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École nationale d’aérotechnique : la zone d’innovation qui donne des ailes

le mardi 28 mai 2024
Modifié à
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Pascal Désilets, directeur général de l’ÉNA, la seule école en aérotechnique au Québec et la plus grosse du Canada.  (Photo: Gracieuseté)

L’annonce de la création d’un «aérocampus» est accueillie comme une victoire par Pascal Désilets, directeur général de l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA), qui a pris les rênes il y a cinq ans des démarches pour l’obtention de la désignation de zone d’innovation. Un gain aux retombées multiples, qui est gage d’autres annonces importantes à venir, avance M. Désilets.

Avec la présence d’entreprises, de l’ÉNA et de l’aéroport, le secteur de l’aérospatiale est déjà très dynamique à Longueuil. Qu’est-ce que la désignation de zone d’innovation changera ?

«Ça vient prioriser au gouvernement les activités de l’aérospatiale. On vient accélérer le financement et nous donner les coudées franches pour la concrétisation de différents projets. Et on va permettre à la région d’avancer dans la décarbonation de l’«aéro». Il y a une permanence qui va travailler à aller chercher les entreprises et faire des partenariats avec les institutions d’enseignement et de recherche, comme le CTA [Centre technologique en aérospatiale] et l’ÉTS [École de technologie supérieure].»

Quels sont les projets en cours qui pourront se déployer ?

«Le plus gros projet, c’est l’Aérocampus. La formation et la recherche (collégiales et universitaires) et les entreprises, c’est ça l’Aérocampus. L’ÉTS a annoncé son arrivée, ça va prendre des constructions, de nouvelles installations annexées à celles de l’ÉNA. Il faut le planifier, ce seront de gros investissements. On va devoir refaire nos hangars, nos laboratoires. L’ÉTS va nécessiter de nouveaux labos. Au CTA, il y aura de nouveaux domaines d’activités, comme la propulsion alternative. On travaille sur la motorisation d’avions à propulsion hybride et électrique. Dès la rentrée 2025, l’ÉTS s’installera à l’ÉNA. Au début, on va se tasser un peu, mais l’ÉTS aimerait avoir ses propres installations en 2028, adjacentes à l’ÉNA, pour que l’on partage certains laboratoires.» 

Est-ce que la désignation de zone d’innovation attirera davantage d’étudiants à l’ÉNA ? 

«On le voit déjà. Pour l’automne prochain, il y a une hausse de 40% des demandes d’admission. Dans la dernière année, c’est plus de 600 demandes. C’est très significatif, du jamais-vu dans les 15 dernières années. Ça vient influencer les jeunes à voir le côté positif : je veux contribuer à la transition énergétique de l’aviation.  C’est positif pour les jeunes et les parents : il y a l’air d’avoir de la job pour les prochains 30 ans, ça vaut la peine d’y aller. Et environ 50% des étudiants viennent de la région de Longueuil. En termes de taux de placement, 50% vont à l’université, 50% vont sur le marché du travail et ils ont tous des jobs avant de finir.» 

Et les entreprises profitent de la présence de l’ÉNA ?

«Être proche de l’école, ça aide aux entreprises. Koptair fait l’entretien de moteurs d’avion et a déménagé ici. CEL Aerospace s’est aussi installée dans la zone aéroportuaire, et souvent, ce qu’on entend, c’est pour se rapprocher de l’ÉNA et du CTA. En ajoutant l’ÉTS, ça ajoute un buzz positif. Et on est chanceux d’avoir le soutien de la Ville.»

Des regroupements citoyens s’inquiètent des impacts du développement de la zone aéroportuaire. Que pensez-vous de cette position ?

«La zone d’innovation va aider à la décarbonation, on vient développer de futurs produits. On est en train de travailler à la solution pour réduire le carbone émis, pour réduire le bruit, car les avions électriques font moins de bruit. Si on prend les devants et qu’on contribue à accélérer cette transformation, ce qui était un irritant va devenir une source d’innovation et motivation encore plus grande.»