Des documents disparus, des faux et de l'intimidation au MTQ

POLITIQUE. Des documents modifiés ou disparus, de l’intimidation: les députés ont entendu mercredi de nouveaux témoignages sur les pratiques du ministère des Transports du Québec (MTQ).
L’analyste Annie Trudel a déclaré que des courriels prouvant l’obstruction subie au ministère des Transports du Québec ont disparu d’une clef USB remise à la police.
Mme Trudel a été entendue sur les constats qu’elle a dressés durant les 18 mois où elle a eu le mandat de faire des vérifications au MTQ.
L’analyste, dont les observations ont mené l’ex-ministre Robert Poëti à dénoncer des irrégularités dans son ancien ministère, a raconté aux députés que ses demandes étaient ignorées par les représentants du ministère.
Les courriels démontrant ses difficultés, inclus avec des documents qu’elle a remis avant de démissionner, ont disparu d’une clef USB détenue par l’Unité permanente anticorruption (UPAC), a-t-elle raconté.
«Toutes les preuves selon lesquelles il y avait de l’obstruction à l’égard de mon travail étaient dans ces courriels», a-t-elle dit.
Ancienne directrice de l’audit interne au MTQ, Louise Boily a pour sa part expliqué qu’elle a été victime d’intimidation.
Mme Boily a notamment été interrogée par une sous-ministre adjointe, Danielle Cantin et Nathalie Noël, la directrice à la Direction des enquêtes et de la surveillance des marchés au MTQ, en 2014, pendant les travaux de la Commission Charbonneau.
Les deux femmes cherchaient à savoir l’origine de documents de vérification interne du MTQ dont il avait été question devant la commission d’enquête sur l’industrie de la construction. «J’étais complètement terrorisée», a-t-elle dit aux députés.
Mme Noël lui avait également suggéré auparavant qu’il valait mieux de ne pas «faire trop d’enquêtes».
Mme Boily a déclaré également que plusieurs rapports dont elle est l’auteure ont été modifiés par la suite et comportaient des irrégularités lorsqu’elle a consulté récemment des copies.
Ces documents du MTQ ont été déposés en Chambre et devant les députés membres de la Commission de l’administration publique (CAP). Ceux-ci ont entendu les deux témoins, qui ont demandé à être assermentées, mercredi, ce qui leur offre l’immunité.
Une note ministérielle expliquant des incongruités dans les documents présentés aux parlementaires est un «faux», a indiqué Mme Boily.
Les deux femmes ont affirmé qu’elles ont constaté des cas de fractionnement de contrats permettant de contourner les règles d’appels d’offres.
Mme Boily a expliqué qu’elle avait notamment avisé l’ex-sous-ministre des Transports Dominique Savoie de ces pratiques, malgré les déclarations contraires de la haute fonctionnaire, qui a démissionné de son poste dans la controverse.
Mme Boily a également soutenu avoir reçu l’ordre de fermer les yeux sur certaines pratiques au MTQ, ce qu’elle a refusé.
La Presse Canadienne