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Des solutions à long terme pour aider les personnes vulnérables

le mercredi 09 janvier 2019
Modifié à 11 h 07 min le 09 janvier 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

La section des enquêtes et interventions auprès des personnes vulnérables (EIPV) du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) a à peine un an mais déjà, les statistiques confirment sa nécessité. Depuis le 28 janvier 2018, 638 dossiers ont été retenus, parmi les quelque 3600 reçus. Chaque matin, des dossiers de personnes vulnérables se retrouvent sur le bureau des quatre agentes et de la sergente de la section des EIPV. En très grande majorité, il s’agit de cas de santé mentale, mais on y retrouve aussi des itinérants ou des personnes en situation précaire, des femmes victimes de violence conjugale, des personnes âgées. De ces dossiers, les agentes devront décider lesquels peuvent être pris en charge, en fonction du degré de dangerosité de l’individu impliqué. Ces rapports proviennent essentiellement des patrouilleurs qui, lors d’une intervention sur le terrain, ont constaté que l’individu avait un problème de santé mentale ou était en situation précaire. Par la nature du travail des patrouilleurs qui répondent aux appels d’urgence, le temps manque pour faire des interventions de longue haleine. «Nous sommes des intervenants de deuxième ligne; on vient combler les besoins des enquêteurs et patrouilleurs, expose la sergente Jacynthe Desmarais. Les policiers n’ont pas le temps de rejoindre l’entourage. Nous, on va essayer de contacter la famille pour avoir un historique. On va contacter les hôpitaux, pour avoir un portrait plus global de la personne, illustre-t-elle. En fonction de ces informations, on va travailler avec d’autres intervenants pour trouver une solution adaptée et globale, qui va régler le problème à long terme.» Les agentes sont également en lien direct avec les policiers patrouilleurs RIC (répondant en intervention de crise). Il y a au moins un agent RIC sur chaque équipe de patrouille du SPAS. Tous les 35 jours, un RIC se joint à l’équipe pour voir comment elles travaillent et se dote de nombreux contacts et outils dont il fera connaître les bienfaits à ses collègues. Une «contamination positive», alors que la section est peu connue au sein même du service de police. Concertation Le travail de la section d’EIPV contribue à diminuer le nombre d’appels en santé mentale que reçoivent les policiers. Dans un exemple où un itinérant inquiète pour sa propre sécurité, les agents pourraient demander une ordonnance psychiatrique à la cour civile et feront le suivi avec l’hôpital, pour que le psychiatre n’ait pas uniquement la version de la personne vulnérable. La sergente Desmarais mentionne que cela peut faire la différence entre garder la personne en centre hospitalier pour subir une évaluation psychiatrique versus la voir quitter l’hôpital quelques minutes seulement après avoir été rencontrée par le médecin traitant qui ne disposait pas d’éléments suffisants pour lui offrir les services de santé nécessaires, compte tenu de son état de santé mentale. Une collaboration se développe également avec les avocats. Dans le cas d’une ordonnance d’évaluation, le psychiatre a trois jours pour se prononcer. S’il n’arrive pas à donner son verdict dans ce délai, le cas retourne à la cour. «Et là, l’avocat rentre en ligne de compte. Il peut nous appeler pour savoir si l’individu est connu chez nous. On amène la face cachée que la personne ne veut pas révéler au psychiatre.» Aux yeux de Jacynthe Desmarais, ce travail de collaboration est absolument essentiel. «Nous sommes une courroie de transmission entre l’ensemble des intervenants et le citoyen concerné. Cela assure que les services disponibles soient offert à la personne afin d’améliorer l’intervention auprès d’elle. On a tous le même objectif: aider la personne à mieux aller, mais on a des outils différents. Si on met nos outils ensemble, c’est là qu’on devient efficace.» PAJSM Depuis le début de l’été, les agents du SPAL ont recours au Programme d’accompagnement justice en santé mentale (PAJSM), qui permet d’adapter le traitement judiciaire des personnes atteintes de santé mentale. Le programme est éligible aux personnes majeures, volontaires et dont l’infraction commise est en lien avec le problème de santé mentale. Il ne s’applique qu’à certaines infractions. L’avocat, le procureur, l’individu concerné et possiblement un travailleur social orienteront le traitement en fonction de son besoin qu’il suivra pendant 12 à 18 mois. Si l’individu abandonne le traitement en cours de route, le dossier retourne dans le cheminement normal de la justice. «Tu l’as échappé, tu as une chance de te reprendre en main», image Jacynthe Desmarais. Que le problème de santé mentale soit diagnostiqué ou pas, les policiers peuvent recommander des cas au PAJSM.