce projet allie donc de manière unique tradition automobile, formation moderne et échanges intergénérationnels au sein des artisans », explique le constructeur dans un communiqué.

Le retour de l’ancêtre à Leinfelden-Echterdingen est prévu pour la fin du mois d’août, juste à temps pour une participation à la 20e édition de l’exposition de voitures de collection Spitzkraut Classics à Leinfelden, cet automne. À cette occasion, en plus d’exposer l’ancêtre, les responsables du musée Mercedes-Benz pourront également le faire rouler.

Un peu d’histoire

Le 18 août 1896, Gottlieb Daimler complète la fabrication de ce véhicule équipé d’un moteur à essence. Il ressemble à une voiture à chevaux sans son timon. Il est animé par un moteur Phoenix, un bicylindre de 1,06 L produisant 4 ch installé à l’arrière. Le même moteur sert déjà aux automobiles que fabrique Daimler. Il entraîne les roues arrière à l’aide d'une courroie et consomme 6 L d’essence aux 100 kilomètres; du carburant qu’il faut acheter à un chimiste, à cette époque. Par ailleurs, Daimler a prévu une suspension à lames à l’avant et à ressorts hélicoïdaux à l’arrière, avant tout pour protéger le moteur qui est sensible aux secousses. Après tout, ce véhicule qui a une capacité de charge de 1 500 kg est doté de roues à bandage de fer.

Mais à cette époque où la haute société a accueilli l’automobile à bras ouverts, comme une forme d’enrichissement de la liberté personnelle, le camion de Daimler se heurte à un scepticisme sévère de la part des industriels. Faute d’intérêt de leur part, il est vendu à une entreprise londonienne, la British Motor Syndicate, qui tente d’établir un monopole sur les brevets de l’industrie automobile naissante. Car l’arrivée de ce camion coïncide avec l’abrogation du Red Flag Act.

Imposée en 1865 dans l’ensemble des îles britanniques, cette loi imposait aux propriétaires et opérateurs de véhicules sans chevaux (où à moteur) une vitesse limite de 4 mi/h et l’obligation d’avoir un équipage de trois personnes : deux pour conduire le véhicule et une pour marcher devant, drapeau rouge à la main, afin d'avertir les autres usagers de la route de l’arrivée de cette machine !

Bref, peu après avoir livré ce premier camion à son acheteur britannique, à partir de septembre 1896, Daimler offre une gamme composée de quatre variantes de ce véhicule. La même année, avec son partenaire Wilhelm Maybach, il met au point un second modèle de camion équipé, celui-là, d’un bicylindre Phoenix de 6 ch monté à l’avant, sous le siège du conducteur, et muni d’une boîte de vitesses à quatre rapports à courroie également montée à l’avant.

Premier « camion »… vraiment ?

Les affirmations formulées aujourd’hui par Daimler Truck au sujet de ce véhicule nécessitent de petites précisions. D’abord, le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française définit ainsi le mot camion : « Véhicule automobile de fort tonnage servant principalement au transport routier de marchandises ou à l'entretien des routes et des espaces publics. »

Dans ce cas, il serait plus juste d’attribuer le titre de premier camion de l’histoire au fardier de Nicolas Joseph Cugnot (1724-1804). Construit entre 1769 et 1771, cet ingénieur militaire français l’avait conçu à l’intention de dirigeants de l’armée de Louis XV pour transporter de lourdes charges.

Le véhicule de Daimler pourrait plutôt être désigné comme premier camion de l’histoire fabriqué à des fins commerciales. Il faut aussi préciser que ce véhicule, qu’on voit régulièrement dans le hall du Daimler Truck Campus, siège social du fabricant à Leinfelden-Echterdingen, est une réplique fidèle, et non l’original. Cette réplique a été construite en 1990. À l’époque, ce projet avait coûté l’équivalent d’environ 100 000 $.

Karl Benz pas loin derrière

Le hasard fait parfois bien les choses. En 1896, Karl Benz a fabriqué, pour sa part, ce qui pourrait être le deuxième camion de l’histoire. Rappelons que c’est son entreprise qui sera fusionnée à celle de Gottlieb Daimler pour former Mercedes-Benz, en 1926.

Bref, le 5 décembre 1896, Benz a livré le premier fourgon commercial au magasin Au bon marché, à Paris. Or, quelle autre expression le Grand dictionnaire terminologique propose-t-il pour désigner un fourgon ? Vous l’aurez deviné : un camion fourgon. Ouais, un autre camion !

Photos : Mercedes-Benz

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