Des compagnons pas comme les autres

ENGOUEMENT. Le nombre d'animaux exotiques sur la Rive-Sud est estimé à sept millions, selon Dr Andreas Brieger, de la clinique vétérinaire de la Collectivité, à Longueuil. Décidément, l'engouement pour les animaux exotiques comme animaux de compagnie ne faiblit pas!
Selon les deux cliniques vétérinaires consultées par Le Courrier du Sud, la diversité animale ne manque pas dans les foyers de la Rive-Sud: que ce soit un iguane, un dragon barbu ou un python du côté des reptiles, ou encore un cochon vietnamien, un phalanger volant ou un dégu du côté des rongeurs, sans oublier les oiseaux tels perruches, aras, amazones, tourterelles et canaris, on retrouve de tout dans les foyers de la région.
Les lapins, furets, cochons d'Inde et autres petits rongeurs demeurent aussi très populaires. «On voit un rat de compagnie presque une fois par jour. C'est constant», observe Dr Andreas Brieger.
Ce dernier remarque également que les amoureux d'animaux exotiques en gardent souvent plus d'un à la maison. En 14 ans de pratique, il a croisé quelqu'un prenant soin d'une vingtaine de rats, un autre avec cinq lapins, ou encore six furets.
Pourquoi les familles se tournent-elles vers certaines espèces «inhabituelles» plutôt que vers le chat ou le chien? «Le cochon d'Inde est intéressant comme premier animal pour des enfants. Ils peuvent s'en occuper, c'est un bel apprentissage», croit Dre Josée Guilmette, de l'Hôpital Animo-Vet, dans l'arr. de Saint-Hubert.
Pour des personnes vivant dans un appartement, la grosseur de l'animal peut également entrer en considération. Ainsi, les furets, petites bêtes «curieuses et affectueuses», ont la cote, précise Dre Guilmette.
Des soins, comme pour tout animal
Bien que les propriétaires se réfèrent de plus en plus aux cliniques d'animaux exotiques, Dr Andreas Brieger estime qu'un travail d'information et de sensibilisation est encore à faire quant à la nécessité d'apporter des soins particuliers à ces espèces moins communes.
«Un reptile, c'est comme tout animal, ça peut tomber malade, évoque-t-il. Toute espèce devrait avoir une consultation dès l'achat, ne serait-ce que pour vérifier si elle a des parasites», explique le spécialiste.
Dr Brieger précise que la stérilisation s'avère aussi une méthode pour prévenir les cancers et problèmes liés au système reproducteur chez les rongeurs ou chez les hérissons.
«De 50 à 80% des lapines non stérilisées de plus de 4 ans développeront un cancer de l’utérus», explique Dre Josée Guilmette. Pour le lapin mâle, la stérilisation permet par exemple de diminuer l’agressivité, le comportement de marquage et l’odeur des urines.
En ce qui concerne la médecine préventive, on retrouve aussi les tailles de griffes et de becs d'oiseaux. Pour la taille de plumes, les besoins dépendront de la famille à laquelle appartient l’oiseau, précise Dre Guilmette.
On a perdu la tarentule !
Les vétérinaires consultés ont bien des histoires inusitées impliquant les animaux exotiques à raconter, comme celle de la disparition d’une tarentule.
«Le chat avait donné un coup de patte et brisé le vivarium dans lequel se trouvait la tarentule. Les propriétaires ne l'ont pas vue pendant un mois et l'ont trouvée dans le calorifère, raconte Dre Josée Guilmette. Elle cherchait la chaleur, mais elle ne s'était pas nourrie pendant tout ce temps.»
Une fois dans la salle de consultation, il a bien fallu hydrater la tarentule!
Outre certains cas, comme un oiseau s'étant coincé la patte dans une porte ou encore une perruche intoxiquée au zinc parce qu'elle avait avalé un morceau de jouet, Dr Andreas Brieger relate le cas d'une tortue aux préférences alimentaires plutôt particulières.
«Une tortue avait mangé plein de roches. On le voyait sur une radiographie; il y avait des roches dans tout son système digestif», mentionne Dr Brieger.
Comment le système digestif de la pauvre bête a-t-il été rétabli? Un mot: laxatif!
Quelques précautions
De bons soins doivent être apportés aux animaux exotiques. Il est important que les propriétaires connaissent les besoins spécifiques de leur animal de compagnie, quelle que soit son espèce.
Certaines informations – comme par exemple qu'un iguane peut devenir très grand, parfois plus d'un mètre – sont très pertinentes à connaitre. Les gens qui songeraient à faire d'un iguane leur animal de compagnie doivent alors s'assurer de pouvoir lui offrir un espace suffisamment grand, chaud et humid
Aussi, à l’approche de la période automnale, «le hérisson pourrait tomber en hibernation s'il est gardé à une température trop froide. Il faut garder la température entre 24 et 29°C», prévient Dre Josée Guilmette.
Et malgré les histoires entendues à cet égard, il n'est pas recommandé de laisser un serpent se promener librement dans un appartement, ce dernier pouvant être très difficile à retrouver.
Que dit le règlement municipal ?
Le Règlement municipal sur le contrôle des animaux de la Ville de Longueuil ne fait aucune mention des serpents. Ces derniers ne sont pas sur la liste «non limitative» de ce qui est considéré comme un animal de compagnie, mais ne sont pas interdits non plus.
Le serpent ne figure pas parmi les animaux exotiques, alors qu'un article stipule qu'«il est interdit de garder, maintenir ou posséder un animal exotique au territoire québécois tels qu’un tigre, un léopard, un lion, une panthère, un crocodile».
Si les raisons pour lesquelles un résident ne peut garder un tigre à la maison sont évidentes, il est plutôt étonnant de lire qu'il est interdit «de garder, maintenir ou posséder un pigeon voyageur, de fantaisie ou autre».