Électrification des autobus : «c'est la catastrophe caquiste qui continue»

Des élus ont dénoncé les importants coûts qui viennent avec l’électrification des flottes d’autobus. (Photo: gracieuseté)
La stratégie d’électrification du parc d’autobus québécois fait de plus en plus de mécontents. Notamment à Saint-Lambert, où la mairesse Pascale Mongrain et le conseiller Francis Le Chatelier ont tous deux dénoncé avec véhémence la stratégie du gouvernement du Québec lors de la séance publique du 20 mai.
Mme Mongrain représente Saint-Lambert au conseil d’administration du Réseau de transport de Longueuil (RTL), tandis que M. Le Chatelier y a siégé jusqu’au printemps 2024, avant de remettre sa démission. Il avait à l’époque évoqué un désaccord avec la vision du gouvernement québécois.
À ses yeux, remplir les autobus est plus important que de les électrifier.
«Je crois depuis toujours que ce qu’il faut, c’est d’optimiser l’utilisation des autobus. […] Un autobus au diésel avec 50 personnes dedans est beaucoup plus environnemental qu’un autobus électrique vide», a-t-il noté le 20 mai, alors qu’il prenait la parole pour parler des coûts exorbitants des infrastructures.
Celui-ci a d’ailleurs mentionné les importants coûts qui viennent avec le fait de changer la flotte d’autobus : «ce sont toutes les flottes des opérateurs qui devront être changées, chaque autobus va coûter plus de 2 M$. Après, ça vient avec la nécessité de refaire tous les garages des opérateurs».
Pas un mot à dire
Relancée sur le sujet par un citoyen lors de la période de questions, Mme Mongrain a noté le peu de pouvoir qu’a le RTL comme opérateur.
«La décision de remplacer la flotte d’autobus au diésel par des autobus électriques vient du gouvernement du Québec. […] Les opérateurs sont pris, le RTL n’a pas un mot à dire. Le Réseau doit se plier à la volonté du ministère, qui a imposé ça. Alors c’est vraiment dommage, parce qu’il y a de l’argent qui est englouti là-dedans alors que de toute façon, les autobus ne sont pas pleins. C’est terrible», a-t-elle soutenu.
M. Le Chatelier a par la suite expliqué que l’achat d’autobus électriques était subventionné à 95% par Québec et que ceux au diésel ou hybride n’étaient plus subventionné – une façon d’amener les opérateurs vers l’électrification.
«Même si [le RTL] refuse, on ne paiera pas les autobus de notre poche, on a besoin des subventions. Moi j’appelle ça la catastrophe caquiste qui continue. Ce sont plusieurs milliards qui sont dilapidés», a-t-il ajouté.
Le RTL veut revoir la stratégie
Le 22 avril dernier, les sociétés de transport en commun ont sonné l’alarme à propos de la cible d’électrification de 55% du parc d’autobus d’ici 2030. «La stratégie d'électrification doit absolument être revue», clamaient-elles.
Parmi les six actions qu’elles proposaient, on notait de revoir la cible de 55%, de réviser les programmes de financement pour permettre l’acquisition d’autobus hybride et de recentrer la stratégie sur les besoins des usagers.
Par courriel, le RTL avait confirmé au Courrier du Sud partager «l’ensemble des préoccupations des organismes publics de transport en commun liées à la stratégie d’électrification».
«Nous sommes confiants dans la poursuite d'un dialogue constructif avec les autorités gouvernementales pour nous permettre une compréhension commune des enjeux et des défis afin que s’en suive l’émergence d’une approche concertée pour mener cette transition de façon progressive et maintenir ainsi la qualité de service aux usagers du transport collectif», avait-il également déclaré.