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Éducation

Enseigner avec le cœur

le mercredi 06 février 2019
Modifié à 7 h 45 min le 06 février 2019
Par Maryanne Dupuis

mdupuis@gravitemedia.com

VOCATION. Diplômée du collège Notre-Dame-de-Lourdes en 1990, Isabelle Normandin est revenue à «son école» quelques années plus tard, cette fois en tant qu’enseignante. Et depuis 20 ans, l’amour qu’elle éprouve pour son métier ne s’est pas estompé. «J’ai choisi d’enseigner au secondaire parce que c’est une partie tellement importante dans une vie», lance d’emblée Isabelle Normandin, qui enseigne les mathématiques de 2e secondaire. «En mathématiques, je travaille beaucoup la confiance en soi. J’ai entendu tellement souvent «Je n’ai jamais été bon, je suis poche, je vais couler». Il faut changer cette mentalité, croit-elle. Les mathématiques, c’est très théorique, mais avec des trucs et des blagues, ça fonctionne mieux. Je suis très théâtrale quand j’enseigne.» «Quand les élèves réalisent à la fin de l’année tout ce qu’on a fait ensemble, je ressens toute leur gratitude à travers leurs regards et par leurs remerciements; c’est mon bonus», affirme l’enseignante. Suite logique Ce n’est qu’une fois à l’université qu’Isabelle Normandin a choisi l’enseignement. Et pourtant, elle avait déjà la fibre bien implantée en elle. «J’ai toujours enseigné; j’étais au primaire et au secondaire et les autres venaient me voir quand ils ne comprenaient pas, se souvient-elle. J’ai toujours aimé ça. Je veux tout le temps aider.» Ce n’est pas un hasard si elle a choisi d’enseigner à l’école où elle avait évolué à l’adolescence; elle garde un excellent souvenir de son passage en tant qu’élève. «Au secondaire, ici, je me sentais vraiment en sécurité, affirme-t-elle. Pour moi, c’était vraiment quelque chose d’important; je me sentais bien. J’avais l’impression qu’il n’y avait même pas de problème dans l’école.» Il faut dire qu’elle était une excellente élève, ayant reçu bon nombre de méritas, notamment pour ses bonnes notes, mais aussi pour sa personnalité, ce qui l’a profondément touchée. «En 5e secondaire, quand ils ont fait la remise de diplômes, il y en avait un aussi pour la personnalité et c’était les professeurs qui votaient. Durant la cérémonie, on était assis, on attendait, et je n’ai même pas entendu mon nom tellement je ne pensais pas qu’il me reviendrait. J’ai réalisé que les profs avaient vu quelque chose en moi… relate-t-elle, de l’émotion dans la voix, même 30 ans plus tard. Je vis ça aussi avec mes élèves; parfois, ils ne voient pas leur propre potentiel. Pour moi, l’école, c’est plus que les notes; l’apprentissage de soi est encore plus important.» Quand elle a obtenu son diplôme pour enseigner, c’est donc venu tout naturellement d’aller porter son CV au Collège. «C’était comme une logique; c’était mon école.» C’est quoi, un bon prof? Après plus de 20 ans d’enseignement, Isabelle Normandin a toujours une étincelle dans les yeux lorsqu’elle parle de ses élèves. «Ma fille m’a demandé récemment si j’aimais toujours enseigner, confie-t-elle. Je lui ai dit: Oh oui, tellement. J’ai une chance incroyable.» Nul doute que cette première de classe a réellement trouvé le métier qui lui correspondait. Un métier pour lequel il faut y mettre tout son cœur, selon elle. «Ça prend plusieurs qualités pour enseigner; l’organisation, la rigueur, bien connaître sa matière et être en mesure de bien la livrer, convient-elle. Mais par-dessus tout, ce qui est important, c’est qu’il faut enseigner non seulement avec notre tête, mais surtout avec notre cœur. Si on est trop cérébral, on passe complètement à côté. Ce sont des jeunes qu’on a devant nous, pas des robots. Il faut être à l’écoute des élèves, les encourager, parfois les chicaner, tout en leur expliquant les notions et en les faisant cheminer.»