Opinion
Tribune libre

Entente secrète sur le REM

le mardi 03 avril 2018
Modifié à 6 h 25 min le 03 avril 2018

Pendant 18 ans, j’ai pris l’autobus au coin de ma rue à Brossard pour me rendre au centre-ville de Montréal dans un délai d’environ 20 minutes. Mais quand le REM sera fonctionnel, les autobus qui prennent les gens près de chez eux ne pourront plus passer par le pont Champlain. Les passagers devront se rendre en autobus jusqu’au terminus de Brossard et effectuer un transfert pour prendre le REM. Le tout, gracieuseté d’une entente secrète de monopole que la Caisse de dépôt et placement a prise avec l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). La Caisse écrit sur son site web que le délai pour se rendre au centre-ville à partir de Brossard sera entre 15 et 17 minutes, mais ne considère pas le temps additionnel du trajet local en autobus pour se rendre au terminus du REM. Aussi, environ le tiers des usagers qui font le parcours sur le pont Champlain prennent ensuite le métro, qui est accessible directement à partir du Terminus centre-ville actuel. Avec le REM, ces gens devront ajouter plusieurs minutes à leur trajet car il faudra marcher de la gare centrale jusqu’au métro Bonaventure. Interrogé après la découverte de cette entente entre la Caisse et l’ARTM, le premier ministre Philippe Couillard a répondu ceci à <@Ri>La Presse<@$p>: «Le REM va être tellement supérieur à tout ce qui était sur la table que les gens vont être très contents d'avoir ça, c'est pas mal mieux qu'une filée d'autobus.» On enlève du service et on ferme des stations jugées non rentables. Aussi, on allonge le temps pour se rendre au boulot. Et le premier ministre assure qu’on va être content! Méprisant, surtout dans le contexte de ce partenariat public-privé dont l’unique intérêt est la rentabilité. Nos gouvernements financent quasiment la moitié du REM et on n’a pas grand-chose en retour. Et s’il n’y a pas de rentabilité, la Caisse pourra monter les tarifs ou vendre des actifs. Hugues Richard