De locataire à propriétaire : un organisme de Longueuil s’offre la bâtisse qu’il occupe

Nathalie Pelletier est ravie d’instaurer une forme d’économie sociale dans LeMoyne. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)
En avril 2022, l’équipe d’Alpha Iota a appris que l’immeuble qu’elle habite depuis 20 ans dans le secteur de LeMoyne, à Longueuil, était mis en vente. Une vente qui aurait pu compromettre ses activités dans ce lieu. C’est pourquoi elle a lancé de nombreuses démarches pour acquérir l’immeuble, avec succès.
«On pensait un peu que j’avais perdu la raison», lance aujourd’hui en riant Nathalie Pelletier, directrice générale d’Alpha Iota et initiatrice de l’acquisition.
La démarche visait certes à assurer l’avenir de son organisme en alphabétisation dans le quartier, mais aussi celui de son voisin d’immeuble, le Comité Action Populaire LeMoyne (CAPL), ainsi que des trois logements situés à l’étage.
«Si un propriétaire qui veut occuper achetait la place, ça pouvait engranger que Alpha Iota et le CAPL perdent leurs locaux. Et c’est sûr que les locataires étaient inquiets, ça voulait dire assurément des augmentations de loyer. Donc ça amenait beaucoup d’insécurité», souligne Mme Pelletier.
Financé par le ministère de l’Éducation, Alpha Iota n’avait toutefois pas le droit d’avoir des dépenses d’hypothèque ou d’amortissement.
Un autre organisme a ainsi été créé: le Centre d’éducation populaire et d’habitation de LeMoyne (CÉPHLM), en vue de l’acquisition de l’immeuble. Sa mission est de louer à des prix abordables à des organismes et citoyens.
Le 12 décembre 2024, le CÉPHLM est passé chez le notaire et devenait propriétaire du 200, rue Saint-Louis.
«Beaucoup, beaucoup, beaucoup de démarches»
Comment un organisme qui partait avec zéro dollar a pu acquérir un immeuble évalué à plus d’un million? «Ç’a été beaucoup, beaucoup, beaucoup de démarches de financement!» assure Mme Pelletier.
«On a eu des refus, des dons ponctuels, un premier don de 15 000$ pour faire des inspections et bâtir le plan d’affaires avec [l’entreprise d’économie sociale) Bâtir son quartier. […] De fil en aiguille, il y a eu des visites, on a eu peur de perdre l’immeuble. On a finalement obtenu un prêt patient [du Fonds d'acquisition montréalais] pour la totalité du montant et ça nous donne 2 ans pour finaliser le montage financier», ajoute-t-elle.
La directrice générale est d’ailleurs très élogieuse pour Bâtir son quartier et les autres partenaires, dont la Ville de Longueuil, qui ont appuyé sa démarche.
La conseillère municipale du secteur, Marjolaine Mercier, souligne d’ailleurs l’importance de maintenir la vocation communautaire dans l’appui que la Ville a offert à l’organisme.
«C’était un dossier bien ficelé, cohérant avec les besoins du quartier, donc c’est certain qu’on donnait notre appui à ça. Parfois c’était du soutien moral, parfois c’était vraiment un appui concret, comme des démarches pour débroussailler, pour savoir à quelle porte il faut cogner. Et on est super content du résultat!» affirme-t-elle.