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Entrevue avec une bénévole des Petits Frères de Longueuil: «Mon salaire, c’est leur sourire!»

le samedi 13 juin 2020
Modifié à 10 h 11 min le 12 juin 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Diane Sauvé est bénévole pour Les Petits Frères de Longueuil depuis janvier 2016. Si la pandémie a changé beaucoup de choses dans la façon dont elle s’implique pour contrer la solitude des aînés, son «salaire», lui, est resté le même. «Quand je vois que ce que je fais est significatif pour eux, je l’ai, mon salaire!» De son propre aveu, Diane Sauvé fait un peu de tout depuis son arrivée chez Les Petits Frères. En plus de rendre visite régulièrement à une aînée, elle siégeait au comité d’accompagnement, agissait une fois par mois comme chauffeuse-accompagnatrice et participait à des séjours au Domaine Juliette-Huot, en plus de suivre et de donner différentes formations. «Mais depuis le début de la pandémie, je m’occupe de trois aînés à qui je téléphone régulièrement, pour m’assurer de leur santé physique et de leur santé mentale», explique-t-elle au Courrier du Sud. Trois personnes qui se trouvent dans des situations très différentes, mais qui ont toutes été encore plus isolées au cours des derniers mois. «Même s’ils sont déjà seuls, ils l’ont été encore plus car ils ne sortent pas ou presque plus pour faire leurs courses et ne reçoivent peu ou pas de visites, rappelle Mme Sauvé. En plus, ils sont confrontés seuls à toutes les nouvelles à propos du virus. Ils se retrouvent parfois saturés et une certaine détresse s’installe. On essaie de leur apporter du positif, mais c’est parfois difficile. On voudrait prendre une partie de cette détresse, mais on a comme les mains coupées.»

«Je me sens un peu impuissante présentement. Je voudrais faire plus, mais il faut nous protéger, eux et moi.»

– Diane Sauvé

Entretenir le lien «Parmi les trois aînés dont je m’occupe, il y a un monsieur qui est devenu sourd profond il y a une trentaine d’années, raconte la Longueuilloise. J’allais le voir chez lui avant mais au début de la pandémie, je le contactais grâce à système téléphonique spécial.» Les services de relais sont des services texte-voix qui permettent aux usagers souffrant d’une déficience auditive ou d’un trouble de la parole de faire des appels et d’en recevoir par l’intermédiaire d’un téléphoniste. Grâce à un téléscripteur, soit un téléphone machine à écrire hybride qui transmet des messages textes à un autre téléscripteur, le téléphoniste peut faire le pont entre la personne souffrant d’une déficience et son interlocuteur. «Malgré tout, je trouvais ça ardu, explique Mme Sauvé. J’ai réfléchi et je suis finalement revenue à la bonne vieille correspondance. Comme il habite très près de chez moi, je vais lui porter une lettre chaque mercredi et je reviens chercher sa réponse le dimanche. Je lui ai demandé d’apparaître à la fenêtre ce jour-là, pour que je puisse voir qu’il va bien. Je lui montre que je voudrais le prendre dans mes bras. Même si je ne reste pas longtemps, je sais que ça fait une différence pour lui.» Présence et soutien Diane Sauvé s’occupe également de deux femmes seules, une qui habite dans un CHSLD et l’autre dans un HLM. «Pour la dame qui habite dans un CHSLD, la pandémie n’a pas changé grand-chose à sa réalité car elle ne sort pratiquement pas, explique la bénévole. Je l’appelle et seulement au son de sa voix, je sais si elle est bien ou pas.» «La seconde est une femme qui vit seule depuis très longtemps et qui a eu beaucoup d’épreuves dans la vie. Je l’appelle et je lui rends visite le dimanche; elle a une grande fenêtre par laquelle on peut se voir. Avec le retour du beau temps, on peut se voir dehors, en gardant nos distances.» «Le contact physique lui manque, poursuit Mme Sauvé. Elle me dit souvent: j’aimerais ça te prendre dans mes bras.» Se sentir utile Diane Sauvé ne pourrait envisager de ne pas s’impliquer pour les personnes vulnérables. Celle qui a même sollicité l’aide de son mari pour aller installer des climatiseurs chez certaines personnes âgées isolées veut continuer à leur apporter tout ce qu’elle peut. «Quand je reviens d’une visite, je me sens comme sur un nuage. Vieillir de cette façon-là, c’est merveilleux, c’est se sentir utile», conclut-elle.   Chaîne d’appels et campagne de financement À la fin du mois d’avril, Les Petits Frères ont démarré une chaîne d’appels pour les 75 ans et plus de partout en province. Grâce à ce service, les aînés isolés peuvent recevoir deux appels par semaine de la part d’un bénévole. «Vous vous sentez seul et aimeriez parler avec une personne de confiance? Appelez-nous, nous vous offrons du réconfort, de l'affection et du soutien moral, affirment Les Petits Frères. Ne traversez pas seul cette période difficile.» Rens.: 1 877 805-1955. Puis, en mai, l’organisme a lancé la campagne Contrer l’isolement – Pour l’amour des aînés afin d’amasser des dons pour le Fonds d’urgence COVID-19 pour les personnes aînées isolées. Cette campagne est un appel aux dons afin de permettre aux Petits Frères de maintenir et élargir leur accompagnement auprès des personnes aînées isolées. Pour faire un don: contrerlisolement.ca.   Petites douceurs grâce à Intact Assurance Les Petits Frères ont pu apporter une dose spéciale de réconfort aux aînés isolés dans les derniers jours en leur faisant parvenir de petites douceurs: des repas de poulet ou des fleurs ont été offerts au 1700 Grands Amis à travers la province, une initiative rendue possible grâce à Intact Assurance. «Des initiatives du genre, les aînés adorent ça, se réjouit Diane Sauvé. Ça leur fait réaliser qu’on ne les oublie pas.» Une centaine d’employés d’Intact Assurance collabore avec l’organisme sur une base quotidienne depuis plusieurs semaines afin d’orchestrer cette grande opération de distribution. Les Petits Frères ont également pu compter sur la collaboration de la Fondation St-Hubert et de nombreux fleuristes à travers le Québec, qui ont répondu à l’appel et accepté de contribuer à faire une différence.