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Elle rencontre le receveur du rein qu'elle transporte

le samedi 12 septembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 12 septembre 2015

Un soir de semaine, lors d'un souper avec des amis, Cathy Latour reçoit un message de ses patrons du Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL): quelqu'un doit transporter un rein d'urgence jusqu'à Québec. Elle se porte volontaire.

C'est la première fois que l'agente Latour transporte un organe. Elle est devenue bénévole lorsque le SPAL a conclu un partenariat avec l'Association canadienne des dons d'organes (ACDO), au mois de décembre dernier.

La policière n'a que le temps d'enfiler son uniforme avant de se rendre au poste de police pour prendre ses instructions. Elle se rend à l'hôpital Notre-Dame, à Montréal, à bord d'un véhicule fourni par l'ACDO.

À l'hôpital, on est prêt à l'accueillir et lui donner la suite des indications. «Je suis ici pour le rein», dit-elle simplement.

Un sac rempli de glace l'attend, avec l'organe à l'intérieur. Elle le place dans sa glacière, qu'elle sécurise solidement dans son véhicule.

Un moment émotif

Quelques heures plus tard, l'agente Latour arrive à l'Hôtel-Dieu de Québec. Elle dépose sa glacière à la réception, expliquant qu'elle apporte un rein pour une greffe.

«Monsieur, votre rein est arrivé», lance l'infirmière qui l'accueille.

Le patient qui devait recevoir le rein se trouvait derrière la policière. Il était sorti de sa chambre et l'a vue, avec sa glacière.

«Il était content; sa vie allait changer à ce moment-là. Il n'y a pas eu de mots qui se sont échangés, mais par les regards, on savait ce que l'autre pensait», affirme l'agente Latour.

Onze transports en neuf mois

Le SPAL est devenu un partenaire de l'ACDO grâce à l'initiative de l'agent Éric Beauchamp. Il s'est intéressé au don d'organes lorsqu'un de ses proches était en attende d'un rein, il y a quelques années.

«Quelqu'un dans ma famille a été sur la liste d'attente pendant deux ans et demi alors on sait c'est quoi d'attendre que la pagette sonne et qu'elle ne sonne jamais. Pour moi, c'est devenu important de participer à ça», affirme-t-il.

Ses efforts ont porté fruit le 27 décembre 2014, lorsqu'un agent bénévole a fait un premier transport, trois semaines après que le SPAL ait annoncé qu'il se joignait au réseau de transporteurs de l'ACDO. Depuis, les policiers longueuillois ont effectué huit autres sorties.

Du travail bénévole

Le véhicule et l'essence sont fournis par l'Association, mais les policiers ne reçoivent aucune rémunération, ni remboursement de dépenses.

«Avant, les organes étaient transportés en ambulance ou en taxi, explique le fondateur de l'ACDO, Richard Tremblay. Mais s'il faut sortir une ambulance de son territoire pendant plusieurs heures; ça n'a pas de bon sens. Alors on a commencé à utiliser des policiers volontaires en 1987.»

L'ACDO effectue ainsi plus de 500 transports par année, grâce à l’implication de plus de 1000 policiers.

Les agents Latour et Beauchamp incitent  les citoyens à signer l'autocollant de consentement au don d'organes au verso de leur carte d'assurance-maladie. Ainsi, si une tragédie leur arrive, ils peuvent tout de même contribuer à sauver la vie des autres.

«Moi, j'ai transporté un rein. Mais la personne qui a fait le don, une fille de 17 ans qui est malheureusement décédée dans un accident, elle a pu sauver six ou sept personnes», résume Cathy Latour.