Diagonale des fous : un couple de coureurs propulsés par l’altruisme

le dimanche 26 février 2023
Modifié à 8 h 05 min le 27 février 2023
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Anne Genest et Joan Roch, après l’arrivée de ce dernier à Montréal, au terme de son périple de course depuis la Gaspésie. (Photo: Gracieuseté – Cédric Bonel)

Relever des défis sportifs en apparence insurmontable et savourer cet accomplissement personnel, Joan Roch et Anne Genest en ont l’habitude. Ils s’attaqueront à celui de la Diagonale des fous, motivés cette fois à faire réaliser un rêve à Samuel, qu’ils transporteront dans une joëlette durant un parcours de 100 km avec un dénivelé de 5 000 mètres. 

Pour y arriver, les deux Longueuillois ne seront pas seuls. Une équipe de 26 coureurs-porteurs – dont la Longueuilloise Stéphanie Gaudreau – se mesurera à cette épreuve d’endurance sur l’île de La Réunion, dans l’océan Indien, en octobre 2024. 

Joan Roch et Anne Genest ont accepté d’en être les porte-parole avec Bruno Blanchet, avec qui ils ont participé à diverses courses. L’été dernier, Anne Genest s’est jointe à son projet de courir jusqu’au Bic. 

Cette complicité a sans doute contribué à ce qu’ils soient choisis par l’organisme Réseau-Autonomie-Santé, qui organise le périple.

«Je crois qu’ils cherchaient des gens qui seront là pour les bonnes raisons. On participe à la course surtout pour faire vivre une expérience extraordinaire à une personne à mobilité réduite, qui ne pourrait jamais utiliser sa force physique pour y arriver», détaille Anne Genest.

Atteint du syndrome de Louis-Bar, Samuel est habité d’une urgence de vivre et dit oui à toutes les propositions. Le couple a eu l’occasion de le rencontrer, et il s’en inspire. «Il est formidable. Il a tellement une belle personnalité, j’en ai eu les yeux plein d’eau», témoigne Mme Genest.

«Il est conscient qu’il vit sur du temps emprunté. C’est l’occasion pour lui de vivre à 100%. Cette attitude-là est très contagieuse», renchérit Joan Roch.

Des médecins accompagneront le groupe, afin d’apporter des soins quotidiens à Samuel.

Travail d’équipe

La Diagonale des fous sera un redoutable travail d’équipe, a constaté le couple.

En raison du terrain accidenté, la joëlette sera plus souvent qu’autrement levée, poussée ou portée.

Les participants formeront une chaîne humaine, certains devant, d’autres derrière Samuel, en plus de coureurs de chaque côté, de sorte que la force de chacun est employée.

«C’est toute une question d’équilibre, on sera une vingtaine et il faudra se synchroniser», anticipe M. Roch.

Ceux qui forment la première équipe des Amériques à participer à la Diagonale des fous devront donc s’entraîner plusieurs fois ensemble, afin de développer une complicité.

Joan Roch et Anne Genest ont tenté l’expérience – à petite échelle – en courant au parc Michel-Chartrand tout en portant une joëlette. «On prenait les sentiers les plus racineux et plus boueux», explique Mme Genest.

Premier constat : il faudra muscler le dos. Deuxième constat : la communication et la complicité seront les clés.

Terrain connu

Joan Roch a déjà relevé l’épreuve de la Diagonale des fous, en parcourant 168 km en course individuelle. Il est d’ailleurs le seul membre de l’équipe à détenir cette expérience. 

Un atout certes, mais ce terrain connu suscite étonnamment une grande appréhension.

«Pour l’avoir vu, je sais à quel point il est escarpé. Le terrain est vraiment quelque chose. D’avoir à une former une chaîne humaine à flanc de falaise…» avance-t-il. 

Anne Genest craint pour sa part le manque de sommeil, dans ce concentré de trois jours très exigeants.
Mais rien qui ne saurait l’arrêter : «J’aime les épreuves de longue haleine, d’avoir l’impression au fil de départ que c’est impossible, et qu’au fil des pas, ça devienne atteignable».