COVID-19

Éclosion de COVID-19 dans une résidence pour aînés à Saint-Lambert

le mercredi 13 mai 2020
Modifié à 12 h 06 min le 13 mai 2020
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Aux prises avec une éclosion de COVID-19 qui touche une cinquantaine de ses résidents et une quinzaine d’employés, le personnel soignant de la résidence pour aînés Les Jardins intérieurs à Saint-Lambert lance un appel au renfort pour pallier la pénurie de personnel et lui permettre de souffler un peu. «C’est un cri du cœur, affirme Nancy Coulombe, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs des résidences et centres d’hébergement privés de la Montérégie – CSN. J’invite la population à joindre notre escouade d’anges gardiens parce que tout le monde ici est fatigué.» Celle qui est aussi préposée aux bénéficiaires à la résidence Les Jardins intérieurs a alerté Le Courrier du Sud sur la situation qui a cours dans son milieu de travail. Elle rapporte environ 10 décès liés au coronavirus parmi les quelque 500 résidents de l’établissement de l’avenue Victoria. La société de gestion Cogir, qui dirige la résidence, confirme ce chiffre. Des zones rouges et vertes ont été aménagées et d’autres mesures sanitaires ont été mises en place pour protéger la clientèle autonome à semi-autonome. Le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre ainsi que des infirmières d’autres établissements les soutiennent, mais ce n’est pas suffisant, estime Mme Coulombe. «Nos employés sont fatigués. Ils ne peuvent pas de prendre de vacances et font du temps supplémentaire», indique la préposée aux bénéficiaires qui a été testée négative à la COVID-19.
«Pour l’instant, on fait du mieux qu’on peut, mais c’est parce que nous faisons du temps supplémentaire.» -Nancy Coulombe, préposée aux bénéficiaires
La situation s’est aggravée au cours des dernières semaines, précise Mme Coulombe. Toutefois, celle-ci souligne qu’elle était déjà critique avant l’arrivée de la pandémie, qui n’a fait que l’exacerber. «Nous sommes en manque d’effectif depuis très longtemps, comme partout ailleurs au Québec, fait valoir la présidente du syndicat. Les préposés sont payés entre 14 et 18$ de l’heure pour faire leur travail.» Celle qui œuvre dans la zone verte de l’établissement dit avoir une pensée pour ses collègues en zone rouge, «puisqu’ils mettent leur vie en danger pour s’occuper de leurs résidents». Le gestionnaire cherche aussi du renfort Pour sa part, la société de gestion Cogir affirme qu’elle attend de savoir si l’armée pourra donner un coup de main au personnel. Des démarches ont également été faites il y a plusieurs jours auprès de la mairie de Saint-Lambert, afin que celle-ci puisse lui référer du personnel qualifié. «Le CISSS fait aussi ce qu’il peut, mais jusqu’à présent, c’est grâce à 12 employés de nos autres résidences que nous avons pu avoir du renfort», explique Frédéric Soucy, président. Sur les 15 membres du personnel qui ont été testés positifs, six d’entre eux sont guéris et pourront vraisemblablement regagner leur poste d’ici la fin de la semaine, souligne M. Soucy. Il souhaite que des personnes qualifiées se manifestent pour soutenir les employés, particulièrement des infirmières-auxiliaires, puisqu’elles se font plus rares, précise-t-il. «On leur demande l’impossible» «Qui risquerait sa santé pour un petit salaire?» se demande Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie – CSN. Elle joint sa voix aux travailleurs de la résidence Les Jardins intérieurs qui appellent à l’aide. «On leur demande l’impossible, soutient Mme Herbeuval. Comment offrir un service de qualité sans pouvoir bénéficier d’un temps de repos? Quand on s’occupe de la santé des gens, on n’a pas le droit à l’erreur. Je leur lève mon chapeau.» Selon la représentante syndicale, le gouvernement doit concrétiser le plan de nationalisation des résidences pour aînés qu’il a évoqué lors d’un point de presse en avril.