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Émilie Ouellette, première femme à la direction des opérations de l’aéroport de Saint-Hubert

le mardi 22 octobre 2019
Modifié à 10 h 56 min le 22 octobre 2019
Par Vanessa Picotte

vpicotte@gravitemedia.com

PORTRAIT. Émilie Ouellette dirige tous les aspects des opérations de l’aéroport de Saint-Hubert, du maintien et de l’entretien de la piste principale à la planification des travaux. Même s’il s’agit d’un travail peu conventionnel pour une femme, elle a surmonté les épreuves qui se sont dressées devant elle et a retenu le côté positif de chacune d’elles. Avec sa poigne de fer et son sourire angélique, Émilie Ouellette gère une équipe de cols bleus 100% masculine. Même si elle a senti à quelques reprises un peu de résistance pour faire sa place dans ce monde typiquement masculin, elle affirme que la plupart de ses employés et des gens qu’elle a croisés l’ont pris sous leur aile. «Je suis une personne qui veut toujours apprendre et qui est rassembleuse, alors les gens sont portés à vouloir m’aider. Il y a des exceptions qui disent «bon, regarde la p’tite fille!», mais la plupart me donnent des conseils et m’appuient», explique la directrice des opérations, en poste depuis janvier. Même si ce ne sont pas des souvenirs marquants pour elle, lorsqu’on lui demande si elle a dû davantage faire ses preuves qu’un homme, elle répond instinctivement par l’affirmative. Plus elle réfléchit et plus certains commentaires ou agissements lui reviennent en tête. «Je me souviens que lorsque je suis entrée en poste, je me suis présentée à une personne comme la nouvelle directrice des opérations et il m’a serré la main du bout des doigts avec mépris, raconte-t-elle. Ensuite, il m’a dit «tu as des grosses chaussures à porter» et s’est retourné sans vouloir me connaître.» Elle estime toutefois qu’il s’agit d’une exception dans le milieu. «J’ai pris cette situation du côté positif et je me suis dit «Je vais lui montrer de quoi je suis capable», se rappelle-t-elle. J’ai tendance à mettre de côté les épreuves négatives et à m’en servir comme défi pour avancer.» Parcours atypique Émilie Ouellette ne se prédestinait pas à une carrière dans l’aéronautique, elle qui a étudié en sciences de la nature souhaitant devenir dentiste. Après s’être intéressée au jeu et au cinéma, elle a plutôt réorienté ses études en communications. À la recherche d’un emploi plus «stable» après la naissance de son premier enfant, Émilie Ouellette a été engagée comme coordonnatrice à l’aéroport de Saint-Hubert. Elle a ensuite occupée successivement les postes d’adjointe administrative et d’ajointe au directeur général, mais elle avait toujours en tête ce rêve d’occuper un poste de direction. [caption id="attachment_80906" align="alignright" width="444"] Émilie Ouellette[/caption] «J’ai touché aux communications, à la comptabilité et je m’occupais aussi du conseil d’administration, explique-t-elle. J’ai beaucoup appris avec l’ancien directeur général et j’ai touché à tous les métiers. On peut dire que j’ai appris sur le tas!» À titre de directrice des opérations, Émilie Ouellette est amenée à diriger différents corps de métier, dont des mécaniciens ou des opérateurs de machinerie lourde. Bien qu’elle doive parfois remettre en question leur façon de travailler, elle ne prétend pas détenir la science infuse. «Je suis encore loin d’être une experte, mais mon équipe sait ce qu’elle fait, insiste-t-elle. Mon travail touche entre autres aux chiffres et aux indices de performance.» Son travail diffère d’une saison à l’autre. Présentement, Émilie et son équipe prépare la saison hivernale qui arrive à grands pas. À l’arrivée de la première neige, tout doit être prêt pour s’assurer que l’aéroport puisse être déneigé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Faire sa place sans brusquer personne Même si elle affirme devoir faire sa place chaque jour, elle croit qu’il est extrêmement important de faire valoir ses idées sans les imposer. Elle est d’ailleurs extrêmement fière d’avoir réussi peu à peu à changer la culture face au système de gestion de la sécurité, alors qu’un bon nombre d’employés étaient au départ extrêmement réticents. «Maintenant, quand les employés voient quelque chose, ils m’envoient un rapport, explique-t-elle. Ça ne veut pas dire que le rapport va avoir besoin d’un suivi, mais pour s’assurer que l’aéroport soit hyper sécuritaire, j’ai dit aux employés de m’envoyer n’importe quoi!» Elle explique qu’elle a amené progressivement cette nouvelle culture qui leur permet maintenant d’être proactif. Donner au suivant Étant donné son parcours atypique dans un milieu masculin, Émilie Ouellette se fait un devoir d’aider les femmes de son entourage qui souhaitent évoluer dans un métier non conventionnel. Elle insiste sur le fait de retenir le côté positif de chacune des épreuves à laquelle elles font face. «Regardez autour de vous, il y a plein de femmes inspirantes. Il faut les prendre comme modèles», insiste-t-elle. Elle se souvient d’ailleurs que son père lui a dit «de ne jamais accepter non comme réponse». Un conseil qui vaut aussi bien pour un homme ou une femme, à son avis. «Il y a toujours quelque chose que tu peux faire pour que ça devienne oui! Il faut restez positive et croire en nous car chacune est capable de relever les défis que lui apporte la vie, autant que les hommes», insiste Émilie Ouellette.