Culture

Dominique-Beauséjour-Ostiguy et Marie-Pier Allard: un doux temps de création

le dimanche 23 août 2020
Modifié à 12 h 28 min le 10 novembre 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Do, mi si, la do ré. Il y a de multiples façons de composer, interpréter ces notes. Celle qu’ont trouvé le compositeur et violoncelliste Dominique Beauséjour-Ostiguy et la pianiste et auteure-compositrice-interprète Marie-Pier Allard a ravi le jury du concours Domicile adoré de la Fondation Jeunesses musicales Canada, puisque le couple de Longueuil a remporté le 3e prix artistique.

Malgré la pandémie, la création n’a pas tout à fait pris de pause. Avec le calendrier de concerts et contrats qui s’est forcément allégé en temps de pandémie, l’occasion était parfaite pour le couple de musiciens de tenter sa chance à ce concours qui allie composition et interprétation; un fait assez rare.

Les participants devaient soumettre une composition dans laquelle on entend la série de notes do-mi-si-la-do-ré (Domicile adoré); un thème inspiré par les mois de confinement.

«Je voulais faire une pièce accessible, belle à l’écoute, résume simplement Dominique Beauséjour-Ostiguy, qui a créé la pièce. Je me suis amusé à insérer le plus souvent ce motif, tant dans l’accompagnement que la mélodie.»

À la première lecture de la partition, Marie-Pier Allard en est rapidement venu au constat qu’avec ce «niveau de difficulté notable» et le tempo très rapide, la pratique serait de mise. «Et surtout, le délai était très court», relève-t-elle.

Assorti d’une bourse de 7000$, le prix apportera également un certain rayonnement sur leur travail, espèrent les musiciens.

Le jury responsable de la sélection finale était composé de grands noms du classique, tels Yanick Nézet-Séguin et Kent Nagano. «Ça aide à se faire entendre et connaitre du milieu», reconnaît le violoncelliste.

Un voyage musical

Parmi d’autres projets en branle pour Dominique Beauséjour-Ostiguy, Quatuor Andara, qu’il a fondé, a lancé à la mi-août l’album À travers les Amériques.

«C’est jeune, très éclaté. Ça peut rejoindre plus de gens que seulement le public classique», estime celui qui est aussi fondateur du Trio de l’Île.

L’album compte sept pièces, dont quatre du compositeur argentin Alberto Ginastera, ainsi que deux compositions de Dominique Beauséjour-Ostiguy. Une pièce aux sonorités jazz, conçue par l’altiste et membre du quatuor Vincente Delorme, clôt l’album.

«Dans ma pièce, beaucoup de choses ressemblent à Ginastera. Des bouts sont débordants d’énergie – presque du rock métal! – alors que mon autre mouvement est plus lent, dans une même ambiance paisible, planante», décrit-il.

Propice à la création

Pour Marie-Pier Allard, la pandémie a aussi amené un climat propice à la création. Après un premier EP sorti en 2015, l’auteure-compositrice-interprète travaille actuellement à un projet d’album.

La crise actuelle teintera assurément les pièces de celle qui fait des relations humaines la matière première de ses textes.

«Il a beaucoup été question de la proximité avec les gens autour de nous, comme nos grands-parents, soulève-t-elle. On a réalisé à quel point ils sont importants pour nous.»

Celle qui compte des expériences de choristes dans des spectacles et émissions comme Plamondon et En direct de l’univers considère avoir besoin tout autant de la musique populaire que du classique.

«C’est étrange à dire, mais pour moi, la musique n’a pas de style. Je fais et j’écoute la musique que j’aime. Le classique offre quelque chose d’inégalable, mais je n’ai pas une voix lyrique, alors je vais naturellement vers la pop. C’est un équilibre que je souhaite conserver.»

La transformation de BOA expérience

Les derniers mois ont aussi été l’occasion pour Marie-Pier Allard et Dominique Beauséjour-Ostiguy de peaufiner la préparation d’un nouveau spectacle de BOA expérience, leur duo qui se consacrent à des compositions originales. Imaginaire alliera violoncelle, piano et voix. Quelques prestations sont prévues en novembre.

«C’est une plongée dans l’imaginaire, un programme qui vise le voyage intérieur», avance Dominique Beauséjour-Ostiguy.

Au fil du temps, l’identité de BOA Musique, devenu Boa expérience, s’est transformée. Au départ, les artistes n’hésitaient pas à multiplier les instruments (violoncelle, basse, percussion, piano) dans la même pièce.

«On voulait que ce soit un projet de création sans limite!» illustre Dominique.

Ils en sont progressivement venus à l’idée de «réduire un peu», notamment pour convenir à plus de diffuseurs.

Dans les premiers mois du confinement, BOA expérience a présenté quelques concerts en direct sur Facebook, dans leur salon.

«C’était tellement étrange! On avait l’impression de parler dans le beurre», dit en riant Marie-Pier, qui reconnaît néanmoins le caractère réconfortant des commentaires positifs des internautes.

Le duo a aussi participé à quelques reprises à la Pause culturelle, une initiative du Bureau de la culture de Longueuil.

«Un nouveau public nous suit grâce à ça», se réjouit Dominique.

N’empêche, les deux artistes ont hâte de remonter sur scène.

«Ça manque au public aussi, relève le compositeur. En ligne, il y a une magie qui n’est pas là. Ce n’est pas pareil.»