Don croisé de rein : unies pour la vie
La Châteauguoise Lisa Guinoiseau revit, littéralement, depuis janvier 2024 grâce à un don de rein vivant. Son amie Jennifer Roy a accepté de participer au programme de don croisé de rein, c’est-à-dire qu’elle a donné son organe à un étranger pour qu’en échange son amie puisse en recevoir un d’une personne compatible.
Lisa Guinoiseau survivait grâce à la dialyse depuis près d’un an et demi, puisque ses reins ne fonctionnaient presque plus. Au printemps 2023, sa recherche de rein avait été racontée dans les médias, dont Le Soleil, mais malgré la quinzaine de personnes qui s’étaient manifestées, aucune n’était compatible avec elle.
Ce que la Châteauguoise ne savait pas, c’est qu’en parallèle, son amie Jennifer avait commencé les démarches pour vérifier sa compatibilité et voir si elle pouvait être une bonne candidate pour donner un rein. «Je voulais être certaine que je n’avais pas de problème de santé et je ne voulais pas lui faire de fausse joie», raconte Mme Roy.
Bien qu’elle ait su rapidement qu’elles n’étaient pas compatibles, Jennifer Roy a voulu poursuivre le processus dans le but de participer au programme de don croisé.
«Des fois, tu as des proches qui sont malades et tu ne peux rien faire. Là il y avait une possibilité de faire quelque chose et d’avoir un impact. Je trouvais que ça valait la peine d’essayer pour redonner une qualité de vie à Lisa», exprime-t-elle.
Mme Guinoiseau n’avait plus beaucoup d’énergie. Elle devait se brancher toutes les nuits à sa machine de dialyse afin que celle-ci filtre son sang. Quand son amie lui a annoncé qu’elle s’était inscrite au programme de don croisé, elle était très émue. «On dirait que je ne le croyais pas qu’elle soit prête à donner une partie d’elle en excellente santé pour moi. J’ai reçu ça comme un gros don d’amour», confie-t-elle trois mois après l’opération.
En s’inscrivant au programme de don croisé, Lisa et Jennifer ont embarqué dans une banque de donneurs et receveurs potentiels à travers le Canada, ce qui augmente les chances d’avoir «un match» autant pour le donneur que le receveur. Elles ont officiellement appris en décembre que la chaine de dons fonctionnait et qu’elles pourraient être opérées en janvier.
À leur arrivée à l'hôpital, la veille des deux opérations. (Photo : gracieuseté)
Les dons sont faits de façon anonyme, les deux femmes n’ont donc aucune information sur le donneur de Lisa et le receveur de Jennifer. Elles ont eu la chance de se faire opérer le même jour au CHUM, ce qui est rare selon ce qu’on leur a raconté. «C’était vraiment spécial, nous sommes entrées les deux couples ensemble à l’hôpital la veille de l’opération», explique Mme Guinoiseau. Cette dernière confie avoir trouvé difficile de voir son amie en parfaite santé affaiblie par l’opération alors qu’elle, au contraire, se sentait mieux dès le lendemain de la greffe.
Le plus beau cadeau
«C’est le plus beau cadeau que je n’ai jamais eu. Je ne pourrai jamais assez la remercier», reconnait la greffée. Elle a retrouvé sa vie d’avant et son énergie. «Je peux aller faire l’épicerie ET faire du ménage dans la même journée ! Alors qu’avant je devais choisir» , illustre-t-elle en riant.
Lorsque les deux femmes se sont croisées pour la première fois après la greffe de Lisa Guinoiseau. (Photo : gracieuseté)
Quant à Jennifer, elle est toujours heureuse de son don et bien rétablie de l’opération. «C’est un geste qui en vaut vraiment la peine. L’impact que ça a sur Lisa versus sur moi, c’est rien!» dit-elle.Mme Roy mentionne s’être sentie en confiance avec le personnel médical tout au long du processus. «Leur but ce n’est pas d’avoir un autre patient. Ils ont tout regardé pour être certains que ça n’aurait pas d’impact sur moi.»
Lisa Guinoiseau souhaite que son histoire donne espoir à d’autres personnes qui vivent avec une maladie rénale. «Il y a deux ans et demi, jamais je n’aurais cru que ce serait possible de revivre à nouveau, mais oui c’est possible !»
Le don croisé de rein
Le Programme de don croisé de rein est géré par la Société canadienne du sang en collaboration avec les programmes de don vivant de rein à travers le Canada.
L’objectif est de créer des chaines des duos incompatibles avec d’autres duos afin de former des paires compatibles.
En 2023, 99 transplantations de rein ont été réalisées grâce à ce programme.
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