Culture
Des arbres ou de la pertinence de faire pousser des enfants
le samedi 28 avril 2018
Modifié à 14 h 02 min le 28 avril 2018

THÉÂTRE. Des arbres aborde le couple, la descendance, les angoisses de Elle et Il. D’abord présentée à la Licorne en 2016, la pièce a pris le chemin de la tournée et se déposera au Théâtre de la Ville, les 3 et 4 mai. Durant ces 38 représentations, Évelyne Gélinas reprend le rôle initialement campé par Sophie Cadieux, aux côtés de Maxime Denommé.
Qui est votre personnage?
C’est Elle. Lui, c’est Il. C’est le cliché de la fille – je n’aime pas dire ça – qui parle beaucoup, se questionne, et le gars qui écoute plus. Plus sérieusement, c’est une femme extrêmement intelligente qui se questionne sur le fait d’avoir des enfants, qui est un peu féministe sur les bords mais je dirais qui est…intense, trop intense par moment. C’est une pièce extrêmement drôle, mais on est touché. Tout ça sur fond du monde actuel. Avec les changements climatiques et la planète qui va moins bien, est-ce que ç’a du sens de mettre un enfant au monde… C’est sur le couple au fond.
Croyez-vous que ces questionnements et ces angoisses sont propres à cette génération?
Je pense que oui. On a rencontré des groupes d’étudiants, qui disaient se sentir comme ça. C’est une génération qui aura à se questionner, c’est un incontournable. Mais dans le show, tout le monde peut se reconnaître. Oui, les couples de 30 à 40 ans plus directement, mais aussi les plus vieux qui se retrouvent dans les questions, dans la vie de couple.
D’une conversation à l’autre, on peut sauter deux jours, deux mois, deux ans, le spectateur s’en rend compte après quelques répliques et fait le travail. C’est l’histoire d’un couple sur toute une vie… des questions sur les enfants et les petits-enfants. Ça reste actuel à travers leur descendance.
Comment la pièce en vient à adopter une certaine légèreté, malgré la lourdeur des enjeux?
Ce qui est extraordinaire, c’est dans l’écriture… Je vous jure, c’est vraiment drôle! On se reconnait tellement que ça nous fait rire. C’est le talent et l’intérêt du texte de Duncan MacMillan. On va en profondeur. Maxime parle souvent de l’humour noir britannique: on détend et on fait rire le spectateur pour mieux ensuite venir le chercher dans le tournant et le faire réfléchir. C’est un juste milieu.
Qu’est-ce qu’apporte la mise en scène plus épurée?
On est concentré sur ce qui se passe: deux acteurs en scène, sans accessoires, avec l’éclairage et la musique. On se retrouve devant la base du théâtre, le théâtre pur: deux acteurs, un texte. Et je vous jure que ce n’est pas ennuyant. C’est un magnifique défi, qui repose sur nos épaules. Tous les soirs, il y a des échanges, des silences, des rires avec le public. C’est nourrissant.
Reprendre un rôle incarné par une autre actrice au sein d’une même production représente-t-il un défi?
Dans notre métier, ce n’est pas rare. Benoit [Vermeulen, metteur en scène] m’a approchée en disant que l’idée n’était pas de copier Sophie. Il y a une ligne directrice, qui est claire dans le texte. Il y a des trouvailles de Sophie et dans le texte qui marchent. Mais pour le reste, j’incarne ma Elle à ma façon. Maxime et Benoit ont été très ouverts à ce que j’y mette du mien, alors ça enlève du stress.