Départ de la ministre Déry : le syndicat des professeurs soulagé
Le Syndicat des professeures et des professeurs du cégep Édouard-Montpetit (SPPCEM) dresse un bilan sévère du passage de Pascale Déry à l’Enseignement supérieur. Selon sa présidente, Phyllis Katrapani, l’ancienne ministre s’est peu investie dans le réseau collégial et, lorsqu’elle est intervenue, ce fut «pour s’attaquer à la liberté académique aux collèges Dawson et Vanier, un enjeu qui ne relevait pas de sa responsabilité». Les attentes sont hautes envers la nouvelle ministre Martine Biron.
Le syndicat reproche aussi à Mme Déry de ne pas avoir défendu les cégeps face aux compressions budgétaires et de «contribuer à la diffusion de fausses informations concernant le financement du réseau».
Phyllis Katrapani, présidente du Syndicat des professeures et des professeurs du cégep Édouard-Montpetit, au cours d’une marche organisée le 31 octobre dernier pour dénoncer les coupes en Éducation . (Photo : Le Courrier du Sud – archives)
Quant à la nouvelle ministre Martine Biron, anciennement ministre des Relations internationales et de la Francophonie et ministre responsable de la Condition féminine, les attentes sont claires : une présence accrue sur le terrain, une meilleure compréhension des réalités du réseau collégial et la capacité de renverser certaines décisions jugées néfastes, notamment sur le plan budgétaire.
«Nous espérons un gouvernement plus soucieux de préserver le filet social, moins centré sur les solutions technologiques et davantage orienté vers l’humanisation des institutions, des services à la population et des relations de travail», résume Mme Katrapani dans un courriel envoyé au Courrier du Sud.
«Ministre fantôme»
De son côté, les critiques du Syndicat du personnel de soutien du cégep Édouard-Montpetit (SPSCEM-CSQ) rejoignent celles exprimées par d’autres organisations du réseau collégial. Sa présidente, Vanessa Fauteux-Aimola, estime que Pascale Déry a exercé son mandat «comme une ministre fantôme», peu préoccupée par les enjeux propres au milieu. Elle déplore qu’au lieu de défendre le réseau, l’ex-ministre se soit contentée de reprendre la ligne de son gouvernement, multipliant des « discours formatés » sans engagement concret.
Mme Déry s’est rendue à l’École nationale d’aérotechnique le 25 août dernier. Selon le syndicat, il a fallu insister pour obtenir une rencontre, et son passage a été bref. La ministre aurait évité les manifestants présents, ce que le SPSCEM interprète comme un manque de respect envers la communauté collégiale.
L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry s’est rendue brièvement à l’École nationale d’aérotechnique le 25 août dernier. Selon le Syndicat du personnel de soutien du cégep Édouard-Montpetit, il a fallu insister pour obtenir une rencontre. (Photo : gracieuseté)
Depuis la séparation du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, le syndicat affirme n’avoir observé aucune amélioration dans les relations avec les syndicats, que ce soit sous Danielle McCann, Pascale Déry ou désormais Martine Biron. «On aura beau changer l’emballage, le produit demeure inchangé», résume Mme Fauteux-Aimola.
Le syndicat tire aussi la sonnette d’alarme concernant les effets du gel d’embauche, qui fragilise les équipes et entraîne des démissions ainsi que des arrêts de travail. Pour pallier le manque de personnel, les recours à la sous-traitance se multiplient — une solution que le SPSCEM juge plus coûteuse et moins efficace à long terme.
À moins d’un virage complet accompagné d’investissements substantiels et d’une réelle volonté de dialogue, l’organisation demeure sceptique quant à la capacité de la ministre Martine Biron à redresser la situation.