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Embarquement pour les Caraïbes : l’ambitieux plan de l’Aéroport de Saint-Hubert

le vendredi 16 avril 2021
Modifié à 14 h 41 min le 22 septembre 2021
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Ambitieux est le mot parfait pour décrire le plan de développement et la vision que s’est donné l’Aéroport de Saint-Hubert pour les prochaines années. Un plan qui propose la bonification des vols régionaux et à destination d’autres villes canadiennes, mais aussi des vols internationaux offerts par des transporteurs à rabais. Un plan qui pourrait créer 5000 emplois, attirer un million de passagers par année et entraîner des retombées annuelles d’un milliard de dollars d’ici 2037.

Le président du conseil d’administration de Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L) Charles Vaillancourt a expliqué les grandes lignes de ce plan de développement lors d’un Midi conférence virtuel de la Chambre de commerce et d’industrie de la Rive-Sud (CCIRS), le 13 avril.

«Notre plan s’appuie sur trois types de vols : les vols régionaux, les vols à rabais vers d’autres destinations canadiennes et, à plus long terme, les vols à rabais vers le sud des États-Unis, le Mexique et les Caraïbes», a-t-il expliqué d’entrée de jeu. [caption id="attachment_111132" align="alignright" width="387"] Le président du C.A. de DASH-L Charles Vaillancourt[/caption]

Reprendre sa place

Le développement des vols internationaux à rabais est la pierre angulaire du plan mais aussi la plus audacieuse. «Dans la plupart des grandes villes où il y a un aéroport primaire qui offre le transport régulier, il y a un aéroport secondaire qui offre l’opportunité aux transporteurs à rabais de s’établir, a souligné Charles Vaillancourt. On peut simplement penser à Orly, qui est l’aéroport secondaire de Paris, après Charles-De-Gaulle.»

Ces aéroports secondaires offrent aux transporteurs des infrastructures minimalistes mais fonctionnelles ainsi qu’une structure de coûts accessibles, leur permettant de proposer des bas prix à leurs clients. «En 2012, 124 000 Québécois ont voyagé vers le Sud à partir d’aéroports limitrophes aux États-Unis, a souligné Charles Vaillancourt.

L’aéroport de Plattsburgh est ainsi en train de devenir de facto l’aéroport secondaire de Montréal. Mais les gens ne devraient pas à avoir à aller aux États-Unis pour avoir accès à des vols à rabais.» L’Aéroport de Saint-Hubert (YHU) souhaite donc reprendre à Plattsburgh la place qui lui revient et devenir l’aéroport secondaire de Montréal-Trudeau (YUL).

Interdits par Transport Canada

Or, une clause datant du début des années 1990, lors de la dérèglementation du transport aérien canadien, interdit actuellement à l’Aéroport de Saint-Hubert d’offrir des vols vers l’international, accordant cette exclusivité à YUL pour une période de 60 ans. Et selon les études de marché de DASH-L, les vols domestiques ne permettant pas de générer assez de revenus pour offrir les infrastructures nécessaires, ces vols internationaux sont essentiels pour que le projet de développement soit autosuffisant.

«L’Aéroport de Saint-Hubert se voit en complète complémentarité à Montréal-Trudeau.»  

– Charles Vaillancourt, président du C.A. de DASH-L

«Au moment de la création de cette clause, personne ne voyait venir le marché des vols rabais, a rappelé Charles Vaillancourt. Aujourd’hui, cette interdiction est désuète et ne reflète pas les besoins du marché. C’est un vestige de l’époque où le monde de l’aviation était très règlementé.» En effet, YHU avance que son projet n’entre aucunement en concurrence avec l’offre de YUL.

«Les vols à rabais sont impossibles à partir de Montréal-Trudeau, en raison des frais d’atterrissage, des frais d’amélioration facturés aux passagers, des coûts de stationnement, etc., a expliqué M. Vaillancourt.

Ces vols s’en vont donc aux États-Unis. Ce qu’on veut faire, c’est rapatrier ces vols à Saint-Hubert. On parle d’environ 50 vols par semaine, soit 3% de l’achalandage actuel de YUL.»

«On a déjà eu bon nombre de discussions avec la plupart des transporteurs à rabais et il y a un énorme intérêt de leur part. On va continuer à travailler avec eux et avec le gouvernement pour trouver une façon de lever l’interdiction», a-t-il assuré.

DASH-L pourra également compter sur l’appui de la CCIRS et de la Ville de Longueuil dans ce dossier, toutes deux ayant demandé publiquement au gouvernement fédéral de permettre cette complémentarité avec Montréal-Trudeau en éliminant la clause d’interdiction.

Maintenir et développer les vols régionaux

Charles Vaillancourt se réjouit par ailleurs des nombreuses initiatives prises par le transporteur Pascan – «le joyau de l’Aéroport de Saint-Hubert» – depuis qu’Air Canada s’est retiré de plusieurs destinations régionales. «Pascan a su faire preuve d’initiative depuis le retrait d’Air Canada, faisant entre autres l’acquisition de nouveaux appareils, et est devenu LE transporteur régional au Québec. On va faire tout ce qu’on peut pour encourager le développement de Pascan.»  

Et le bruit dans tout ça?

Impossible de parler de l’aéroport de Saint-Hubert sans parler de tout le dossier entourant le bruit produit par ses activités.

Depuis de nombreuses années, les citoyens riverains de l’aéroport, sous l’égide du Comité anti-pollution des avions – Longueuil (CAPA-L), multiplie les plaintes et recours judiciaires au sujet du bruit de l’aéroport, entre autres causé par les fréquents posés-décollés des écoles de pilotage, et plus récemment par les vols de gros porteurs.

S’il consent qu’avant 2010, peu d’attention était porté au bruit dans la gestion des opérations de l’aéroport, Charles Vaillancourt se réjouit des nombreuses mesures mises en place depuis. Il note ainsi les restrictions pour les heures de vol, la réduction de l’empreinte sonore lors des décollages, de même que le fait que les appareils de formation sont aujourd’hui tous dotés de silencieux.

«Nous avons également formé le Comité consultatif sur le climat sonore, qui fonctionne bien, et nous avons une entente à l’amiable avec le CAPA-L. Il y a encore quelques petits dossiers sur lesquels on se penche et des solutions seront présentées bientôt mais somme toute, on pense que la paix sociale est revenue concernant le bruit de l’aéroport.»