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Déversements d’eaux usées : la situation s’améliore à Longueuil, selon Fondation Rivières

le jeudi 02 novembre 2023
Modifié à 15 h 30 min le 03 novembre 2023
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Selon Fondation Rivières, les précipitations extrêmes causées par les changements climatiques ajouteront de la pression sur les réseaux d’égouts, accentuant le phénomène des déversements. (Photo: Le Courrier du Sud – Archives)

La Fondation Rivières a rendu public le 26 octobre le classement des municipalités quant à l’intensité de leurs déversements d’eaux usées rejetés sans traitement dans les lacs et rivières du Québec. Et Longueuil figure parmi les dix plus grandes villes qui affichent les meilleures améliorations pour la période 2017-2022.

Le Québec a connu 57 263 déversements en 2022, bien au-delà des 36 391 déversements notés en 2021, année au cours de laquelle il y a eu exceptionnellement peu de précipitations. On observe cela dit une légère amélioration sur la période couverte par le palmarès (2017 à 2022) pour toutes les régions administratives, à l’exception de Montréal et des Laurentides. 

Intensité des déversements élevée en Montérégie
Malgré une légère amélioration, la Montérégie est la région qui présente l’intensité de déversements la plus élevée depuis 2017, jusqu’à six fois plus importante que Montréal en 2022, signale Fondation Rivières. 

L’intensité tend à augmenter notamment au bassin de La Prairie (qui comprend La Prairie, Delson, Candiac, Saint-Constant, Sainte-Catherine), à Saint-Hyacinthe, à Saint-Jean-sur-Richelieu, à Saint-Bruno-de-Montarville et à Châteauguay. 

Longueuil, Brossard et Saint-Lambert ont connu 941 déversements en 2022 contre 501 l’année précédente et 1013 en 2020. Depuis 2017, ce sont 5413 déversements qui ont eu lieu.  

Du côté de l’intensité des débordements par habitant, on parle d’un indice de 33,7 en 2022 contre 22,4 en 2021 et 48,8 en 2020. La moyenne de cet indice se situe à 41,4 entre 2017 et 2022.

Avec les changements climatiques, Fondation Rivières prévoit que les précipitations extrêmes ajouteront de la pression sur les réseaux d’égouts, accentuant le phénomène des déversements. 

Mesurés à l’aveugle sans sanction
Pour Fondation Rivières, encore trop de municipalités n’ont pas mis à niveau leurs ouvrages avec un enregistreur électronique de débordement (EED), tel que prescrit par le Règlement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées, en vigueur depuis 2014. 

C'est le cas de Longueuil, dont les eaux usées sont traitées avec Boucherville, Brossard et Saint-Lambert. Résultat : on connaît mal les durées réelles des déversements, ce qui rend le portrait de la situation incomplet et impossible à corriger adéquatement. 

Installation de EED
En réponse au Courrier du Sud, la Ville a confirmé être «actuellement en phase de travaux pour installer des enregistreurs de débordement (EED) dans ses différents points de surverses afin de respecter la règlementation».

À ce propos, 41 enregistreurs électroniques sont déjà installés et sont dans une phase de test. Le statut d’avancement diffère selon les sites où des enregistreurs doivent être installés et la complexité du projet réside aussi dans la variabilité des aménagements différents de chaque site, indique la Ville. 

«Bien que moins précis, un suivi de la fréquence des débordements est quand même assuré par la Ville au moyen des blocs repères, tel qu’exigé par le programme de suivi des ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées», précise-t-on.

La Ville assure disposer également d’une base de connaissance et d’autres outils pour analyser et mesurer la performance des ouvrages, dont des modèles hydrauliques complets et détaillés du réseau d’assainissement.

Impacts des déversements
Les déversements d’eaux usées présentent une menace pour les espèces aquatiques et, plus largement, pour la biodiversité. Les déversements peuvent nuire aux espèces aquatiques en les exposant à des microbes et en les privant d’oxygène. Ils affectent les prises d’eau potable et font grimper la facture du traitement si les prises d’eau potable se trouvent à proximité des rejets. Dû aux risques d’exposition à la bactérie E. coli présente dans les eaux usées, les déversements limitent également la baignade et les activités nautiques.

Le ministère de l’Environnement (MELCCFP) n’a imposé à ce jour que six sanctions aux 194 villes et municipalités en infraction, selon le Registre des sanctions administratives pécuniaires. 

Le Québec n’a pour le moment pas d’objectif global de réduction des déversements d’eaux usées. Le MELCCFP demande aux municipalités de ne pas en augmenter le nombre au-delà de celui de 2013 et leur accorde jusqu’en 2030 pour y arriver.

Indice d’intensité des déversements
Le palmarès s’appuie sur les données du MELCCFP disponibles depuis 2017. L’indice d’intensité des déversements par habitant a été développé par la Fondation Rivières. Il s’agit d’un indicateur qui tient compte de la durée des déversements et de la taille de l’ouvrage qui déborde. Cette année, une durée de déversement de 24h a été appliquée pour chaque événement survenant dans un ouvrage non pourvu d’un EED.