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Décès de Michel Côté : « C’est l’acteur le plus versatile que j’ai connu » – André Forcier

le lundi 29 mai 2023
Modifié à 13 h 47 min le 29 mai 2023
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Michel Côté et André Forcier, sur le tournage d'Au clair de la lune. (Photo: Cinéma libre)

Le réalisateur longueuillois André Forcier s’est dit «abattu» par le décès de l’acteur Michel Côté, qui a incarné l’inoubliable albinos Frank, dans Au clair de la lune, et qui était aussi de la distribution de son Vent du Wyoming.

«Mon Dieu! Ça me jette à terre», lance André Forcier, à qui Le Courrier du Sud a appris le décès du comédien, ce lundi avant-midi.

«Michel, il peut tout faire. C’est un des acteurs les plus versatiles que j’ai rencontrés, sinon le plus versatile», exprime le réalisateur, à propos de son bon ami.

Le froid et du lobbying

C’est Guy L’Écuyer, déjà choisi pour interpréter Albert dans Au clair de la lune, qui a parlé de Michel Côté à André Forcier. À cette époque, l’acteur était peu connu.

«Guy L’Écuyer jouait au théâtre avec Michel, qui lui, était à l’écriture, avec plusieurs, de Broue. Ça ne me rajeunit pas…, relate Forcier. J’avais un énorme respect pour Guy L’Écuyer et il m’avait dit : Michel est tout un acteur, tu devrais le caster.»

Dans un article publié dans La Presse en 2013, Michel Côté a raconté comment s’est déroulée cette rencontre, autour d’une caisse de 12 dans un bar de Longueuil.

«Dans ce temps-là je prenais un coup, admet Forcier, qui ajoute être sobre depuis 16 mois. Dans ce temps-là, je faisais mon casting dans les tavernes!»

Le tournage de ce film d’une grande poésie n’a pas été de tout repos. 

«Michel a eu à s’habituer à porter les verres de contact d’albinos, mais il a toughé la run…» relève le cinéaste.

Mais surtout, Guy L’Écuyer et Michel Côté ont été malades, pendant près de deux semaines chacun.  «On tournait à 35 sous zéro, la nuit. C’était un hiver extrêmement cruel. Et pendant ce temps, on continuait de payer l’équipe», se remémore Forcier.

Le film est sorti en 1983, soit près de cinq ans après avoir été tourné à l’hiver 1978-1979. «On a pu tourner, mais on n’avait pas d’argent pour le finir», relate-t-il.

Le réalisateur venait d’être engagé à l’Office national du film (ONF), alors le directeur des productions françaises de l’époque, Jean-Marc Garant, lui avait proposé de faire la post-production à l’ONF. 

Des lobbys tant du milieu privé que de l’ONF avaient réagi par une levée de boucliers, jugeant «indécents» qu’un producteur privé termine son film à l’ONF. Forcier a «poireauté» pendant deux ans avant que la situation ne se règle. 

Motel Oscar

Michel Côté est réapparu dans l’univers de Forcier en interprétant Marcel Mentha, dans Le Vent du Wyoming (1994).

«D’habitude, je fais passer des auditions, mais Michel était devenu un acteur assez connu et je savais ce qu’il était capable de faire», dit André Forcier à ce sujet.

Beaucoup de scènes ont d’ailleurs été tournées au mythique Motel Oscar, du boul. Taschereau à Longueuil.

«Après que j’ai tourné au motel Oscar, plein de films ont été tournés là. La location était assez spéciale, spectaculaire», reconnait celui qui travaille actuellement à la préproduction de son prochain long métrage.

S’il estime malheureuse la fin annoncée de ce bâtiment, le cinéaste trouve intéressante la volonté de maintenir l'enseigne.