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Elle cuisine des milliers de biscuits pour prévenir le suicide

le mardi 15 novembre 2022
Modifié à 15 h 35 min le 15 novembre 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Martine Loiselle, dans sa cuisine. Elle recherche actuellement des entreprises et commanditaire pour soutenir le Défi25.  Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Francis Caron s’est enlevé la vie en mars 2015. Depuis, sa mère, Martine Loiselle, amasse des fonds pour Suicide action Montréal (SAM) pour prévenir d’autres drames comme celui qu’elle a vécue. Et pour y arriver, avec une équipe, elle cuisine et vend chaque année des milliers de biscuits. 

«Quand ça arrive, tu prends ça comme une tonne brique dans la face. Ç’a été très dur pour mes trois autres enfants aussi, ils étaient très proches, très soudés tous les quatre», raconte-t-elle.

Afin de ne pas oublier Francis, la famille a eu quelques idées, jusqu’à ce qu’elle assiste à la présentation du film Sans toi, à propos du suicide. À la fin de la projection, son fils aîné a éclaté en sanglots.

Une intervenante de SAM est immédiatement venue le voir et ils ont parlé ensemble pendant une bonne heure et demie.

«J’avais trouvé ma cause», indique la Longueuilloise, qui s’était fixé comme objectif d’amasser 2 500$ pour l’organisme.

Cependant, elle admet avoir initialement peiné à atteindre cette cible.   

«Les gens sont sollicités de partout. Je m’étais fixé un objectif, mais ça ne levait pas et il me restait deux semaines. Je me suis dit : qu’est-ce que je fais? Tiens, je vais faire une campagne originale, je vais vendre des biscuits! D’autant plus que Francis adorait mes biscuits», explique-t-elle.

Le temps de le dire, elle a amassé le montant manquant.

D’une entorse cervicale à la cuisine communautaire

Ainsi, chaque année depuis ce moment, elle lance sa campagne – le Défi 25 – durant laquelle elle vend ses biscuits tout au long du mois de mars, en l’honneur de Francis, qui avait 25 ans au moment de son décès en mars 2015.
Une campagne qu’elle a menée seule, ou presque, à ses débuts.

«En 2016-2017, j’ai fait ça seule dans ma cuisine. J’ai cuisiné 400 douzaines de biscuits la deuxième ou la troisième année et ç’a fini en entorse cervicale. Ma chiro m’a fait jurer de ne plus jamais faire ça seule!» note Mme Loiselle.

 «J’aime ça faire ça. Ça me permet de transcender ma peine de façon productive.»
-Martine Loiselle

L’idée de partir une cuisine collective lui est ensuite venue. Tranquillement, elle s’est bâti une équipe de bénévoles, est allée chercher quelques commanditaires d’ingrédients, notamment, et s’est installée officiellement dans la cuisine du Comité d'action populaire LeMoyne (CAPL).

En 2019, à la cuisine collective des scouts de Saint-Hubert. (Photo gracieuseté)

Une formule qui s’est avérée un grand succès : «tout le monde a aimé ça!» souligne-t-elle.

Surmonter la pandémie

Puis est arrivée l’année 2020. Le 14 mars, elle devait recevoir des députés et des gens de la Ville, qui ont tous annulé avec l’éclosion de la pandémie. 

Des points de vente étaient prévus dans diverses entreprises, dont des cabinets de traduction, incluant celui où elle travaille. «Une équipe de retraités allait même tenir d’autres points de vente. Mais là, qu’est-ce qu’on allait faire avec toute la production déjà commencé», se souvient-elle. 

(Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain)

Mme Loiselle est montée dans sa voiture et a fait des livraisons à domicile pendant trois ans. 

En 2022, 9 200$ ont été recueillis, portant à plus de 44 600$ le total remis à Suicide action Montréal.

En 2023, elle espère revenir à la formule de cuisine collective et de points de vente.

«C’est une initiative citoyenne, mais on rêve grand! Le défi est de faire connaître de nouveau le mouvement et de recruter de nouveaux commanditaires», soutient-elle. 

Elle recherche actuellement des entreprises qui souhaiteraient la soutenir ou encore réserver une visite de son équipe au sein de leur milieu de travail. Les citoyens peuvent aussi former des équipes pour venir en cuisine, le temps d’une matinée ou d’une journée, confectionner des biscuits.

Mme Loiselle souhaite en outre inspirer d’autres parents qui ont vécu une situation comme la sienne.

«Venir passer une journée ici, on se rend compte que oui, on peut encore rire, mais on doit continuer de parler du suicide», conclut-elle.

Rens: www.ledefi25.com ou la page Facebook DefiFrancisCaron

 

 

2870 biscuits en 1 mois

Martine Loiselle ne se contente pas de concocter une seule sorte de biscuits : à l’avoine, à la mélasse, aux pépites de chocolat, des biscuits sans gluten, des sablés, entre autres!

En 2022, ont été produits :
-2870 biscuits;
-36 paquets de pâtes à biscuits;
-23 recettes de carrés aux dattes;
-24 pots de caramel salé.
Les invendus sont remis à l’Abri de la Rive-Sud.

La production a impliqué des quantités impressionnantes d’ingrédients, dont :
-220 lb de farine;
-90 lb de margarine;
-30 lb de gruau;
-130 lb de sucre;
-4 gallons de lait.
 

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