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Dans les coulisses du tournage de Pandore : une scène, un plan-séquence, 47 minutes

le vendredi 19 août 2022
Modifié à 9 h 26 min le 19 août 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Jules Ronfard et Zeneb Blanchet en plein tournage. En plus de jouer Alex, un adolescent, l’acteur se transforme par moment en renard qui tourmente les pensées de Pandore. (Photo : Gracieuseté – Lola Meunier)

Pandore est un court-métrage de 47 minutes formé d’un seul plan-séquence qui explore le thème de la cyberpornographie chez les adolescents. Le Courrier du Sud a assisté au tournage au Théâtre de la Ville de Longueuil. Retour sur une production saisissante… et un peu angoissante!

«Action!»

La scène est lancée. Seuls les deux acteurs, Zeneb Blanchet et Jules Ronfard, ainsi que le caméraman, la perchiste et l’accessoiriste – tous en mouvement constant – se trouvent sur le plateau, située dans une grande pièce sombre entourée de rideaux noirs.

Le reste de l’équipe dirige et observe de l’extérieur.

Aucun bruit n’est permis hors du plateau. Aucune erreur n’est permise sur le plateau. Un pépin technique a d’ailleurs forcé l’interruption de la prise précédente, la huitième du tournage.

Derrière le rideau, l’équipe est donc fébrile… et le journaliste aussi! Les mains sont moites et on retient presque sa respiration.

Sur la scène, les deux comédiens rendent vie à leur personnage de façon captivante, rappelant toute la complexité de la période adolescente. Leur interprétation est telle que plus le temps avance, plus le stress se transforme en fascination pour l’histoire qui est jouée.

Puis, après près de 50 minutes sans interruption, on entend finalement «Couper!». S’en suivent les cris de joie, les rires, le soulagement et les anecdotes qui s’enchaînent.

On en déduit que la prise sera la bonne.

Un tournage unique

À cheval entre la pièce de théâtre et le film, Pandore présente un défi unique d’interprétation pour Zeneb Blanchet et Jules Ronfard.

«Plus ça avance et plus tu ne veux pas rater une ligne, indique l’acteur. En plus, mon personnage fait beaucoup d’entrées et sorties, il met un masque, il enlève le masque. On ne peut pas se permettre une faute.»

À l'intérieur du plateau, les comédiens et la caméra doivent coordonner tous leurs mouvements. (Photo : Gracieuseté – Lola Meunier)

 

«Même s’il y a une caméra, c’est vraiment du théâtre parce que tu ne peux pas arrêter tant que ce n’est pas terminé, souligne pour sa part Zeneb Blanchet. L’émotion que tu vis en tant que personnage, tu la vis de A à Z».

Le format force d’ailleurs les comédiens à devoir défaire certaines habitudes.

«On le répète comme une pièce de théâtre, à l’exception des mouvements, parce qu’ils sont en perspective de la caméra. Ça nous permet d’explorer un peu plus, parce qu’il y a des moments où l’on ferait dos au public, mais là c’est comme si la caméra devient le public», mentionne l’actrice.

À la limite

Le court-métrage relate l’histoire de Pandore, une adolescente de 16 ans curieuse à propos de la sexualité, qui utilise son téléphone pour en découvrir davantage et tombe dans l’univers de la cyberpornographie.

L’œuvre est une adaptation d’un court-métrage du même nom, réalisé en anglais plus tôt dans la pandémie, explique la metteuse en scène des deux versions, Véa. Le pendant anglophone a d’ailleurs obtenu plusieurs nominations et prix par la suite.

Si le tournage ressemble autant à une pièce de théâtre, ce n'est pas un hasard. Pandore a été présenté sur scène il y a une dizaine d'années. (Photo : Gracieuseté)

 

«On ne savait pas que ce serait un tel succès, admet Véa. Je pense que c’est parce que les gens ne s’attendent pas à ça, de voir un film sans coupure, où ça continue et continue jusqu’à la fin.»

«Ça, et la thématique», ajoute-t-elle.

Le court-métrage est produit par Youtheatre, une compagnie de théâtre qui explore entre autres des thèmes tabous de la société auprès des adolescents, comme celui de la cyberpornographie.

«C’est un peu la mission du Youtheatre, ç’a toujours été une compagnie d’avant-garde, souligne Véa. Les thématiques sont toujours à la limite, mais c’est la réalité des ados. Leur vie n’est pas rose bonbon, les hormones sont dans le tapis et leurs questionnements sont intenses.»

Pandore sera offert gratuitement dès le 22 août prochain sur telequebec.tv ainsi que sur l’application Télé-Québec disponible sur les télés intelligentes, tablettes, etc.