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Deux femmes pilotes représenteront le Québec dans un concours international d’aéronefs
le jeudi 07 juin 2018
Modifié à 15 h 52 min le 07 juin 2018

AVIATION. Michèle Rivest et Madeleine Mena Zapata seront les seules représentantes du Québec au Air Race Classic Collegiate 2018, un concours de pilotage exclusivement féminin qui prendra place dans la ville américaine de Sweetwater, au Texas.
«Des femmes pilotes de partout dans le monde qui compétitionnent ensemble, ça m’a totalement éblouie, raconte Madeleine Mena Zapata, étudiante à l’École nationale d’aérotechnique (ENA) [en techniques de génie aérospatial]. J’ai ensuite contacté Michèle [Rivest], qui est enseignante en techniques de maintenance d’aéronefs; elle était très contente de me rejoindre.»
L’équipe ainsi formée, les préparatifs ont débuté en vue du grand départ. Diverses campagnes de financement mises sur pied à l’école et ont été largement appuyées par les membres du personnel, les élèves et les proches des pilotes.
«Au total, la compétition coûte environ 10 000$, en comptant entre autres les frais d’inscription, les nombreuses inspections sur l’avion et le carburant», précise Mme Rivest.
Toute l’école a mis la main à la pâte puisqu’il a fallu apposer des collants sur l’avion, s’assurer du bon fonctionnement mécanique du Cessna-172 ainsi que d’autres détails techniques importants. C’est pourquoi il y a un sentiment de fierté généralisé qui règne entre les murs de l’ÉNA.
Une passion partagée
Les deux femmes pilotes sont habitées par une passion pour l’aéronautique depuis leur enfance.
«C’est une passion qui ne nous a jamais laissée, explique Michèle. Je le dis toujours: je vais mourir avec ma passion. Elle ne disparaît pas; je l’ai en moi, et c’est la même chose pour Madeleine. Si vous avez une passion, il faut la vivre. Il ne faut pas un jour qu’on se dise: ‘‘j’aurais donc dû’’.»
Madeleine a dû apprendre le français pour être admise à l’ÉNA. À son admission, elle avait déjà sa licence de pilotage et se perfectionne présentement dans son domaine.
Des défis à profusion
Quand on leur demande si le milieu est difficile, les deux femmes ricanent.
«C’est un domaine avec beaucoup de défis, précise Michèle. Mais j’ai vu des choses tellement belles, que peu de gens ont vues. Je me trouve privilégiée d’avoir pratiqué ce métier et je le souhaite à beaucoup d’autres femmes, surtout de devenir pilote de brousse.»
Bien que le milieu demeure à ce jour dominé par les hommes, les femmes réussissent tout de même à s’y tailler une place de plus en plus grande. En 2011, elles représentaient environ 6% des étudiants de l’ÉNA, tandis qu’en 2017, elles étaient deux fois plus.
«Le concours vise à mettre en lumière les femmes qui pratiquent ce métier et de créer un espace où elles sont les seules admises», explique l’enseignante.
Elle raconte qu’au début de sa carrière, elle n’arrivait pas à rejoindre le poids minimum de 150 lbs exigé par hélicoptère lorsqu’elle pilotait seule. «J’avais avec moi une plaque de 50 lbs que je glissais sous le siège pour faire le poids. Selon les contrats, ils déménageaient la plaque», ricane-t-elle.
Michèle Rivest est l’une des premières femmes pilotes d’hélicoptère au Canada aux côtés de Suzanne Pomerleau.
«J’insiste toujours pour donner son nom en premier parce que c’est vraiment elle, la pionnière. Elle a gagné toute sa vie grâce au pilotage. C’est la même chose pour moi.»
Le grand départ
Après 35 ans hors de la cabine de contrôle d’un avion, Michèle est fin prête pour le grand jour, qui arrive à grands pas. Madeleine, pour sa part, pilote déjà régulièrement.
Elles espèrent pouvoir décoller le 11 juin pour se rendre au Texas. La ligne de départ du Air Race Classic Collegiate sera franchie le 19 juin et le tout se termine le 22, à 18 heures. Celles qui n’arriveront pas à temps seront automatiquement disqualifiées.
Les premières arrivées se mériteront un prix en argent d’une valeur de 5000$. Pour ce qui est des dernières, un trophée de tortue leur est attribué. «À peu près tout le monde va avoir un prix!» s’exclame Michèle.
Chaque année, il y a environ 15 équipes qui ne réussissent pas à se rendre à la ligne d’arrivée. Au total, une cinquantaine d’équipes compétitionnent chaque année, pour un minimum de deux pilotes par aéronef.
Beaucoup de pilotes proviennent des États-Unis, mais le concours est accessible à toutes les pilotes du monde. Cette année, il y en aura en provenance de l’Amérique du Sud, de l’Afrique, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie.
Au total, les deux femmes parcourront plus de 4000 km. Il sera possible de suivre leur parcours, sous le #46, à partir du site officiel du concours: https://www.airraceclassic.org/.
L’ÉNA, une exception au Canada
Fondée en 1964, l'École nationale d’aérotechnique est la seule école au Québec à former les techniciens en aéronautique. C’est également la plus importante maison d’enseignement collégial de l’industrie en Amérique du Nord. Elle compte 5 hangars qui abritent un total de 37 aéronefs. L’école offre également un aéro-club comptant trois avions pour les élèves qui possèdent leur licence de pilote privé et qui souhaitent accumuler les heures de vol.